Ils sont du Nord : Delbru   Par Michèle POINTEAU-MARY.

De génération en génération
On y naît, on y vit, on y travaille, on s'y marie, on y a des enfants et on y décède. Il en est souvent ainsi dans les campagnes, au 19ème siècle. La famille DELBRU est établie depuis longtemps à Nadaillac, dans le Bourg, dans le département de la Dordogne, en Périgord Noir. Certes, les membres se déplacent dans le village, au fil des années, selon les opportunités. On agrémente également les logements selon les ressources.

Michèle POINTEAU-MARY
Epouse de Christophe MARY, arrière-petit-fils de Louis

1 - Naissance :

Jean DELBRU, né le jeudi 27 janvier 1859 à Nadaillac(AD 24 – NADAILLAC – 1859 – 5 E 296/8 – vue 2/13), au Bourg donc, est baptisé dans l’église Saint-Denis (photo ci-contre). Ce sera plutôt Louis, son prénom usuel. Il est le fils légitime de Jean DELBRU dit Antoine, âgé de 27 ans, propriétaire cultivateur mais aussi charbonnier en 1876, et de Marie DELPY, âgée de 23 ans, fille de service, à son mariage, puis cultivatrice.     Louis grandit donc à Nadaillac, entouré de quatre frères : Louis dit Jean, Ludovic dit David, Firmin dit Justin et David dit Henri ! et d’une sœur, Louise.

       Il est l’aîné de la fratrie, une sœur n’ayant pas survécu en 1857, avant sa naissance. 18 ans séparent Louis de son petit frère Henri. Louis sera scolarisé à Nadaillac et obtiendra un degré d’éducation générale de niveau 3 comme en atteste sa fiche matricule (AD 24 – BERGERAC – 1879 – 02R0700 – vue 324/524 – Matricule 317).

Il deviendra un bel homme mesurant 1m 63, aux cheveux et aux sourcils noirs, avec des yeux gris. En 1879, c’est la conscription.  Pas de dispense malgré son statut d’aîné dans une famille nombreuse. Il est donc incorporé au 12ème escadron du Train des Equipages Militaires, stationné à Limoges. Il exerce alors la profession de charpentier. Mais à l’issue de sa formation militaire, en août 1884, il rentrera à Nadaillac et y travaillera en tant que cultivateur.

2 – Mariage.

       Quelques mois plus tard, âgé de 27 ans, après avoir conclu un contrat de mariage le 5 décembre 1885 à Salignac (Dordogne) chez Maître DELMAS, il s’unit, le 13 janvier 1886, à Jayac (Dordogne), à Marie JOFFRE dite Maria, sans profession, de 9 ans sa cadette, fille de cultivateurs à La Gibertie. Sont témoins : Pierre SUDREAU, instituteur public, Pierre LAVAL, aubergiste, Antoine POMAREL, sacristain et Pierre LACOSTE, forgeron, non membres de la famille. Ils signent avec les mariés et le père de la mariée, les autres parties présentes déclarant ne savoir. Maria s’installe dans la maison familiale, à Nadaillac, comme le précise le recensement de 1886. David (19 ans), Justin (16 ans) et Henri (8 ans) y demeurent, Jean est marié depuis le 18 octobre 1885 à Grèzes et Louise depuis le 7 janvier 1877 à Nadaillac. Les parents sont respectivement âgés de 60 ans et de 55 ans.

3 – Vie familiale.

Au fil des générations, les habitants entretiennent et améliorent la demeure ; d’après la légende familiale, les années favorables à la récolte des truffes auraient également contribué à financer ces travaux. Sa finition actuelle daterait de 1885 (date figurant sur le fronton de la maison et qui correspond à l’année de mariage de Louis et de Maria) et une citerne (cf. photo ci-contre) sera creusée en 1887, l’année de la naissance d’Antoine dit Auguste.     Ce premier enfant verra le jour le 9 juillet 1887 puis, 9 ans plus tard, le 26 septembre 1896, ce sera une fille, Marie-Madeleine, dite Madeleine. Ces naissances modifient la composition familiale qui demeurait la même en 1891 qu’en 1886.

