
Au cours du mois de novembre, tous les jours sauf les dimanches,
sera publié un article.
Un article écrit chaque jour par une personne différente,
sur un ancêtre de Dordogne pendant la guerre 14-18.
De A à Z, 2025, est la neuvième participation de l'amicale Genea24.
Aujourd'hui la lettre : S
Accueil Blog lettre précédente
|
SAVY Etienne, Albert(1893 – 1976)Par Hervé SAVY. |
« A participé à un coup de main au cours duquel, après avoir franchi deux réseaux [de barbelés], il est entré dans la tranchée ennemie, y a combattu corps à corps et a ramené des prisonniers » - Citation à l’ordre de l’infanterie divisionnaire du 6 novembre 1917.
Cet acte de bravoure se produit probablement, dans les environs de Suippes (Marne), le 12 septembre 1917, où un « coup de main » est organisé par le 108ème régiment d’infanterie afin d’identifier des travaux préparatoires à l’émission de gaz dans les tranchées allemandes, et également de ramener des prisonniers pour les interroger sur les intentions de l’ennemi en matière d’usage de gaz.
« Sergent d’un sang-froid remarquable, pendant le combat du 15 juillet [1918], n’a cessé d’encourager se hommes par son exemple. Sur le point d’être fait prisonnier, a opposé une résistance acharnée et a réussi à se dégager ». – Cité à l’ordre de la Brigade, le 4 septembre 1918.
Le 273ème régiment d’infanterie fait face ce 15 juillet à un bombardement d’une violence inhabituelle à La Bourdonnerie, commune de Dormans (Marne). L’ennemi tente de franchir la Marne. 1 200 soldats du régiment sont tués.
Ce sont les deux citations du sergent Albert Savy, telles qu’elles figurent sur sa fiche matricule.
![]() |
|
Etienne Albert Savy est né le 17 novembre 1893, rue Pélissière à Bergerac, en face de l’Église Saint-Jacques. Il est le fils d’Augusta, Herminie Savy, journalière, et d’un père inconnu, un ouvrier boulanger selon la parole familiale. Son prénom usuel est Albert, et son premier prénom officiel, Etienne, celui de tous les hommes de la famille Savy, de génération en génération depuis le XVIIème siècle.
La famille est originaire de Cahuzac puis Castillonnès, en Lot et Garonne, avant que les grands-parents d’Albert ne migrent à Bergerac. Il reçoit une éducation primaire « chez les Frères » (des écoles chrétiennes) à Bergerac, fréquente le patronage « L’élan », et participe à des spectacles théâtraux de fin d’année.
D’une taille de 1,73 m, il est roux comme sa mère. Membre de la classe 1913, il est incorporé au 108ème régiment d’Infanterie de Bergerac le 26 novembre de cette année-là. Déjà sous les drapeaux à la mobilisation générale, le 1er août 1914, il y demeure pendant l’ensemble du conflit. Du 108ème, il passe au 273ème régiment d’infanterie le 4 février 1918, puis au 33ème régiment d’infanterie sans doute dès fin 1918, mais formellement le 1er août 1919, avant d’être démobilisé au 108ème, à Bergerac, le 5 septembre 1919.
Nommé le caporal le 1er avril 1914, il est promu sergent le 16 mai 1915, jusqu’à sa démobilisation. Il est ensuite réserviste de l’armée active au 108ème régiment d’infanterie puis au 50ème, « affecté spécial » à la Poudrerie de Bergerac, enfin à mairie de Bergerac début 1940, avant d’être placé « en domicile », relevant de la subdivision de Tours le 14 avril 1940.
|
|
Il est blessé dès le 26 septembre 1915 par un éclat d’obus, qui lui occasionne de multiples plaies à la tête, à Neuville Saint Vaast (Pas de Calais), au cours de la troisième bataille d’Artois, dans le Labyrinthe [réseau de tranchées].
L’armée française perd environ 978 officiers et 35 758 hommes de troupe entre le 25 et le 30 septembre. Albert part en convalescence pendant plusieurs mois à l’Abbaye de Royaumont (Seine et Oise, aujourd’hui Val d’Oise), transformée en hôpital militaire tenu par des femmes médecins, infirmières, etc. écossaises. Il garde de cette blessure, toute sa vie, la nuque littéralement « truffée » d’éclats d’obus, qui ressortent encore 60 ans après !
Après un bref passage par l’arrière, il revient au front, où il est intoxiqué par des gaz le 28 août 1918, possiblement du côté de Seppois (Haut-Rhin). Deux mois plus tard, il est sur pieds, et retourne au combat jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918. Mais ce n’est pas tout à fait fini, puisqu’il n’est libéré que le 29 août 1919.
|
Mais, dès le 5 juin 1919, il se marie en uniforme militaire, à Sarrazac (Dordogne), avec Marcelle, Ida Audy, sa marraine de guerre, qui est y est institutrice. C’est sa première affectation, en 1914, après ses études à l’École normale de jeunes filles, place Hoche à Périgueux. Marcelle est née à Ussel (Corrèze), où la carrière de son père, employé à la Compagnie du Paris – Orléans (« le PO ») a brièvement conduit la famille. Ce père, Pierre, est décédé peu avant, en son domicile, 25 rue de Puy Rousseau à Périgueux, le 2 novembre 1918, de la grippe espagnole, juste après avoir demandé à ceux qui le veillaient : « Mais que fait donc Guillaume ? ». |
Les époux s’installent d’abord à Saint Laurent des Vignes, où Marcelle est institutrice, avant de déménager à Bergerac, rue Clairat, à la suite de sa mutation à l’école Romain – Rolland.
Ils font rapidement construire leur villa « La Guyverette », rue Alfred de Musset, près du petit séminaire, où ils vivent jusqu’à leur décès. Albert est devenu dès la fin de la guerre expéditionnaire, puis rédacteur et enfin secrétaire à la mairie de Bergerac, où il fait toute sa carrière.
A Saint Laurent des Vignes sont nés leurs deux enfants, Pierre, Éric, Guy Savy en 1920, qui devient professeur d’éducation physique et sportive, mon père, et Marie - Louis, Yves, Savy, dessinateur à la SNCF. Pour la naissance d’Yves, Marcelle va seule, Albert étant au travail à la mairie de la sous-préfecture, à vélo accoucher à Bergerac, aux premières contractions, soit 20 km...
Marcelle décède à son domicile à Bergerac le 15 novembre 1973, et Albert le 8 mars 1976. Décoré de la médaille de la Victoire, de la médaille Commémorative, de la médaille Militaire, il est élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur le 7 février 1973. Marcelle et Albert étaient mes grands-parents.

Courriel |
|