Challenge AZ de novembre 2020.
26 lieux, outils & personnages de Dordogne-Périgord.
GENEA24. Généalogie Dordogne-Périgord. Entraide & partage.
Bulletin de l’association « Amicale Genea24 ».
Numéro Hors-série11 bis – mars 2021.
ISSN 2676 0912
2 - Lou Péri Doc Challenge AZ 2019.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 3
Amicale GENEA24.
Editorial.
L’amicale a participé en novembre 2020 à son quatrième challenge AZ. Le
but étant de proposer tous les jours un article dont le titre doit correspondre à
une lettre de l’alphabet. Le thème retenu : Un lieu, un personnage, un outil ou
une histoire de Dordogne-Périgord.
Sur le plan national, 77 participants, pour se retrouver à 69 pour les
difficiles dernières lettres.
L’amicale genea24, comme les autres années a tenu la distance, avec 13
personnes pour réaliser l’alphabet complet.
CHALLENGE RÉUSSI.
Un grand coup de chapeau à ceux et celles qui ont osé.
Citons, pour leur première expérience :
Sabrina Plessis
, auteur de la première lettre et de la
dernière qui est une pure fiction,
Katy Delarue Fruchou, Valérie
Tamen-Grenaille.
Ainsi que Sophie Baylet et Marie Beleyme qui nous ont donné matière à faire une lettre.
Et rendez-vous l’an prochain.
Jean-Louis FILET.
4 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Bulletin généalogie et histoire de Dordogne-Périgord, entraide et partage.
Association « Amicale Genea24 » fondée en 2014. Siège social : Bergerac 24100.
Site Internet : www.genea24.fr Mail : contact@genea24.fr
Numéro hors-série, complémentaire du numéro 11.
Directeur de la publication : Lionel Filet.
Rédacteur en chef : Jean-Louis Filet (4 lettres).
Ont collaboré à ce numéro : Mireille Berger (2 lettres), Geneviève
Coulaud (4 lettres), Kathy Delarue-Fruchou, Bernadette Fondriest (2
lettres), Maryse Grenier (2 lettres), Jean-Pierre Meynard, Annie Alice
Mounier, Sabrina Plessis (2 lettres), Michèle Pointeau-Mary (2 lettres),
Huguette Simon-Labrousse, Valérie Tamen-Grenaille, Françoise
Villechenoux (3 lettres).
Crédits photos : Auteurs des articles, Archives départementales de
la Dordogne. Sébastien Chaminade, Hélène Sénillon, Site Bnf
Gallica, Wikipédia. Dessin : Didier Eymet.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 5
Table des matières
Abandonné au tour. ........................................................................................................................ 6
Baylet au Meynieux de Saint-Pancrace. ............................................................................................. 8
Chabrol. ....................................................................................................................................... 12
Départ pour l’Argentine. ............................................................................................................... 14
« E » comme Encre ....................................................................................................................... 18
Fontaine de la Fée. ........................................................................................................................ 21
Gabares et autres bateaux. ............................................................................................................. 23
Hoyau, l’arme du crime. ................................................................................................................ 27
Insomnie, histoire pour dormir. ..................................................................................................... 30
Joséphine Baker et la Dordogne. .................................................................................................... 32
Kaolin de mon enfance. ................................................................................................................ 36
Ligne de démarcation. ................................................................................................................. 38
Mammouths, la grotte des cents. .................................................................................................... 41
Nousillou...................................................................................................................................... 43
Ordre des Templiers à Sergeac. ...................................................................................................... 46
Proumeyssac. ................................................................................................................................ 49
Quoi ? Qui ? … ........................................................................................................................... 52
Reignac, la Maison forte à Tursac. .................................................................................................. 57
Suppert Delbru. ............................................................................................................................ 59
Tramail. ........................................................................................................................................ 63
Ustensiles du temps jadis. .............................................................................................................. 65
Vendanges mortelles. .................................................................................................................... 69
Wlgrin de Taillefer Henri-François-Athanase. ................................................................................. 71
X, la croix hosannière. ................................................................................................................... 74
Yves Guéna et la Dordogne. .......................................................................................................... 76
Z, l’étranger assassiné. ................................................................................................................... 78
6 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Abandonné au tour.
Par Sabrina PLESSIS.
Les tours d'hospices, aussi appelés
« boîtes à bébés », apparaissent en France vers
1638, et sont légalisés par décret impérial le 19
janvier 1811, date à laquelle ils se développent
un peu partout sur le territoire pour atteindre à
leur apogée le nombre de 251, et seront abolis
en 1904. Ils ont pour but de permettre aux
parents ne pouvant garder leur enfant de les
confier avec plus de sécurité, car avant cela, ils
étaient souvent abandonnés aux abords des
églises, et le taux de mortalité par manque de
soins, notamment d’hypothermie, était très
élevé.
La misère de la population, tant économique que sociale, transparaît au
travers des chiffres. Ainsi, à Périgueux sur l’année 1840, 588 actes de
« naissances » sont enregistrés dont 315 enfants abandonnés au tour de l’hospice
ou plutôt dits « trouvés dans la boîte » ! La majorité sont des nouveaux nés, mais
on trouve aussi quelques enfants plus âgés pouvant aller jusqu’à 10 ans, 155
garçons et 160 filles pour cette année 1840.
L'hospice leur attribue un numéro, puis une personne dudit hospice les
présente à l’officier d’état civil (en 1840 la personne présentant les enfants se
nomme Catherine Laborde âgée de 44ans) qui les enregistre sous un prénom et
un nom quil invente, après avoir inscrit une description précise de la façon dont
est vêtu l’enfant et d’éventuelles marques permettant aux parents qui viendraient
à le réclamer de pouvoir l’identifier.
Cette année 1840, fut abandonné au tour de l’hospice de Périgueux mon
arrière-arrière-arrière-grand-père Joseph Soual.
Voici son histoire :
Hospice de Périgueux le 26 avril 1840, il est 19h quand la cloche retentit,
un nouveau-né vient donc d’être déposé dans le tour. Pourquoi ? Qui sont ses
parents ?
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 7
Tant de questions qu’il a se poser toute sa vie, et que moi son arrière-
arrière-arrière-petite-fille je me pose encore 180 ans plus tard ! Questions
auxquelles personne ne peut répondre malheureusement, mais on peut juste
émettre des suppositions : parents très pauvres ayant déjà trop de bouches à
nourrir, enfant illégitime, ou ruse. En effet à cette époque certaines femmes
confiaient leur enfant à l’hospice et venaient ensuite se proposer comme
nourrice, ainsi elle élevait leur propre enfant contre un revenu !
Je n’ose imaginer la tristesse et la douleur de cette mère au moment de
laisser son enfant pour le plus souvent ne jamais le revoir ! Mais ses parents
espéraient sûrement lui offrir une vie meilleure, et si leur situation s’améliorait
pouvoir le cupérer. On avait pris soin de vêtir ce petit être « d’une chemise de
calicot garnie de tulle, d’un bourassou, d’un serre braco brun, et d’un bonnet
garni de tulle, portant un morceau de ruban jaune et un papier ».
L’officier d’état civil après avoir noté tous ces détails dans l’acte numéro
189 de cette année 1840, lui attribua le prénom de Joseph et le nom de Soual.
Comment choisit-il ce nom, celui d’un village situé en Occitanie dans le Tarn, se
trouvant sur la route du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle, encore une
fois pas de réponse, au moins il eut la bonté de ne pas l'affubler d’un sobriquet
ridicule comme c’était parfois le cas. Joseph fut baptisé le lendemain à Périgueux,
puis on le confia à une nourrice : Françoise Mazaud 20 ans (qui est aussi la sœur
d’une autre de mes ancêtres) et son époux Jean Besson, jeunes mariés dont les
noces avaient été célébrées le 29 septembre 1839 à Milhac-d'Auberoche, village
situé dans le Périgord noir à 17 kilomètres de Périgueux, où ils vont accueillir le
petit Joseph. Resta-t-il chez ce couple toute son enfance ? Encore une fois pas
de réponse, mais il resta dans ce village toute sa vie. Il s'y maria le 30 août 1862
avec une fille du pays qui allait devenir mon arrière-arrière-arrière-grand-mère
Marguerite Chiorozas. Ils devinrent cultivateurs, et auront 4 enfants : Marguerite,
Jeanne, Bertrand et Marguerite.
Cet enfant abandonné au tour de l'hospice de Périgueux, ce 26 avril 1840 est donc le premier
d’une longue lignée de Soual, et j’aime à imaginer qu’il eut une vie riche en amour et en joie
pour combler ce vide et cette tristesse laissés par l’abandon.
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8 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Baylet au Meynieux de Saint-Pancrace.
Par Sophie BAYLET et Geneviève COULAUD.
Saint-Pancrace est une toute petite commune au nord du département de
la Dordogne, au cœur du Périgord Vert, entre Brantôme et Nontron.
Les premiers recensements effectués en 1793 évaluent le nombre de la
population à 299 personnes. En 1800, il n’y a plus que 181 habitants.
Les Baylé ont vécu sur plusieurs générations, au Meynieux, berceau de la
famille, au moins du début de la tenue des registres paroissiaux dans la commune
jusqu’au début du XIXe siècle.
Le Meynieux est un petit hameau au nord du village de Saint-Pancrace,
regroupant aujourd’hui moins d’une dizaine de maisons.
L’ancêtre le plus lointain à ce jour identifié dans ce village est Tibaud
Baylé. Le patriarche, né sous le règne de Louis XIV meurt en 1774 à l’âge de 80
ans sous le règne de Louis XVI. Les Baylé sont déjà nombreux à Saint-Pancrace
en ce temps-là.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 9
Les registres ayant été
tenus dans la commune à partir
de 1646, j’ai pu constater que
plusieurs familles sont déjà
présentes.
Eglise de saint-Pancrace.
Thibaud
Il est aux alentours de 1694 à Saint-Pancrace et meurt à l’âge de 80 ans
le 22 décembre 1774 :
« Le vingt-trois décembre mille sept cent soixante-quatorze a été enterré dans le cimetière de la
paroisse Thibault Bayle mort hier au village du Meynieux, présente paroisse, après avoir reçu
les sacrements, âd’environ 80 ans. Témoins Jean Amblart et Mathieu Dumas qui n’ont su
signer de ce par moi interpellé. »
Il s’était marié en 1720 avec Sicarie Dumas (1702-1782), également
originaire du Meynieux, fille de Sicarie Dumas et Jeanne Allari. Thibaud était
journalier et métayer. Ils ont ensemble au moins 9 enfants, tous nés au Meynieux
:
-Pierre, le fils aîné (1722-<1784), qui s’est marié avec Paule Lagarde et
qui aura avec elle au moins 4 enfants, dont encore un petit Pierre ;
-Martial, le cadet, mon ancêtre (1724-1875), qui se marie avec Marie
Blois ;
-Jean (1724), frère jumeau de Martial, mais qui décédera trois semaines
après sa naissance ;
-François (1727) ;
-Jeanne (1733) ;
-Nicolas (1735-1807) qui deviendra tisserand et qui se mariera à
Brantôme avec Jeanne Nicolas ;
-Marie (1738) ;
-Marie (1744).