       Elle évolue ensuite avec le décès du frère de Louis, Jean, en 1894 à l’âge de 29 ans, laissant 2 enfants en bas âge, et avec les mariages de David en 1892 à Eyvigues-et-Eybènes, et celui d’Henri en 1902 à Paris. Ce dernier ne figure plus sur le recensement de 1901, peut-être est-il déjà parti vivre à Paris ? Il y travaille en 1907 aux magasins de la Samaritaine puis comme employé au Gaz en 1925. En revanche, la famille emploie alors un domestique, Jean CHASSEING.

       En peu de temps, Louis perd de nouveau trois membres de la famille : son frère Justin, en 1904 à l’âge de 34 ans, son père Antoine le 27 janvier 1907, en son domicile, puis sa mère, Marie, le 28 novembre 1909 ; Louis est alors âgé de 50 ans.

À la suite du décès de son mari, par acte de cession de droits successifs en date du 20 août 1907, enregistré le 3 septembre 1907 à Salignac, en l’étude de Maître LAVAL à Borrèze, Marie DELPY fait donation de ses biens mobiliers et immobiliers à ses enfants et petits-enfants. Maison familiale de Nadaillac.

       En meubles : 4 lits complets, 1 pendule, 1 table et 10 chaises, 12 draps de lit, 12 serviettes, 2 chaudrons, 1 blutoir, 2 pots et 1 tourtière en fonte, 1 pétrin en bois, 2 armoires, de la vaisselle. Les immeubles consistent en bâtiments d’habitation et d’exploitation, terres labourables, bois, prés, truffières et friches. Les meubles réputés immeubles par destination consistent en 1 paire de vaches, 1 cheval, 25 brebis, 1 chèvre, 1 cochon, 2 charrettes et des outils aratoires. On y apprend également que la donatrice a l’intention de vivre et d’habiter avec son fils, Louis DELBRU.

       Tout est précisé : « Durant cette cohabitation, ce dernier sera tenu de la loger, de la nourrir, de l’éclairer, de l’entretenir et de la soigner. […] Il devra également lui verser tous les ans une somme de 150 francs pour ses menus plaisirs. […] Les donataires devront lui laisser la jouissance de l’appartement qui se trouve au rez-de-chaussée de la maison de Nadaillac, à droite en entrant, en face de la cuisine ; cet appartement devra être approprié par les donataires, de façon à le rendre habitable ; une cheminée devra y être établie, ainsi qu’une porte d’entrée à la place de la fenêtre existante. La donatrice aura son passage dans la cour ; et elle aura aussi la jouissance d’une étable au choix des donataires, où elle pourra retirer son bois. Enfin, les donataires devront faire cesser l’indivision qui existe entre eux. » C’est donc à cette date que Louis devient propriétaire de la maison. Sont alors témoins : Jules RESSES, tailleur d'habits et Charles DELBOS, limonadier, demeurant tous deux à Nadaillac. Comme pour son mariage, les témoins choisis sont des figures du village et non des membres de la famille.

       Le conflit de 1914-1918 éloigne Auguste, le fils, de sa famille pendant 4 ans, mais à son retour, il reprend l’exploitation familiale avec en poche son certificat d’études primaires daté du 7 juillet 1899, à Nadaillac, et un diplôme obtenu à l’issue de 4 années d’études primaires supérieures à vocation professionnelle poursuivies à Excideuil de 1900 à 1904. Il se mariera le 18 juin 1923 à Nadaillac. Quant à sa sœur Madeleine, elle s’est mariée le 28 avril 1922 à Nadaillac également, après le décès de Maria, le 25 avril 1921. Louis est alors âgé de 62 ans, leur union aura duré 35 ans.

4 – Décès.

       Jean Louis DELBRU décède le mercredi 16 novembre 1927, à l'âge de 68 ans, à Nadaillac. Avant son frère Henri, en 1932, à 55 ans, ses sœur et frère Louise et David en 1943, âgés respectivement de 82 et 76 ans. Une longévité très inégale dans cette fratrie.

       La boucle est bouclée… naissance à Nadaillac, vie à Nadaillac, décès à Nadaillac. Le jeune frère, Henri, marié à Paris, serait-il l’un des précurseurs de la famille DELBRU parti vivre à la Capitale ?
       Les petits-enfants de Louis feront des choix de vie professionnelle qui les mèneront vers la ville (Brive, Paris et même l’étranger), mais cette maison restera très appréciée pour les vacances…

      

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