Par Mireille Berger. page 2/3

L’HOMME CIVILISE

La frontière est ténue dans les différentes classifications de l’évolution humaine : A quel moment  parle –t-on de  « l’homme civilisé » ?

Si c’est celui qui enterre ses morts, sous des « tumuli », alors  le peuple  CELTE  qui a envahi peu à peu le territoire est l’homme civilisé. Il dresse des dolmens. Il se rassemble pour vivre en groupe.
 C’est  ce lieu  de notre commune actuelle qui est choisi pour devenir l’emplacement du bourg actuel.
Sur ce tumulus - terre surélevée - d’où les Hommes peuvent voir l’ennemi de très loin, nous avons retrouvé des morceaux de poteries,  des fragments de crânes humains, témoignage de la présence d’urnes funéraires

Couvercles d’urnes funéraires trouvées dans l’enceinte du bourg, avec des fragments de crânes humains, lors d’un terrassement.

- Les Celtes introduisent  l’usage de la monnaie et un artisanat très riche.  

La toponymie de Cendrieux est utile pour retrouver des traces des Celtes :

Le lieu-dit : le Treuilh de « ialo » (espace découvert),
Vern : vient de « aulnes »,
Le Pech vient de « sommet »           
Le Caudou vient de « rigole », « cours d’eau »
La Plantade : « Pierre levée » un dolmen disparu aujourd’hui ?

• Les romains se sont installés en Périgord, notamment à Vezunna, qui allait devenir Périgueux. Ils tracèrent de larges routes.  Celle de Bordeaux-lyon passe à Cendrieux, parfaitement rectiligne dans la partie « Mortemart-Cendrieux ».

Deux lieux dits « La Mouthe » et la « Mothe », encadrent cette route, à 1,5 km du bourg, à l’Est ; (Mouthe = tumulus).
Des forges sont exploitées à Cendrieux. La voie romaine permet la circulation du fer coulé sur place (présence de foyers, charbon de bois et cheminée en terre cuite à Testagot, de même l’eau est présente sur place).
A Journiac, à quelques lieues de là, ces forges ont longtemps été exploitées utilisant le fer de la « Ferrassie » à la frontière de Cendrieux-St Avit-Journiac.
Ces forges ont été réputées plus tard au XVII et XVIIIème pour les boulets de canons qu’elles fabriquaient. Ces boulets partaient par bateaux du port du Bugue.
Les ouvriers qui travaillaient à mouler les boulets étaient des « louchers ». (Ils utilisaient une  « louche » pour recueillir le minerai en fusion).

Le bourg de Cendrieux, une « mothe », par sa position, la voie romaine longeant ce lieu, a continué à prospérer pendant ces siècles de « paix antique », jusqu’aux grandes  invasions.

• 400 ans après JC : les wisigoths : venus d’outre Rhin, ils s’installent sur notre territoire : le lieu-dit Testagot vient du germanique : « got » : garnison, comme le nom même de « Sendarius ».

Une pièce de monnaie est retrouvée toujours dans l’enceinte du bourg à l’effigie de CLOVIS.

• 700 ans Après JC, ce sont les arabes qui remontent du sud et sont arrêtés à Poitiers par Charles MARTEL, comme chacun se le rappelle. Nul doute qu’ils passèrent par notre commune !

LE MOYEN AGE

Le début du Christianisme :

• Curieusement, peu d’indices sur la période du Moyen âge. Peu d’écrits, donc peu de témoignages. Cependant on sait qu’à partir des 4ème et 5ème siècle, le Christianisme se répand dans notre région.
•  Mais il  faut attendre les 11ème et 12ème, pour voir apparaître les paroisses et leurs églises.

L’histoire du village et du bourg  de Cendrieux est étroitement liée à celle l’Eglise : c’est autour de cet édifice que s’est groupé le lieu de vie principal de la commune depuis plus d’un millénaire.
 L’évêque de Périgueux, homme d’influence, fait dresser des forteresses sur les terres épiscopales. Celles-ci permettent  une protection contre les envahisseurs, surtout les Normands.
 
         - Par plusieurs vagues successives, en 844, puis 849, venant par les embouchures des fleuves et remontant rivières et cours d’eau, les Normands semèrent la terreur jusqu’à Cendrieux.  Ils incendièrent Paunat et Cadouin.

Cette époque troublée voit également fleurir châteaux ou clochers fortifiés, aussi bien utiles à la défense militaire, qu’à la protection de la population liée au Seigneur de l’endroit.
L’église dans l’enceinte du château est le signe de la ferveur du seigneur pour la religion catholique.
         On trouve des références sur Cendrieux dans les notes du missionnaire MOURCIN, prises au cours de ses voyages en France en 1761. MOURCIN écrit : (je cite) :
« Le Château est presque entièrement détruit. Suivant un vieillard, M. CHANTAL, ce château se serait appelé le château de Barbillon. La tour est carrée, elle parait remonter au 10ème siècle, le clocher du 12ème. L’église était dans l’enceinte du château. » Fin de la citation.

 La bâtisse qui jouxte l’église côté sud, possède bien une tour  dont les murs avec meurtrières sont épais de près de 2 mètres à cet endroit.
La maison  à droite face à  la sortie de l’église, possède également des murs de près de 2 mètres d’épaisseur.

Le fossé qui entourait le château a été remplacé par une route parfaitement circulaire.
A l’entrée EST du bourg, la petite place se nommait d’ailleurs « le fossé », comblé dans les années 50.

L’église, avec sa forme très originale, possède un donjon carré, surmonté de créneaux, ce qui prouve son rôle défensif.
Un escalier à quart tournant, pratiqué dans l’épaisseur du mur, permet l’accès à la plateforme de ce donjon clocher.
Un souterrain, dont l’entrée a été murée, derrière l’autel à gauche, permet à la population de se réfugier dans la bâtisse en cas de danger.
 Le Seigneur a droit sur les serfs qui travaillent ses terres, mais en contrepartie, il leur doit protection.

L’église, sous la protection de St Jean-Baptiste, possède sur son parvis un bas-relief qui représente un pèlerin portant un bâton, ou un guerrier templier muni d’une épée. Une croix de l’ordre de Malte, non conservée lors de la récente restauration de l’édifice, était sculptée dans l’une des pierres du parvis.
Un lieu-dit « le Mongeat » du mot « moine », est  le refuge de ces hommes sur la route des pèlerinages.

Jusqu’à  la fin de la guerre contre les anglais à Castillon en 1440, Cendrieux - rattachée aux Seigneurs de LIMEUIL -  passe du camp français au camp anglais, au gré de leurs alliances.
Pendant cette période agitée, une partie de la façade extérieure Nord de la nef  subit un feu violent, ce qui a fait rougir ses pierres.

Deux vagues successives d’épidémie de peste déciment la région, réduisant à un quart la population. Les campagnes sont dévastées et abandonnées. Les noms en « ie » indiquent les zones devenues des friches : la « Siguenie », la « Barbanchie » etc …Les habitants qui ont résisté à la maladie quittent la région : A Périgueux, on retrouve deux familles appelées « Sendrieux » au XIV ème. Le lieu-dit  « l’espital de la Malaudaria » disparu aujourd’hui devait être un lieu où on soignait ces malades de la peste.

  page 2/3. SUITE page 3