10 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Martial
Le fils cadet de Thibaud, est « Marthial » le 23 septembre 1754 au
Meynieux à Saint Pancrace.
Le vingt et quatrième sept a été baptisé Marthial Baylé né d’un jour, fils à Thibaud et a Sicari
Dumas du village du Meynieux présente paroisse, a été parrain Martial Barriere du village de
la Plaine paroisse de Cantillac et a été marraine Marguerite Bayle du village de Convive
paroisse de Saint Angel en présence de Jean Baylé marguillier de Lamrand laboureur du
présent bourg par moi.
Martial est décédé à 60 ans le 22 août 1785 dans la commune il est
et a vécu toute sa vie. « Ce vingt-trois août mille sept cent quatre-vingt-cinq a été
inhumé dans le cimetière de la présente paroisse Matial Baylé décé le jour
précédent au village du Meynieu après avoir reçu les sacrements nécessaires au
salut âgé de soixante-cinq ans, présent Guillaume Fougere Pierre Ambard qui
n’ont su signer de ce enquis. »
Il est journalier et métayer. Il se marie en 1748 avec Marie BLOIS (1731-
1760), originaire de Champagnac-de-Belair, la commune d’à-côté.
Le six de février mille sept cent quarante-huit après les fiançailles et la publication des bans de
mariage entre Matial Baylé du village du Meynieux présente paroisse et Marie Blois du village
de Fialarge paroisse de Champagnac faite dans cette église et dans celle de Champagnac
pendant trois divers jours de dimanche ou de fête sans avoir découvert aucun empêchement civil
ni canonique et les deux parties s’étant disposés au sacrement de mariage par la réception de
ceux de pénitence et d’eucharistie vu le certificat de monsieur l’archiprêtre de Champagnac, je
soussigné leur ai donné la bénédiction nuptiale en présence de Jacques Comte marguillier
d’Étienne Léonard et de Jerôme Martino du présent bourg.
Marie, son épouse, mourra prématurément en 1760, à l’âge de 30 ans, ce
qui me fera penser, dans un premier temps, que peut-être elle était décédée des
suites de couches mais n’ayant pas trouvé d’acte de naissance dans les jours qui
suivaient, j’ai dû me résoudre à un décès soudain, une maladie ou un accident…
Nicolas (1785-1804) qui sera cultivateur et qui se mariera avec
Marguerite Laborde ;
Léornard (1788) ;
Jeanne (1798).
A son mariage, Thibaud exerce la profession de journalier. Je perds sa
trace et celle d’Anne après la naissance de Jeanne. Sans doute ont-ils quitté le
Meynieux, ce lieu peu labourable l’on vit chichement, sans terres et sans
avenir.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 11
Nicolas
Il est le 1er juillet 1785 au Meynieux, dernier de la famille à être en
ces terres mémorielles de Saint-Pancrace le faible nombre d’habitants a
permis aux curés de conserver le patronyme Baylé intact et à l’abri des variantes
orthographiques.
Ce second juillet mil sept cents quatre-vingt-cinq a été baptisé Nicolas, fils naturel et légitime de
Thibaud Baylé journalier et de Anne Jaraud conjointe le jour précédant au village du
Meynieux, ont été parrain Nicolas Baylé, oncle du baptisé et Léonarde Roche, grand-mère, qui
n’ont su signer cet enquis.
En 1804, Nicolas a déjà quitté Le Meynieux. Il réside à Champagnac-de-
Belair, commune limitrophe de Saint-Pancrace, peut-être avec ses parents pour
lesquels je n’ai d’ailleurs pas retrouvé les actes de décès. Il est cultivateur comme
ses aïeuls.
Il se marie le 20 avril 1804 à Château-l’Evêque avec Marguerite Laborde
qui sera parfois appelée Catherine (1779-1865). Marguerite est de Boschaud, une
commune située à une vingtaine de kilomètres de Champagnac, ce qui témoigne
de la mobilité naissante des familles.
Du 20ème jour du mois de germinal l’an 12 de la république Française. Acte de mariage de
Nicolas Bayle âgé de 18 ans,à St Pancrase département de la Dordogne le deux du mois de
juillet 1785, profession de cultivateur, demeurant à Champagnac département de la Dordogne,
fils légitime de Thibeau Baille demeurant à Champagnac département de la Dordogne et de
Anne Jarau comparant ledit Thibeau Baille père présent et autorisant ledit Bayle son fils. Et
de Marguerite Laborde, âgée de 24 ans, née à Boschaud département de la Dordogne, le 28 du
mois de décembre 1779, demeurant à Boschaud département de la Dordogne, fille légitime de
Pierre Laborde, demeurant à Boschaud département de la Dordogne et de Françoise Boyer,
comparant le dit Pierre Laborde présent et autorisant ladite Laborde sa fille.
Sur cet acte de mariage en 1804, Nicolas a perdu son accent. Il est devenu
un Bayle. Son père Thibaud, présent, a gagné deux ailes et s’est vu désigner
Thibeau Baille, il décède le 5 juillet 1855 à l’hospice de Brantôme (photo ci-dessous).
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12 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Chabrol.
Par Maryse GRENIER.
« Faire Chabrot », ou «
Chabrol
» en occitan, est une coutume de la moitié
sud de la France.
« Faire Chabrol » : une tradition des repas de fête qui se perpétue encore de
nos jours : cette coutume révèle l’authentique périgourdin et c’est aussi un art de
vivre.
Pratiquée au XIXe siècle dans tout le Périgord, le Chabrol représentait,
pour Eugène Le Roy, un critère d’identification régionale.
Quelle que soit la recette du bouillon, les Périgourdins « faisaient Chabrol »
en versant, juste avant de terminer leur potage, un vin de pays, (et par question
d’économie, c’était de la « piquette »), dans le fond d’une assiette dite « calotte », aux
bords bien droits, et en buvant ce mélange à même le cipient. « Le bon niveau est
atteint lorsque le dos de la cuillère retournée dans l’assiette, n’émerge plus du vin : ça requinque,
aide à digérer et ça donne de l’appétit pour la suite du repas ».
L’assiette, encore chaude, met le breuvage à bonne température et le rend
capiteux. La chaleur du bouillon développe l’arôme du vin.
Les meilleurs « Chabrols » sont faits dans la soupe de fèves, la soupe à
l’oignon, le bouillon de poule, le pot-au-feu ou soupe fricassée agrémentée d’un
bon morceau de viande.
D’où vient ce mot ??
Certains disent de « chèvre »,
parce que les moustaches du buveur se
chargent de liquide comme les barbes
de la chèvre. D’autres prétendent
qu’un bœuf chabrot, a les cornes
disposées comme les bras de l’homme
qui soulève l’assiette à sa bouche.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 13
Quoi qu’il en soit, le chabrol tient dans la vie périgourdine, une place
capitale… « Peu de marchés qui n’étaient conclus par un chabrol « !
On lui attribuait des vertus thérapeutiques : tonique, fortifiant, revigorant…« Un
bon chabrol, vaut 40 sous volés au médecin ». On lui accorde aussi la faculté de délasser
les personnes qui sont très fatiguées par suite d’un travail harassant ou une
longue marche. « Faire chabrol », « faire chabrot », « boire à chabrot » ... autant
d’expressions pour définir le fait de rajouter du vin à la fin de sa soupe.
En Périgord, on dit « fa chabrou ».
Cette pratique s’est néralisée à toutes les classes sociales périgourdines
au cours du 19e siècle. Toutefois réprouvée par les bonnes urs de la table, à
cause du bruit inhérent à la façon de boire. « Les jeunes générations, plus raffinées,
sorties de leur village, ont laissé tomber cette coutume. Il faut dire que cette pratique était
réservée exclusivement aux hommes, aux manières bien souvent rustres et peu délicates »
Monestier, une des figures de la Félibrige en Périgord disait : » Sans
chabrol, il n’y a pas d’homme !! ». Seules les femmes qui venaient d’accoucher ou qui
allaitaient, pouvaient prétendre au chabrol quotidien ; et pour les adolescents, le
1er chabrol avait valeur de rite initiatique ouvrant sur le monde des adultes.
En 1834, le nouveau préfet de la Dordogne, Auguste Romieu
commande une grande enquête statistique, portant sur la société périgourdine et
qui sera réalisée par Cyprien Brard : Il en ressort, en gros, que ce sont les
agriculteurs qui « font chabrol » ; mais dans le canton de Monpazier, l’usage est
répandu dans les meilleures sociétés, et les dames en donnent l’exemple. Ce qui
n’est pas le cas dans le reste du département.
La pratique du chabrol est bien ancrée, surtout dans les arrondissements
la vigne est présente. Une académie a même été créée afin de promouvoir
cette antique coutume. L’Académie du Chabrol avance une explication plus
séduisante sur l’origine du mot :
« En 1580, Montaigne fuit l’épidémie de peste, et se réfugie chez les
Chabrot. Dans cette maison, on sert du vin après la soupe, dans le reste du
bouillon, une habitude censée repousser les maladies. Ce geste marquera
Montaigne qui, désormais, boira du vin après la soupe en faisant…
Comme le
père Chabrot
»
L’amicale genea24 à table. 
14 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Départ pour l’Argentine.
Par Michèle POINTEAU-MARY
La légende familiale raconte que des membres de la famille de ma belle-
mère, originaire de Nadaillac, département de la Dordogne, étaient partis en
Argentine, à la fin du XIXe siècle. Ils auraient effectué le voyage en bateau,
accompagnés de leurs enfants. J’ai donc cherché à en savoir plus sur les départs
des périgordins vers les terres inconnues, à travers des articles, des
documentaires mais aussi un merveilleux roman de Roger Béteille, Les
défricheurs de nouveaux mondes ! Des extraits de ce roman illustrent ma
synthèse.
Durant la première moitié du XIXe siècle, le département de la Dordogne
connaît une forte explosion démographique qui atteint son apogée en 1851. Les
populations manquent de ressources, les familles pauvres et nombreuses se
scindent, abandonnant les terres à des frères et sœurs. D’autre part, le
développement du chemin de fer de 1856 à 1881 permet une ouverture du
département vers l’extérieur. En conséquence, de 1851 à 1921, l’Aquitaine subit
une forte baisse démographique. À cela s’ajoutent les ravages causés par le
phylloxéra. En 1868, le vignoble périgourdin est dévasté. Les surfaces cultivées
passent de 107 000 à 21 800 hectares. Il convient alors d’arracher tous les plants
contaminés pour laisser place aux seuls murets en pierres sèches qui délimitait
autrefois les parcelles…
Dans le roman, le héros décrit cette crise :
Le vigneron haletait. Des sillons de sueur se formaient
à ses tempes. Son regard, ri à un piochon gisant à
terre, trahissait un désarroi absolu. […] Le paysan
s'agenouilla devant un cep, lentement, comme s'il
espérait encore s'être trompé. Il saisit le piochon et il
commença de déchausser la souche, grattant avec
précaution, finissant de mettre les radicelles à nu à la
main, pour ne pas les briser.
- Vois, hoqueta-t-il, tout le bas de la souche semble
pourri de gangrène. Et ces verrues noires sur les
petites racines, en forme de bec d’oiseau, tu sais ce
que ça veut dire ?
- Le phylloxéra… admit Louis, désemparé par la
brutalité de ce qui les frappait. (Page. 186)
Cette situation marque le début de l’exode rural : de nombreux paysans
partent alors vers les villes les salaires sont plus élevés, certains s’expatrient
même vers l’Amérique, notamment en Argentine.
Phylloxéra sur les feuilles de vigne
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 15
En Argentine, après l’indépendance en 1810, le pays se construit peu à
peu, mais les guerres internes pour la prise du pouvoir ruinent de nombreux
efforts.
À partir de 1853, la Constitution intègre, avec l’article 25, l’incitation à
l’immigration. En 1876, la loi 761 de Nicolás Avellaneda, nommée la Ley de
Inmigración y Colonización, facilite et encourage l’immigration européenne pour
ces vastes terres inoccupées et fertiles. Pour des paysans qui ne possèdent pas
grand-chose, l’offre est alléchante et laisse entrevoir un avenir meilleur pour les
enfants. On comprend, dans le roman, l’attirance de Charles pour ce pays :
- Je rêve d’émigrer en Argentine, depuis des années, révéla-t-il d’une voix sourde.
(p. 293)
- L'Argentine est un pays où tout est possible. Le type de la gare m'a assuré qu'il
restait à occuper des plaines complètement vides. Nous aurons toutes les chances.
Nous pourrons tout tenter ... Je n'ai pas d'illusions : nous ne ferons pas fortune en
un an, mais nous nous enrichirons et nous serons libres ! […]
- 1890 est toute proche. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûr que ce sera une
bonne année pour nous. Tu auras vingt ans... Imagine que nous fêtions tes vingt ans
en Argentine ... s'exalta Charles Cayre. (Page. 312)
Sur la période 1810 - 1920, les services de l’immigration ont enregistré
220000 migrants français vers l’Argentine, dont 120 000 seraient repartis. Le flux
le plus important se situant après les années 1880. Cela représente environ 3 à
4% du total des migrants européens. Dès 1888, le gouvernement argentin
mandate donc des agences en France dans les ports d’embarquement ainsi qu’à
Paris pour trouver des candidats à l’émigration. Ce sont parfois aussi des
aubergistes qui sont chargés du recrutement dans des villes de province. C’est
vers l’un d’eux que se tourne Charles :
Elle l’accompagna à la buvette du rabatteur de candidats au voyage vers la
fortune. Le personnage les toisa avec un air équivoque. Marchand de gros rouge
ou marchand d’hommes ? Il sembla éprouver une jouissance trouble en les voyant
ensemble. Il connaissait déjà le commis des Messageries. (Page. 325)
Les consignes sont précises : de préférence des familles nombreuses,
catholiques, pour un départ définitif. En échange, le gouvernement argentin
offre aux émigrés les billets de bateau et quelques lopins de terre sont distribués
gratuitement ou à bas prix dans le but de créer des communautés de colons. 36%
des émigrants seraient des cultivateurs. L’émigration devient contagieuse, on
note des départs en groupe, ou de voisins rejoignant des familles déjà installées
en Argentine. Dans l’ensemble, on constate que l’émigration porte sur les
éléments actifs de la population, Avec une prépondérance des éléments
masculins. Certaines familles partent au complet, parfois, la moitié des enfants
part avec le re tandis que l’autre moitreste avec la re, d’autres délèguent
certains membres. Cette émigration a un caractère officiel et les départs sont
connus des autorités. Le plus souvent, les immigrés partaient ainsi rejoindre un
16 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
parent ou un ami leur ayant vanté leur nouvelle situation de vie et court-
circuitaient de la sorte les services étatiques.
-Nous irons à Pigüé. Des Aveyronnais y sont installés sur des fermes depuis cinq ans.
Le journal dit que certains possèdent déjà des centaines d’hectares. Nous pourrons
peut-être acheter des terres. Sinon, ils nous fourniront du travail, expliqua Charles
avec conviction. (Page 294)
Un décret pour le recrutement de personnel nécessaire aux travaux de
Chemins de Fer fixe les règles de ces départs :
Centre des Archives Diplomatiques de Nantes – Extrait du 31 mai ???
Le prix du transport varie en fonction de la classe choisie. Finalement,
certains utilisent leurs économies, d’autres empruntent, souvent à la famille,
d’autres hypothèquent leurs biens à une obligation de travail à l’arrivée en faveur
de l’armateur ou de l’agent. Il semblerait que les plus démunis bénéficient d’un
passeport d’indigents délivrés gratuitement par les services de la préfecture. Le
voyage s’effectue le plus souvent en train jusqu’à Marseille, Bordeaux, Cherbourg
et Le Havre (dans une moindre mesure La Rochelle ou Nantes) :
Ils ne parviendraient pas à Bordeaux dans la journée. Ils coucheraient sur un banc
de salle d'attente de gare, peu importait où, à Toulouse peut-être. Le train roulait.
Le compartiment de troisième classe, aux banquettes de bois, imposait un bruit
infernal. Marie, dont c'était l'initiation au chemin de fer, s'en défendit en se repliant
sur des suites d'idées et de sensations étranges qui naissaient du balancement et du
ferraillement continus. Pour la première fois, elle tenta de calculer la durée infinie
de leur migration au bout du monde : le train jusqu Bordeaux, les semaines de
mer, le train à nouveau, dans un pays sans repères. (Page. 327)
Puis en bateau à voile le plus souvent car moins cher. Les conditions de
vie à bord sont rudes : conditions médiocres d’hébergement et mauvaise qualité
de la nourriture, la traversée dure plusieurs semaines.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 17
- De tous les bateaux, c'est la Compagnie Zuber qu'il vous faut : en dix ans
d'affaires avec eux, pas une seule embrouille ... Vous passerez par Paris, puis au
Havre vous prendrez le paquebot régulier vers Buenos Aires.
- Tu te fiches de nous ? Nous n'avons pas d'argent
à
gaspiller, grinça Charles.
- Pour des jeunes comme vous, ce serait un beau voyage de noces ! Vous auriez une
cabine particulière...
- Nous ne voyagerons pas au fond d'une cale, mais c'est trop long et trop cher.
- Alors, prenez le passage par Bordeaux. Je vous chercherai un cargo qui charge
des gens et des marchandises. (p. 326)
[…] Les émigrants s'allongeraient sur des sortes de couchettes superposées,
munies d'une paillasse et mortaisées sur des charpentes verticales. Lorsqu'on
pénétrait dans ce dortoir flottant, les dormeurs semblaient rangés sur des étagères.
Chacun disposait d'une gamelle accrochée par un clou sur le châlit. La chaleur
étoufferait bientôt les faiblards, la promiscuité serait dégradante. Combien étaient-
ils, voués à croupir là pendant des semaines ? (Page. 330)
Les bateaux au départ du port de Bordeaux font escale à Vigo, Lisbonne,
Rio de Janeiro, Montevideo avant d’atteindre Buenos-Aires. A l’arrivée, les
émigrants sont logés à l’hôtel de los immigrantes situé à proximité du port pour
rejoindre ensuite, en train, les destinations rêvées.
Très vite, les terres vinrent à manquer et les migrants arrivés devinrent des
paysans journaliers qui travaillaient pour des grands propriétaires ou choisirent
de rester à Buenos Aires. Toutefois, les conditions exceptionnelles de son
économie avaient de fait développé un véritable mythe argentin qui était très
attirant. Ces périgordins expatriés furent paysans, laboureurs, éleveurs,
ingénieurs, photographes, architectes, peintres ou écrivains, militaires ou
marins... et ont ainsi contribué à la construction de l’Argentine, à leur profit ou à
leur perte.
Armée de ces connaissances, je me suis ensuite lancée dans l’étude du
départ de la famille vers l’Argentine. Ce sera le sujet d’un prochain numéro de
Lou Péri Doc !
Mes lectures pour mieux connaître ces départs pour l’Argentine…
Borrèze étant située à la limite du Lot, je me suis
intéressée aux documents suivants :
L’émigration des habitants du Lot en Amérique du Sud
à la fin du XIXème siècle – Christiane PINEDE
Folie et immigration en Argentine entre le XIXe et le
XXe siècles – Alejandro Dagfal
A la conquête de l’Argentine Site personnel de
Francis ESPINET
Document ressource : Les migrants français en
Argentine au XIXème siècle - Centre des Archives
diplomatiques de Nantes
Les défricheurs de nouveaux mondes Roger Béteille

18 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
« E » comme Encre
Par Valérie TAMEN-GRENAILLE.
Brève histoire de l'encre ferro-gallique suite à une recette de fabrication
trouvée dans les archives des registres paroissiaux de la commune de Cénac-et-
Saint-Julien en Dordogne pour l’année 1769.
Recette de l’encre. AD24. Cénac-et-Saint-Julien. Cote BMS 1700-1792 Coll. Com. Vue
1099.
Premières noix de galle une livre, gomme arabique 6 onces
vitriol verd 6 onces, cen sept livres.
On concasse grossièrement la galle ainsi que la gomme arabique.
On les fait macérer ensemble dans l’eau sur les cendres chaudes pendant
12 heures on a soin de remuer ces matières de tems en
tems avec un bâton après ce tems on ajoute le vitriol
verd et tendis que le mélange est chaud on ajoute le tout
sans le remettre sur le feu. Lorsque la liqueur est refroidie
Lencre est faite on la passe a travers un tamis de crin
on la laisse deposer du jour au lendemain on la … dans des
bouteilles qui ferment bien et après on en met dans un écritoire ou
il y ait du cotton et on coupe une plume et avec un papier on sansert
pour ecrire
Lencre au gallo-tannate de fer est une encre noire à violette, fabriquée à
partir de sels métalliques, surtout de sulfate ferreux mais aussi de sulfate de
cuivre, et de divers tannins d’origine végétale.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 19
Encre noire emblématique des écrits monastiques, elle est l’encre la plus
utilisée en Europe entre les XIIème et XIXème siècles.
À base de tanins solubilisés, elle est aussi appelée encre ferrique, ferro-
gallique ou métallo-gallique.
Sa particularité réside dans son absence de pigment ou colorant. C’est l’action
des sels métalliques de fer ou de cuivre qui, ajoutés aux tanins (ici dans la recette
la noix de galle), va donner la teinte noire, le plus souvent violette foncée à
l’écriture, elle noircira avec le temps en absorbant l’oxygène de l’air.
Elle est appréciée pour sa facilite de fabrication et sa stabilité.
Pendant 800 ans c’est LE mode de transmission de toutes les écritures en
Europe. Certains y ajoutaient des clous de girofles qui, en plus de parfumer
l’encre permettaient une meilleure conservation de par leur action purifiante et
antiseptique. On retrouve l’utilisation de cette encre chez les Egyptiens qui
connaissaient déjà la réaction des sels de fer avec les tanins des noix de galles.
Cette encre indélébile, d'un noir veloute est unique. Elle a servi aux copistes
médiévaux, aux dessinateurs de la Renaissance.
Son noir varie selon le support que l’on utilise mais il n’a rien perdu de sa
noirceur, des manuscrits vieux de dix siècles en témoignent. Jusque vers 1850
c'est la seule que l'on utilise en France. C'est « l'encre de l'état-civil » du XIXème
siècle.
La boue noire obtenue après sa filtration servait au marquage des
emballages militaires et des tonneaux et en Allemagne, en 1974, elle était encore
utilisée pour certaines écritures administratives. Son seul défaut, aux yeux des
restaurateurs de documents anciens et des paléographes, et il est de taille, c’est sa
corrosivité pour le papier. Les dégradations irréversibles dues à cette encre
corrosive posent d’importants problèmes de conservation. L’acide gallique qui se
trouve à l'état naturel dans les noix de galle, serait le responsable de la
dégradation du support d'écriture, en finissant par y laisser des trous.
Sa fluidité la rend très agréable d’utilisation pour le dessin à la plume, en
particulier avec des plumes d’oiseau (oie, dinde) et grâce à cette fluidité elle ne
fuse pas sur le papier poreux.
20 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Quoiqu’il en soit, des recettes différentes mais 3 constituants principaux :
- La noix de galle
Les noix de galle se présentent comme des
excroissances rondes, petites billes dures et brunes provoquées
par la piqûre d'un insecte appelé cynips dans les feuilles des
chênes.
Les larves de cynips se forment à l’intérieur et la sève de
l’arbre les entoure petit à petit.
On les récolte à la fin de l'été avant la sortie de l'insecte car si les larves
sont sorties, la noix aura moins de tanin, substance végétale qui permet de
noircir l’encre.
- Le sulfate ferreux
Communément appelé « vitriol » dans le texte.
A la fin du moyen âge et durant les temps
modernes, le terme de vitriol désigne une large gamme
de sulfates métalliques qui portent des noms de vitriol
romain, vitriol de Chypre, vitriol vert, bleu, blanc
Ce sont ces mêmes sulfates et plus particulièrement le
sulfate de fer qui, dès la fin du XVIIIème siècle, ont
permis la production massive d’acide sulfurique, encore
communément appelé de nos jours « vitriol ».
- La gomme arabique
La gomme utilisée comme liant était extraite
d'arbres comme l'acacia, certains pruniers ou
cerisiers.
Pour limiter l’inconvénient de la corrosivité de l’encre, sa fabrication doit
faire l’objet d’un bon vieillissement : une macération du tanin pendant 3 mois
puis, après mélange au fer, une maturation d’au moins 2 mois, un an dans le
meilleur des cas.
Vous voilà transformé en véritable alchimiste du haut moyen âge pour
fabriquer vous-même votre encre.
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Les noix contiennent jusqu'à
45% de leur poids sec en acide
gallique, acide organique, de la
famille des tannins.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 21
Fontaine de la Fée.
Huguette SIMON-LABROUSSE.
Il était une fois un petit village du
Périgord noir. Vous ne le connaissez sans
doute pas. Il est pourtant près des hauts
lieux touristiques, mais il est perdu au milieu
des collines.
Il s’appelle Savignac de Miremont car
au Moyen-Age il dépendait de cette
châtellenie.
Avant la Révolution, les habitants des villages voisins y venaient en
pèlerinage pour se recueillir devant les reliques de Sainte-Claire d’Assise.
Pour ceux qui aiment l’aventure, je vais vous dévoiler un autre pèlerinage
qui vous enchantera. Vous stationnez votre voiture dans le bourg, près de la
mairie ou de l’église, vous enfilez de bonnes chaussures de marche et vous suivez
la route qui descend vers le vallon : elle longe le ruisseau de Savignac. Arrivés au
viaduc, vous empruntez la petite route qui se faufile entre le moulin de Soufron
et le restaurant.
Prenez une grande respiration : la côte est raide !
Au sommet vous êtes à la Croix de Tiradouyre sur le coteau de
Puyvendran nommé « la montagne de Vénus » par Paul Foenecker dans son livre
« Sites mystérieux et légendes de nos provinces. » A droite, après une centaine de
mètres, un sentier vous invite à entrer dans le bois. En le parcourant vous
admirerez toute la flore sauvage de nos coteaux calcaires, en particulier, au
printemps les nombreuses variétés d’orchidées. En hiver, vous respirerez le
parfum de la truffe
22 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Enfin, à quelques pas d’un ancien lavoir, vous apercevrez à votre droite
un rocher, enguirlandé de lierre, d’où jaillit une eau cristalline qui va rejoindre le
Manaurie, affluent de la Vézère.
Cette fontaine intarissable est la Fontaine de la
Fée.
On raconte dans le pays depuis des générations que la gardienne de la
source est une fée fileuse d’une merveilleuse beauté.
Les nuits de pleine lune, elle file, près de la
fontaine, totalement nue, ses longs cheveux
étincelant sous les rayons de l’astre.
Maintenant que vous connaissez le chemin, je
suis re que certains d’entre vous brûlent de la
voir mais il vous faut hélas attendre la prochaine
pleine lune.
Nous y sommes allés mais nous ne l’avons
pas rencontrée. Je vous souhaite d’avoir la
chance de la découvrir.
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 23
Gabares et autres bateaux.
Par Françoise VILLECHENOUX.
La Dordogne est devenue une voie naturelle d’échanges et ce, depuis
l’époque Gallo-Romaine. Il faut dire que les ressources ne manquaient pas, les
forêts pour le bois de construction et le chauffage, les merrains pour la
tonnellerie, les carassonnes (piquet de vignes en châtaigniers). En plus du bois,
on transportait les fromages d’Auvergne, les peaux des tanneries de Bort-les-
Orgues, les châtaignes (qui pouvaient également partir vers l’Angleterre et la
Hollande), les « soustres » pierres destinées aux meules, le charbon d’Argentat, le
genièvre, le vin, les céréales, les papeteries et diverses marchandises telles que les
tuiles, les poteries…On peut même dire qu’elle a fait vivre et parfois prospérer
bon nombre de riverains.
C’est ainsi qu’on a construit des « gabarres » ou « gabares » tout le long de
la rivière. Parfois les chantiers étaient éphémères sur l’exploitation d’une coupe
de bois.
C’étaient des barques à fond plat ou « sole » qui permettait avec un faible
tirant d’eau de porter un maximum de charge car elles étaient destinées au
transport de marchandises. Elles pouvaient même être gréées. Sous ce terme, on
désignait plusieurs sortes de bateaux fluviaux.
Le courpet est un ancien type de gabare, utilisé en haute Dordogne
depuis Argentat en Corrèze (le nom « d’Argentat » était également utilisé pour le
désigner), bien que généralement construit à Spontour (commune de Soursac) ou
Saint-Projet.
24 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
L’élan du bateau était impulsé par une rame ou « pallas » et le gabarrier,
juché sur le chargement afin de pouvoir observer, dirigeait la manœuvre, à l’aide
d’un grand aviron ou « plume » ou « gober ».
Il fallait une autre personne
pour écoper. A usage souvent
unique, il était fabriq avec du
« bois pauvre » comme le hêtre, le
tremble, l’aulne, le bouleau, le
peuplier… Arrivé à destination il
était alors « déchiré »
(désassemblé) et vendu avec le
chargement comme bois de
chauffage.
On disait alors de cette navigation qu’elle était à bateau perdu car il était
très difficile de remonter à contre-courant surtout en l’absence de chemin de
halage. Les gabariers rentraient alors à pied ou sur de légers « couralins ».
L'activité des courpets était saisonnière, et se concentrait sur une période
d'environ 27 jours, période appelée par les gabariers : « eau marchande » ou « eau
de voyage ». C’était à la fin du printemps avec les eaux de neige ou au début de
l’automne avec les grosses pluies que l’eau était assez haute pour passer les hauts
fonds sans trop de difficulté car les passages périlleux étaient nombreux (appelés
localement « malpas »), bien connus et redoutés par les gabariers. Le trajet entre
Argentat et Libourne en Gironde s'effectuait en 5-6 jours par beau temps, mais
nécessitait néanmoins que plusieurs courpets partent en convoi. Ces parcours
nécessitaient « une protection divine » et le départ donnait toujours lieu à une
cérémonie religieuse. Le restant de l’année les hommes exerçaient un autre
métier (charpentiers, mérandiers…)
D’autres argentats descendaient la Dordogne, les couajadours qui
pouvaient être réutilisés ainsi que les gabarots (petites gabarres). Certains
gabarots et les batelets étaient utilisés pour la pêche. Quant aux naus ils servaient
pour aller d’une rive à l’autre.
Le coureau (ou courreau, courau)
était un type de gabare de transport
traditionnelle de fret à fond plat originaire de
la Gironde et de la Dordogne, relevé aux
extrémités aux formes allongées pointues et
étroites. A l’arrière de l’embarcation, un long
aviron « la plume » servait de gouvernail.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 25
Le mat qui supporte la voilure était repliable pour passer sous les ponts.
La cale à marchandise était à ciel ouvert.
Les coureaux de Dordogne, longs de 15 à 20 m environ pour 4,50 m de
large pour un tonnage de 25 à 50 tonnes Une cale ouverte servait d’abri à
l’équipage.
Les couralins étaient semblables aux coureaux, ils avaient une voile
carrée, le logement du gabarier était sous le pont arrière. Le tonnage était
inférieur à 15 tonnes. Ils étaient destinés à naviguer en moyenne Dordogne et à
la remonte.
La remonte, permettait d'alimenter le "haut pays" en sel, poissons séchés
ou salés (sardines, morues), huile d’olive, savon, sucre, café, soie et bois
exotiques…Elle était cependant moins importante que la descente. Elle se faisait
avec l'aide de la marée, du vent (voiles) notamment sur la partie aval. En amont,
après Castillon, il était fréquent d'avoir recours à la tire ou halage. Le chemin de
halage longeait la rivière, les tireurs pouvaient être au nombre de 20 à 30, de 80 à
100 quand il fallait franchir des passages difficiles. Au XVIIIe siècle les tireurs
ont été remplacés par des bœufs.
Florissante du XVIIe siècle à une bonne partie du XIXe siècle, la batellerie
a réduit son activité par la suite, à cause notamment des épidémies de phylloxéra et
l’arrivée du train.
Le tourisme fluvial et de plaisance a remplacé cette vieille navigation, c’est
un facteur majeur de développement économique.
26 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
La chanson des gabariers.
C'était le temps des gabariers,
Qui descendaient au fil de la Dordogne
Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient
Du haut pays jusqu'en basse Gascogne
Le beau voyage en vérité
Entre les bois dans les gorges profondes
Le beau voyage au fil de l'onde
Au temps des Gabariers
En ce temps-là notre belle rivière
Coulait gaiement sous les ponts de chez nous
On aimait voir folâtrer son eau claire
Reflets d'argent dansant sur les cailloux
Je me souviens on chargeait les gabares
A Spontour au pied de notre maison
Les fiers lurons en larguant les amarres
Nous quittaient en chansons
C'était le temps des gabariers,
Qui descendaient au fil de la Dordogne
Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient
Du haut pays jusqu'en basse Gascogne
Le beau voyage en vérité
Entre les bois dans les gorges profondes
Le beau voyage au fil de l'onde
Au temps des Gabariers
Quand ils disaient que l'eau était
marchande
Le moment était venu de partir
Ils quittaient Jeanne, Marie ou Fernande
Mais quand on part c'est pour mieux
revenir
Les échalas charges sur les gabares
Ils s en allaient au fil des hautes eaux
Pendant trois jours et sans lâcher la barre
Ils voguaient vers Bordeaux
C'était le temps des gabariers,
Qui descendaient au fil de la Dordogne
Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient
Du haut pays jusqu'en basse Gascogne
Le beau voyage en vérité
Entre les bois dans les gorges profondes
Le beau voyage au fil de l'onde
Au temps des Gabariers
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 27
Hoyau, l’arme du crime.
Par Jean-Louis FILET.
Un hoyau aussi appelé houe, est un outil manuel du
jardinier et du vigneron. Le nom hoyau d'origine germanique,
est celui d'un outil à lame forte, aplatie, à deux fourchons,
employée au défoncement des terrains.
Nous sommes un mardi 1er janvier de 1788. Jean Filet avait emmené sa
famille à la messe en l’église d’Audrix à l’exception de sa sœur Jeanne, légèrement
handicapée, restée seule à la maison du Colombet où Jean exploitait la ferme du
domaine du seigneur de Vassal de la Barde. La maison du dit domaine se trouve
isolée dans les bois.
Eglise d’Audrix.
De retour de la messe, Jean est surpris de voir la maison fermée.
N’obtenant pas de réponse de sa sœur, il force la porte, et la stupeur et
sidération de voir sa sœur allongée sur le sol au milieu d’une flaque de sang.
28 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
L’horrible drame !
Pendant qu’on disait la messe, des individus entrèrent et assommèrent à
coup d’un hoyau trouvé sur place, ladite Jeanne Filet qu’on savait avoir de
l’argent qu’elle portait sur elle. Après lavoir tuée ils lui volèrent son argent qui
consistait en la forme de deux cents livres dont partie en un double Louis, un
Louis de vingt-quatre livres et le surplus en écus de six livres et d’autres pièces
d’argent, quelques vêtements. Après quoi, les auteurs de ce meurtre suivi de vol
s’en furent après avoir fermé la porte de ladite maison à clefs qu’ils emportèrent.
À l’issue de cette macabre découverte, on a fait prévenir le procureur du
Bugue qui ordonne aussitôt de faire dresser un procès-verbal du cadavre. La
nouvelle de l'assassinat s'est promptement répandue.
Très rarement, un curé note une appréciation sur les causes d’un décès.
Alors la mention faite dans la marge par le curé d'Audrix "Mort horrible" est
significative de la sauvagerie de l’acte commis.
Réf. Ad 24 Bms Audrix page 396/428.
Mort horrible
: Jeanne Filet, âgée de trente-cinq ans ou environ du village du
Colombet présente paroisse a été écrasé par assassin dans sa maison, le premier
janvier mille sept cent quatre-vingt-huit, pendant le temps des ottries et après que
la justice a eu fait son verbal elle a été enterrée le lendemain par moy soussigné en
présence de Pierre et Léonard Archambeau, Jean Gauchat et Jean Mélou qui
n’ont su signer de ce enquis par moy Brucghe archiprêtre.
Au cours du mois de janvier, l’enquête n’avance pas vite. Si deux hommes
ont été aperçus vagabondant sur un chemin forestier ainsi qu’une dame, on a
peut-être le début d’une piste. La mendiante interrogée semble accuser Pierre
Escot dit Bergerac. Ce dernier présente plusieurs versions sur sa position lors du
1er janvier. Aperçu devant un cabaret avec une chemise ensanglanté, il sera arrêté
comme Léonard Baussou dit Lafon vu le 2 janvier à la foire de Saint-Cyprien, lui
aussi avec des vêtements tachés de sang. La suite de l’enquête mettra aussi en
cause un troisième personnage Etienne Cassan dit Palette. Ils sont tous
emprisonnés au Bugue puis transférés à Sarlat avec d’autres prisonniers à cause
d’une crue de la Vézère.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 29
Fin 1788, se terminent les interrogatoires et confrontations des témoins
faites par le juge du tribunal de Limeuil.
Témoins cités : 1 : Delpeyrat Jean dit Pape fils aîné 32 ans du
village de la Vérounie /Audrix. 2 : Congié Antoine dit Mourette
marchand boucher de Périgueux (40 ans). 3 : Jeanne Farge cousine
de M de Cazillac Ayant requis salaire, a reçu 8 livres pour les 4
journées perdues. 4 : Laplumette Pierre dit Lascombe de Saint-
Chamassy. 5 : Lachaud Jean (61 ans) laboureur du village de
Lascaux/Audix. 6 : Delbreil Pierre laboureur. 7 : Bézanger Jean
laboureur. 8 : Laporte Antoine maçon. 9 : Malmounet Jean. 10 :
Françoise fille de feu Léonard accusée de faux témoignage contre
Etienne Cassan, lui présente des excuses. 11 : Comte Méric métayer
du sieurAntignat. 12 : Monribot Jean dit Linou du village de la
Vérounie /Audrix. 13 : Broudiscou Pierre tailleur d’habits. 14 :
Demoiselle Izabeau Lafaye. 15 : Jeanne d’Eygueperse.
Pendant deux ans, le dossier reste en attente et Pierre Escot en prison. La
Révolution entraîne une réforme importante de la justice. À partir de mars 1791
reprise de la préparation du procès qui se terminera « portes ouvertes » le 31
décembre 1791.
Après délibération, Le second janvier 1792, Escot dit Bergerac est l'auteur
de l'assassinat commis sur la personne de Jeanne Filet l'ont déclaré et déclarent
dument atteint en connaissance du dit crime d'assassinat pour réparation de quoi
en conformité de l'ordre, l'ont condamné et le condamnent à perdre la vie et
trois livres d'amende envers la nation et aux dépens envers ceux qui les ont
exposés et comme par les informations le nommé Palette n'est que fortement
soupçonné de complicité du dit crime Et à l'égard de Léonard Bouissou dit
Lafon l'ont relaxé de l'accusation contre lui intentée.
Un verdict qui arrive donc quatre ans jour pour jour après cet horrible
assassinat.
Sources : AD 24-B 1604 (1788/1792) sénéchaussée de Sarlat Plaintes et informations criminelles / PV et
interrogatoires.
« Un siècle de chroniques villageoises, d’après vingt procès de 1670 à 1792 » de Miton Gossare.
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30 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Insomnie, histoire pour dormir.
Par Jean-Pierre MEYNARD.
.
Cette nuit là, le sommeil ne voulait pas
venir
Il était quelque part, ailleurs
Aux confins des systèmes solaires, peut
être
Là bas, loin, si loin,
Que la vieille dame est sortie dans son
jardin
Qu’éclairait un simple bout de lune.
Elle s'est assise sur le vieux banc couvert de
rouille.
Au loin le rossignol des amoureux
Faisait ses gammes.
Une étoile filante traversa le ciel ;
Elle se le rappela ce que sa mère
Et sa grand -mère avant elle lui avaient jadis dit !
C’est alors qu’elle crut entendre très distinctement
Une voix qui lui susurrait,
Fais un vœu !
D'où venait cette voix, se demanda t elle ?
La voix répéta : fais un vœu !
Alors la vieille dame demanda d’une voix
tremblante,
Je voudrai dormir
Et revoir ceux et celles que j'ai aimés durant ma
vie.
Brusquement, comme par miracle
Elle sentit venir le sommeil.
Puis un grand nuage blanc sembla tomber du ciel.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 31
Ils étaient là blottis dans la nuée,
Ses parents, ses grands parents,
Sa famille, tous ses amis.
Un immense bonheur l'envahit, elle n'en croyait pas ses yeux.
Ils avaient l'air si jeunes, si gais
Elle se leva et courut vers eux.
Elle ne sentait plus la douleur,
Seule la joie des retrouvailles comptait.
Ils parlèrent longtemps,
Revivant leurs bonheurs passés,
Jusqu’à ce que la fraîcheur de l'aube,
La tira de ses songes,
Comme à regret,
Elle regagna sa chambre, s'allongea sur le
lit.
Heureuse et éblouie
Telle Cendrillon devant son carrosse
Qui la conduisait vers l’amour.
Combien de fois lorsque j’étais enfant
Ma grande mère
Avant de m’endormir me l’a contée.
Cette histoire puérile, ce conte sans doute
Peut être sorti de son imagination
Je ne l’ai pas oublié.
Et je me le raconte à moi-même les soirs d’insomnie.
Il me suffit de faire un vœu,
Celui de la vieille dame et pour moi seul il se
renouvelle.
C’est le film des moments heureux.
Magie ?
Essayez et peut être à votre tour le ferez vous ?
Tous droits réservés
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32 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Joséphine Baker et la Dordogne.
L’artiste.
Par Geneviève COULAUD.
Fréda Joséphine McDonald dite Joséphine Baker est née en 1906 à Saint-
Louis dans le Missouri. Passionnée de danse depuis son plus jeune âge, elle fait partie
d’un groupe d’artistes de rue et ramène un peu d’argent au sein de son foyer. Pour
elle, l’avenir est ailleurs et elle décide de tenter sa chance en tant que danseuse à New
York. Elle va lui sourire, puisqu’elle rencontre une mondaine qui lui propose de partir
en France avec elle, convaincue que Joséphine a un potentiel énorme.
s ses premres représentations, le public
parisien est enthousiaste. Joséphine Baker, avec son
pagne de bananes et ses danses aux rythmes jamais
entendus en France, devient vite une ine. Les plus
grands artistes la voient comme une muse. Lorsqu’elle
prolonge sa carrre dans la chanson, c’est un nouveau
sucs, avec le titre inoubliable « J’ai deux amours ».
La résistante
La vie de Joséphine Baker est très mouvementée, et ne s’arrête pas à la danse
ou au chant. En 1939, elle devient agent du contre-espionnage à Paris, milite au sein
de la Croix-Rouge française, s’engage dans l’armée de lairLes autoris militaires
manifesteront cependant beaucoup de réticence à reconnaître son action, rejetant à
deux reprises, en 1947 et en 1949 la proposition de sa nomination comme chevalier
de la Légion d'Honneur. Il faudra l'intervention du ral Billotte, chef d'état-major
particulier du ral de Gaulle, du néral Bouscat, chef d'état major néral de
l'armée de l'air et d'Alla Dumesnil-Gillet, supérieure hiérarchique de Jophine Baker
en Afrique du Nord, qui rédigent des rapports sur ses états de service pendant la
guerre, pour que Joséphine Baker obtienne enfin la reconnaissance officielle qu'elle
rite pour son engagement patriotique. Parcret du 9 cembre 1957 [JO du
14/12/1957], elle est faite chevalier de la Légion d'Honneur et reçoit la Croix de
guerre avec palme. Très engae évidemment dans la lutte contre le racisme, elle
soutient Martin Luther King en 1963 durant la Marche vers Washington.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 33
Citoyenne Française depuis son mariage avec Jean Lion en 1937,
Joséphine est recrutée dès 1939 par le me Bureau des Forces Françaises
Libres. Elle servira de couverture au capitaine Abtey (chef du contre-espionnage
militaire à Paris) grâce à sa renommée internationale lui permettant de circuler
librement et ainsi d’aider des réfugiés à quitter le pays. Au cours de soirées
officielles, elle devenait agent de renseignements et ses partitions de musique
permettaient aussi la transmission de messages codés. Envoyée en mission au
Maroc, elle chantera bénévolement devant les troupes françaises et alliées
stationnées en Afrique du Nord malgré de graves problèmes de santé.
Dévouée à la France,
Joséphine déclare : « C’est la France
qui m’a faite. Je suis prête à lui
donner aujourd’hui ma vie. Vous
pouvez disposer de moi comme vous
l’entendez ». A plusieurs reprises,
Joséphine Baker lutta pour la France
libre au péril de sa vie ! Ce n’est quen
1961 qu’elle reçut aux Milandes, des
mains du Général Valin, la légion
d’honneur.
La châtelaine
Le château constitue la résidence de la chanteuse, qui le loue à partir de
1937 et l'achète, dix ans plus tard, avec son nouveau mari Jo Bouillon. Joséphine
et Jo Bouillon avaient ce même idéal de fonder un « Village du Monde, Capitale
de la Fraternité universelle » afin de montrer au monde entier que des enfants de
nationalités et de religions différentes pouvaient vivre ensemble dans la paix.
L’amour de Joséphine Baker pour les enfants en général était inébranlable, à tel
point qu’au retour de ses tournées, elle n’hésitait pas à ramener dans son paradis
des Milandes un enfant en manque d’amour ou dans le besoin. Qui aurait pu le
lui refuser ? Tous ses enfants furent adoptés à partir de 1955. Au part 2, ils
furent 6 puis 8 et enfin 12 enfants de nationalités et de religions différentes. Il y
eut : Akio, Coréen ; Janot, Japonais ; Jari, Finlandais ; Luis, Colombien ;
Marianne et Brahim d’Afrique du Nord, Moïse, Français et d’origine Juive ; Jean-
claude et Noël Français, Koffi de Côte d’Ivoire, Mara, Vénézuélien et Stellina
Marocaine.
34 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Tous ses enfants formaient la « Tribu Arc en Ciel », unis pour le pire
comme pour le meilleur. Car au départ, il s’agissait surtout du meilleur : chaque
enfant était entouré et choyé par une nurse, habillés comme des petits anges,
vivant dans un château régnait luxe, calme et amour ! Akio se souvient de
noëls magiques, le château était même trop petit pour accueillir tous les amis et
tous les cadeaux ; l’arbre de Noël était gigantesque dans le grand salon.
Joséphine créa le ramassage scolaire pour ses enfants et ceux du voisinage.
Ils allaient à l’Ecole de Castelnaud mais au château un précepteur leur enseignait
également la culture de leur pays.
Les années 50 furent très joyeuses pour toute la tribu qui profitait d’un
père et d’une mère attentionnés. Jo Bouillon est alors chargé de la gestion du
fabuleux complexe touristique des Milandes et s’attachera à freiner l’ambition
démentielle de la star.
Malheureusement, les prémices d’une faillite prévisible mirent fin au
bonheur. Trop généreuse et certainement très naïve, Joséphine ne parvient pas à
gérer ses entreprises.
Au-delà d’une apparente tendance à la dépense, due un train de vie
fastueux, elle fut abusée par grand nombre d’artisans peu scrupuleux à lui faire
payer plusieurs fois les mêmes factures et sa générosité sans limite la pousse vers
un endettement effroyable.
Lorsque Jo Bouillon quitte les Milandes pour d’autres horizons, il laisse
une Joséphine criblée de dettes mais toujours déterminée dans la poursuite de
son Village du Monde !
Le 19 août 1961, Joséphine Baker, entourée de ses enfants adoptifs, après avoir été décorée de la Croix
de la Légion d’Honneur au château des Milandes en Dordogne. ARCHIVES SUD OUEST
Joséphine Baker en train de jardiner
dans sa propriété du château des
Milandes, en Dordogne. AFP
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 35
En 1964, à la suite de problèmes financiers, la mise en vente
aux enchères du château est annoncée. Malgré un répit grâce à l'intervention
de Brigitte Bardot, qui lance un appel aux Français, et le refus par Joséphine
Baker de l'offre pourtant apparemment avantageuse de Gilbert Trigano qui
reprenait l'exploitation du complexe touristique en lui laissant l'usufruit du
château, il est finalement vendu pour un cinquième de sa valeur en 1968.
Faisant jouer la loi française elle obtient un sursis qui lui permet de rester
sur place jusqu'au 15 mars 1969. Cependant, alors qu'elle est en tournée, elle
apprend que le nouveau propriétaire a investi les lieux. Elle s'y oppose et investit
seule, la cuisine dans laquelle elle se barricade, ses enfants étant confiés à sa sœur
et placés dans des établissements scolaires parisiens.
Profitant d'une de ses sorties de la pièce pour aller chercher de l'eau, les
ouvriers ou employés du nouveau propriétaire, qui ont pour consigne de lui faire
quitter le château, referment la porte derrière elle. Elle passe sur les marches du
perron et doit être transportée à l'hôpital le lendemain ; cet événement tourne en
sa faveur et elle obtient finalement une autorisation judiciaire de réintégration
dans la cuisine.
À 62 ans elle s’installe à Roquebrune sur la Côte d’Azur, aidée par la
Princesse Grâce de Monaco. Pour rembourser ses dettes, Joséphine remonte sur
scène. En 1974, pour ses 50 ans de carrière André Levasseur lui offre le Sporting
Club de Monaco.
Le spectacle du Bal de la Croix Rouge, qui est organisé pour la principauté
de Monaco, lui permet de redevenir une star. Cette revue est montée au théâtre
de Bobino à Paris et fut un triomphe ! Elle retrace toute la carrière de l’artiste, les
épisodes heureux et malheureux.
Le triomphe, hélas ne dure pas, Joséphine est épuisée.
Après quelques représentations, elle est retrouvée inanimée dans
l’appartement qu’elle occupe à Paris. Transportée d’urgence à la Salpêtrière, elle
meurt le 12 avril 1975 des suites d’une hémorragie cérébrale à 5h30 du matin.
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36 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Kaolin de mon enfance.
Par Mireille BERGER.
Curieusement, nous appelions cet endroit
« le tertre rouge ». Nous avions entre 7 et 10
ans, 4 enfants du bourg inséparables. La forêt,
juste après le village n’avait pas de secret pour
nous. Nous prenions le chemin du « lac des
Pigeons ». Le lac était en réalité une petite mare
dans laquelle nous attrapions des tritons ou des
têtards.
A droite, un sentier menait à l’étang de Rivesol, au milieu un autre qui
nous faisait peur car une voiture brûlée par les Allemands gisait encore dans le
bois, vestige de l’incendie de la maison de la Borie.
Nous prenions le sentier de gauche, serpentant entre les grands chênes et
les châtaigniers de la forêt. A quatre cents mètres, sur la droite, le tertre se
dressait, telle la tête d’un énorme champignon sortant de terre. Pour nos petites
jambes, il nous paraissait énorme, insolite : une montagne rouge marbrée de
blanc. Pas de végétation sur ce champignon, ce qui rendait ce lieu mystérieux.
Nous montions à son sommet et là, nous creusions la matière blanche
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 37
immaculée avec nos mains, avec des bâtons, plus tard avec des cuillères. Quel
beau jouet cette pâte à modeler ! Douce au toucher, elle prenait toutes les formes
que nous lui donnions : petits bonhommes, animaux.
Nous étions sur un filon d’argile pure rouge et blanche : la blanche était
du kaolin. Mon papa m’expliqua alors que ce kaolin était la base de la fabrication
de la porcelaine et qu'en Limousin on exploitait de gros gisements. Alors je
rapportai à la maison un morceau de cette pâte pour en faire un vase. Grossier et
très lourd, je le fis sécher sur le bord de la cuisinière et le peints en bleu charrette,
peinture trouvée dans l’atelier de mon père. J’ai gardé longtemps ce vestige de
mon enfance.
Nous sommes tous partis faire notre vie ailleurs. Je suis revenue vivre au
village. Récemment, nous avons emprunté ce chemin du « lac des pigeons »,
réhabilité en sentier de randonnée. Le lac est à moitié asséché, envahi par les
herbes. Le chemin est devenu rectiligne, refait complètement, méconnaissable
plus loin la forêt a été coupée. Seuls quelques chênes subsistent de loin en loin,
orphelins. Le chemin traverse alors un large espace le sol est nu : notre tertre
rouge ! Une pelle mécanique a décapité notre montagne magique, le kaolin a été
étalé dans le chemin, en une vaste hémorragie …
Les randonneurs qui passent par ici ne savent pas quelle a été la valeur de
ce lieu, ils foulent le sol de leurs chaussures à crampons Je suis revenue seule
il y a quelques jours. Je me suis assise sur le bord du chemin blanc, j’ai pris une
motte de kaolin dans mes mains et je l’ai malaxée longuement
Je me rappelais sa douceur dans ma paume j’ai alors modelé un
visage d’enfant. Ce visage pleurait.
Je me suis relevée et j’ai essuyé mes larmes avec le revers de ma main
d’adulte.
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38 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Ligne de démarcation.
Par Françoise VILLECHENOUX.
La ligne de démarcation
Le 22 juin 1940, une légation gouvernementale française signe
l’armistice avec l’Allemagne nazie à Rethondes. Le texte entre en vigueur le 25
juin infligeant à la France des conditions très rigoureuses : occupation des trois
cinquièmes de la métropole, entretien des troupes d’occupation et captivité de
plus d’un million de prisonniers.
La clause la plus visible est l’établissement d’une ligne de démarcation de
1200 kms qui divise l’hexagone en deux zones, occupée et non occupée (dite
« Libre »). Elle s’étire du Pays Basque, exactement de la frontière franco-
espagnole, jusqu’à la Suisse en passant au-dessus du Centre de la France. Le
gouvernement de Vichy exerce toujours son autorité sur l’ensemble du territoire
mais doit collaborer avec l’ennemi dans la zone occupée. Selon les sources, qui
diffèrent, de 13 à 17 millions de Français vivaient en zone non occupée tandis
que de 23 à 29 millions vivaient en zone occupée.
Cependant, compte tenu de la
lourdeur du dispositif, il faut attendre
avril 1942 pour que l’Institut
Géographique national publie la
première carte nationale mentionnant le
tracé de cette ligne
Elle traverse treize départements,
plus de la moitié du territoire. Les
autorités allemandes se gardent surtout
les principales gions industrielles et
économiques ainsi que les ports de
l’Atlantique et de la Manche.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 39
En Dordogne, elle passe à l'ouest du
département. Venant de Gironde, à la sortie de
Castillon sur Dordogne, en direction de Lamothe
Montravel, au lieu-dit du Mounan, elle suit un petit
cours d’eau, la Lidoire, continue vers Monpeyroux,
le long du Fréchou, petit affluent de la Lidoire, puis
Villefranche de Longchat, Montpon, Ribérac,
Echourgnac, La Rochebeaucourt.
Elle n’est pas matérialisée par des barbelés
mais elle joue le même rôle qu'une frontière
classique avec ses attributs (guérites, barrières,
barbelés, chicanes, troncs abattus, voire mines
parfois). Un panneau indique le passage.
La circulation des personnes, des marchandises et la communication
postale entre ces deux grandes zones sont alors rendues très difficiles.
Normalement imperméable, elle est difficile à garder, et ceci malgré les
patrouilles parfois accompagnées de chiens. Elle suit en général des routes ou
des petites rivières. Mais il arrive qu'elle tranche une ville en deux comme
Ribérac, une propriété, une maison même… avec toutes les tracasseries
diplomatiques que cela peut apporter continuellement.
Elle est même déplacée parfois ce qui entraîne des problèmes autres et
parfois cocasses, Mr G : « Il fallait amener les armes à la mairie, j’avais caché mes
fusils dans la fagotière mais voilà que le premier adjoint vient me voir et me dit
de faire attention car la ligne allait avancer et passer par ma fagotière !!Oh,
p…vite on a pris les fusils pour les porter dans un autre endroit… »
Elle ne peut être franchie qu’avec une autorisation des autorités
allemandes (Ausweis).
Elle devient vite un lieu de transgression, franchie clandestinement par des
gens fuyant la zone occupée, des Résistants, des Juifs avec, parfois une fin
tragique lorsqu’ils sont arrêtés.
40 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
On découvre alors de nombreux héros modestes, armés de courage qui se
font passeurs pour aider ces personnes, en connaissance du risque, pourtant,
c'est la prison et parfois la condamnation à mort par un tribunal militaire
allemand s’ils sont pris. On peut dire que c'est une première forme de résistance.
Mais, Mr G. « Il y avait des passeurs qui faisaient traverser moyennant
argent. Il y avait un véritable commerce. Quand les juifs arrivaient, on les
reconnaissait vite avec leur chapeau et leur petite mallette, eh bien la mallette, ils
devaient la laisser. Sans compter ceux que lon envoyait dans la gueule des
boches » M. L . « quand on passait on ne le criait pas sur les toits », tout était
utile, outils de jardin, bottes, les légumes au milieu desquels on glissait du
courrier, comme les choux fleurs « choux, choux bien farcis » disaient-ils en se
moquant de Mme M, les guidons de vélo…les volets tirés d’une certaine façon,
le linge étendu ou non, le collier du chien l’on cachait des papiers et le chien
qui connaissait le chemin, menait tout tranquillement les documents de l’autre
côté de la ligne…
Médailles de Louis de la Bardonnie.
Un nom revient
souvent, celui de Gilbert
Renault, plus connu sous
celui de « Colonel Rémy »
membre du B.C.R.A, chargé
par De Gaulle de créer s
août 1940 un réseau de
renseignements tout le long
de la côte atlantique, de Brest
à la frontière espagnole.
Le réseau Confrérie Notre Dame (CND), réseau qui couvre l’ensemble de la
France occupée et une partie de la Belgique.
De La Bardonnie lui en donne l’occasion, le terrain est prêt, depuis
longtemps et depuis sa propriété de Le Breuilh », il combat déjà l’ennemi avec
Beausoleil, Rambaud, Fleuret…Grâce à eux, le Colonel Remy franchit souvent la
Lidoire au nez des Allemands.
Le 11 novembre 1942, par réaction au débarquement allié en Afrique du
Nord, les Allemands occupent toute la France.
La ligne est supprimée le 1er mars 1943.
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 41
Mammouths, la grotte des cents.
Par Geneviève COULAUD.
Quel touriste n’a pas visité les grottes de Lascaux, ou de Villars ?
Quel écolier périgourdin, n’a pas, un jour, fait un voyage scolaire aux
grottes des Eyzies ou visité celle du Grand Roc ou de Bara-Bahau ?
On ne compte plus leur nombre.
Je vais vous parler de la grotte de Rouffignac-Saint-Cernin-de-
Reilhac, moins connue, dite la grotte aux cent Mammouths.
La grotte de Rouffignac est une grotte située au cœur du Périgord, sur la
commune de Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac, entre Bergerac et Sarlat, dans
le département de la Dordogne. Elle abrite plus de 250 gravures ainsi que des
dessins au trait datant du Paléolithique supérieur (Magdalénien, plus de 13 000
ans).
C’est l'une des plus vastes de la région. Elle associe un développement
d'environ 8 kilomètres de galeries. Celles-ci, réparties en 3 niveaux, peuvent
atteindre une dizaine de mètres de haut et une douzaine de large. L'ensemble est
creusé dans un calcaire crétacé abondent les nodules de silex. Le réseau est
aujourd'hui totalement fossile, si l'on excepte un petit ruisseau qui parcourt les
boyaux les plus profonds. L'essentiel du creusement des galeries par l'eau s'est
déroulé pendant l'ère géologique tertiaire. On considère que le réseau est asséché
depuis 2 ou 3 millions d'années.
Sa découverte est relativement cente mais elle est connue depuis
plusieurs siècles et décrite en 1575 par François de Belleforest.
En 1948, les dessins de la frise des rhinocéros sont découverts par le
Spéléo-Club de Périgueux. Ils apparaissent derrière leur campement : le directeur
de la circonscription préhistorique conclut à l’époque à des dessins faits par le
maquis.
Les peintures et gravures de la grotte ont été découvertes scientifiquement
le 26 juin 1956 par le professeur Louis-Re Nougier, titulaire de la chaire de
préhistoire de l'université de Toulouse, et Romain Robert de la société
préhistorique de l'Ariège.
42 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Une vive polémique surgit entre ceux qui croient en l'authenticité des
œuvres d'art et ceux qui en doutent. La conclusion ferme et définitive est donnée
en septembre 1956, après les expertises de Henri Breuil, du professeur Paolo
Graziosi de l'université de Florence et du professeur Martin Almagro de
l'université de Madrid.
Pourquoi les cent mammouths ?
A Rouffignac le mammouth est le thème dominant. 158 de ces
pachydermes figurent sur les parois et les plafonds de ce dédale. Sur les 350
cavités où ils sont représentés en Europe occidentale, un tiers se trouve à
Rouffignac, d’où son surnom de grotte des mammouths.
Les ours
Les premiers à avoir fréquenté la grotte sont vraisemblablement les ours
des cavernes. De leurs passages répétés dans la cavité subsistent de nombreuses
traces : d'innombrables griffades sur les parois et les plafonds et des bauges
(nids) dans les sols argileux de certaines galeries.
La grotte est ouverte au public depuis 1959. La visite se fait dans un petit
train électrique, afin de ne pas polluer le site.
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 43
Nousillou.
Le casse-noisette.
Par Jean-Louis FILET.
Dans le dictionnaire topographique du département de la Dordogne du
Vicomte De GOURGUES paru en 1783, un lieu intrigue : Nousillou suivi entre
parenthèses de Lou Cassou. C’est dans l’occitan que l’on trouve un semblant
d’explication que l’on peut traduire par « casse-noisette ».
Il s’agit d’un lieu que l’on ne voit pas sur la carte de Cassini, ni sur celle
d’aujourd’hui de l’IGN, ni sur la documentation de l’office du tourisme.
Heureusement, on peut facilement le situer précisément avec l’explication
complémentaire : « pierre branlante, commune de Saint-Estèphe » une commune
au nord du département, au-dessus de Nontron.
Photo JLF.
Ce roc branlant est un bloc de granit de 3 m sur 3, laissé en équilibre sur
une table rocheuse au milieu de la rivière. Il est le résultat du lent travail des eaux
sur la roche. Il se balance facilement d’une simple poussée.
Un chapelet (ou chaos granitique) de blocs
de granit s’étend sur une centaine de mètres. Ces
roches magmatiques sont remontées à la surface du
globe il y a quelques 320 millions d'années, en
même temps que le Massif Central.
44 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Nous voilà donc avec un roc branlant servant
à casser les noisettes ou noix, sûrement un jeu
d’enfants.
L’explication, on la trouve racontée par
l’abbé Brugière. À la même époque, « on remarque
dans la commune de Saint-Estèphe, un rocher
appelé "le roc branlant", digne d'exciter la curiosité
du voyageur. Ce bloc granitique qui mesure 4,50 m
de hauteur sur 3,50 m de largeur, est placé sur une
table également de granit et oscille de l'est à l'ouest
sous la moindre impulsion. Il brise tous les objets
qu’on lui présente et comme on se plaît à poser au-
dessous des noix et des noisettes, on ne l’appelle
dans le pays que « Le casse-noisette ».
Il brise les pierres et tord les sous. L'accès de ce roc est difficile. À peu de
distance du casse-noisette, on voit une chaîne de rocs de même nature qu'on
appelle le chapelet du diable. L'un de ces rocs est muni à son centre d'un trou en
forme de vase qu'on appelle le « bénitier du diable ». Il contient une eau, dit-on
inépuisable ».
Le site se compose, outre le Roc Branlant, d’une forêt mixte dominée par
le chêne et le châtaignier, d’une rivière, la Doue qui, partiellement dérivée,
alimente le village des Petits Moulins et rejoint l’étang des Cygnes. Au centre du
site, le Roc Branlant, roc granitique typique du massif cristallin du Périgord vert,
se dresse au milieu d’une clairière, tel un monument, à proximité de La Doue,
invisible, absorbée par un chaos granitique. Seul le bruit de la rivière trahit sa
présence. Cette ambiance a de tout temps été propice aux rêves et aux légendes.
Le Roc Branlant, le chapelet du Diable, le village des Petits Moulins
appartiennent à l’imaginaire collectif du Périgord et nombre de légendes et
histoires fantastiques entourent ce site.
L’intérêt légendaire du site provient de la réputation de ce roc, cen
porter chance, et de la tradition selon laquelle les rochers du Chapelet du Diable
auraient été miraculeusement créés par un moine égrenant son chapelet pour
échapper aux poursuites du Diable.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 45
Aujourd’hui, on peut lire sur un dépliant local :
« Le Culbuto, qui fut un lieu de pèlerinage, raconte une histoire ancestrale
: il fermerait la porte de l’Enfer, le diable a tenté d’attirer des moines du coin.
Il est possible que des druides y tinssent leurs unions à l’époque. Aujourd’hui,
le rituel consiste à coincer une pièce sous le monolithe, pour qu’il la plie. (Cela
porte bonheur).
Quand Dieu créa la terre, il s'attarda particulièrement dans cette gion
pour la rendre plus belle, il fit pousser les plus beaux arbres, couler les eaux les
plus claires dans les ruisseaux. Il égaya les sous-bois d'innombrables sources et
parsema le pays d'une multitude de rochers. De tels rocs tentèrent le diable. Il
choisit les plus beaux et les dissimula avant de s'enfuir pour aller cacher son
butin aux enfers. Quand il prit son élan du haut de « Peyre-tenche », ses pieds
fourchus frappèrent si violemment le sol que l'on peut encore y voir l'empreinte
dans la roche sur la face tournée vers Saint-Estèphe. Le Bon Dieu, qui surveillait
la terre depuis les nuages avait vu le voleur et ne tarda pas à se lancer à sa
poursuite. Lucifer, dans sa fuite, lâcha les rochers dans le lit de la Doue. Ils
s'égrenèrent le long du ruisseau et, depuis ce jour, on les nomme « Chapelet du
Diable ». La plus grosse d'entre elles se posa en équilibre sur le sol. Elle est
aujourd'hui baptisé « Roc Branlant ».
Le porte-bonheur
Mettez une pièce sous le roc branlant à l’aide d’une baguette de bois. Faites
pivoter le bloc. La pièce tordue devient un porte-bonheur apprécié !
Le terme casse-noisette semble oublié, cependant en interrogeant des
anciens, ils se rappellent y être allés avec des noix à casser !
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46 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Ordre des Templiers à Sergeac.
Par Bernadette FONDRIEST.
Les Templiers ? Au fait, qui étaient-ils ?
Un peu d’histoire : à l’aube du second millénaire, des nouvelles alarmantes
arrivèrent de la terre sainte : les lieux saints de la naissance de Jésus sont entre les
mains d’une peuplade musulmane, les Turcs Seldjoukides Un émoi s’empara
de l’occident, de l’Angleterre à lItalie, de l’Espagne aux pays germaniques. Les
puissants seigneurs se réunirent avec leurs armes et se mirent en route vers les
lieux saints : c’est la première croisade ! Elle se met en route en l’an de grâce
1096. Ensuite il y en aura sept autres.
La dernière en 1270 verra la mort de
Saint-Louis terrassé par la peste à Tunis.
En 1118 rusalem est repris et le chef des
croisés
Godefroid de Bouillon y établit son royaume.
Godefroid de Bouillon
Pour assurer la sureté des lieux et le chemin du pèlerinage, il fut créé un
ordre de moines-soldats au concile de Troyes : les Pauvres Chevaliers du Christ
et du Temple de Salomon devenus les Templiers, austères comme des moines,
courageux comme des guerriers. Un champenois Hugues de Payens en fut le
premier maître.
Pourquoi les Templiers à Sergeac ?
Au fil des années cet ordre prit de l’importance. Afin de mener à bien ses
missions et notamment d'en assurer le financement, à partir de dons fonciers, un
réseau de monastères appelés commanderies se répandit à travers l'Europe
chrétienne d'Occident.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 47
L’acte le plus ancien que nous connaissons concernant la présence des
Templiers à Sergeac :
« L’an 1200 le 3 du mois de juin, Sire Raymond d’Imbert fit
donation à frère Géraud Vernhes de tout ce qu’il possédait et de tout
droit qu’il avait au mas de Nabinau et au puech de la Molière et del
bail de posséder le tout en la paroisse de Serjac et le dit commandeur
du lieu donner au Imbert en reconnaissance 50 sols ».
De part cette donation, l’ordre s’implanta sur la paroisse. Au fil du temps et
de diverses transactions et donations de la part des seigneurs de Montignac et
autres, les Templiers furent à la tête d’un domaine d’importance à vocation
agricole, organisé comme les anciennes villas gallo-romaines. Ils y pratiquaient
des cultures traditionnelles à la région. Ils défrichèrent également certains
coteaux pour y cultiver de la vigne car les Templiers étaient amateurs de vin.
La commanderie était une énorme entreprise qui fonctionnait en
autofinancement et dont les bénéfices allaient aux combattants de la guerre
sainte. Malgré la grande étendue de l’exploitation, la communauté n’était pas
importante du fait du nombre de ses membres. Outre les chapelains chargés des
offices religieux, deux catégories existaient dans la communauté : les chevaliers,
issus de la petite noblesse et les sergents d’un milieu plus modeste. Chacun faisait
vœux de pauvreté, chasteté, et obéissance, celle-ci était particulièrement
rigoureuse de par leur vocation militaire.
La commanderie était une grande installation à quelques centaines de
mètres du village, entourée de murs d’enceinte. Il ne reste aujourd’hui que les
ruines du mur d’enceinte, et des tas de pierres. Cet endroit est toujours appelé la
commanderie. Ce devait être une grande ferme monastère avec de nombreuses
dépendances. Elle fut vendue en bien national pour la somme de 3150F.
L’acheteur, le sieur Ferregaudie, fit des pierres un commerce de matériau de
construction. Beaucoup de maisons du village furent construites avec ces
vestiges. Outre l’église qui était leur chapelle, construite au XIIe siècle, le logis
des commandeurs à côté de celle-ci, la Préceptorie avec ses allures de maison
forte et sa haute tour démontrait la puissance de ses commandeurs.
Les principaux commandeurs : Géraud de Lavergne 1275 - 1295
Bernard de Tayac 1298 - 1299
Géraud de Lavergne 1300 – 1306.
48 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Et leur fin ?
Au matin du 13 octobre 1307 aux
premières lueurs du jour, une troupe de
cavaliers et de soldats à pied apparurent sur les
hauteurs du village et dévalèrent vers la
commanderie « ouvrez au nom du roi ! ». Qui
était ce roi ?
Philippe IV Le Bel
C’était le roi de France Philippe IV Le Bel, petit- fils de Saint-Louis. Ce roi
lugubre qui avait une triste habitude de trouver de l’argent nécessaire au royaume
en persécutant les communautés. Après les juifs et les lombards, il s’intéressa aux
Templiers Après une campagne de calomnies, aidé par son sinistre conseiller
Guillaume de Nogaret et la faiblesse coupable du pape Clément V, au terme d’un
infâme procès et une ignoble condamnation, en ce sombre matin d’automne, les
Templiers de Sergeac, comme tous les moines soldats du royaume furent arrêtés.
Leurs biens : des livres, des objets de culte, des outils, les animaux des étables et
de la basse-cour furent rassemblés à la hâte tels de tristes butins de guerre. Ce
lamentable cortège prit ensuite la route devant le regard médusé et apeuré des
Sergeacois Il se rendit sûrement à Domme les prisonniers furent internés
dans les sous-sols de la porte des Tours …. On ne revit plus jamais les Templiers
à Sergeac.
Plus tard, quelques années après, en 1316 s’installa à la commanderie une
nouvelle communauté religieuse : les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Ils
arrivaient de la commanderie de Condat, avec à leur tête Guillaume de Cramirat
qui devint le nouveau commandeur de Sergeac. Il prit possession de l’ancienne
maison du temple qui devint l’Hospitum de Cramiraco puis plus tard le château
de Cramirat.
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 49
Proumeyssac.
La formidable histoire du gouffre.
Par Annie-Alice MOUNIER.
Il est des endroits comme çà, que l'on découvre avec des yeux émerveillés,
la bouche bée, d'où s'échappe dans un souffle : Waouh !
Une pure merveille que la terre nous a laissée en héritage : la bien nommée
cathédrale de cristal. Mais de quoi s'agit-il ? se trouve cet éden ? Quelle
est son histoire ?
Il s'agit du gouffre de Proumeyssac. Cette immense cavité d'une
profondeur de 42m se trouve à Audrix petite localité du Périgord noir, tout près
du Bugue, à une petite quarantaine de kilomètres de Périgueux, Sarlat et
Bergerac.
50 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Curieuse histoire que celle de ce gouffre, crimes, suicides, sorcellerie,
cache-butins des voleurs de grand chemin, ancien volcan, que de péripéties sur
plusieurs siècles, avant de pouvoir nous faire profiter de ce fabuleux spectacle de
stalactites, stalagmites, draperies, sans oublier ma préférée, la fontaine pétrifiante.
Dès 1755 il est déjà connu sous le nom " Le Cro de Promeissat " (cro en
occitan signifiant trou). Il en est même question dans un ouvrage intitulé "
l'oryctologie ". Il est considéré comme le cratère d'un volcan éteint d'où s'élèvent
de temps en temps par élancement des feux souterrains qui brûlent le bois qu'on
y expose. C'est un véritable volcan. En fait les fumées qui s'échappent, serait de
la simple condensation de l'air humide exhalé dans l'air froid extérieur.
A cette même époque, il s'est trouvé un intrépide habitant du coin, assez
téméraire pour vouloir affronter le gouffre et ses abîmes. Il s'y fait descendre
dans une hotte attachée à l'aide de cordes, il avait pris cependant la précaution de
placer à l'entrée une sonnette dont il tenait en main le cordon .... Mais, arrivé à
une médiocre profondeur, il se fit remonter et rapporta avoir aperçu de grandes
cavités, mais qu'il s'y exhalait une vapeur très étouffante ne permettant pas de
descendre plus profondément.
En 1778, un inspecteur des manufactures écrit dans son "journal des
tournées " ... " à une demie lieu du Bugue, au sud-est sur un tertre élevé (butte,
monticule, en Occitanie = ou plus communément coteau) il y a un trou fameux
dans le pays par la quantité de personnes qui y ont péri, les unes par accident, les
autres volontairement. On l'appelle le trou de Proumeyssac … "
Il fut donc décidé de fermer le cratère. Afin de mener à bien ces travaux
malaisés, M. de Barry, eut l'idée de donner le gîte et le couvert à tous les
clochards de la région en échange de leur contribution à ce travail. La nature
reprit donc ses droits et seule une croix de bois signalait l'endroit pour sa
dangerosité.
Puis, pendant 130 ans, le gouffre se fit oublier. Seuls les cits fantastiques
peut-être même amplifiés au fil du temps le rappelaient au cours des veillées.
Jusqu'en 1907, les voûtes installées pour le fermer, cédèrent à grand
bruit, dans le gouffre, mais aussi à tel point que les journaux locaux en firent
l’écho.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 51
Le propriétaire des terres et quelques-uns de ses amis décidèrent que
l'heure était donc venue d'exploiter une fois pour toutes ce mystérieux gouffre.
Après bien des étapes, mais nous y reviendrons une autre fois, enfin, le
jour de la Pentecôte 1957 des guides en grand uniforme, coiffés d'une casquette
galonnée aux initiales du gouffre " G P " peuvent prendre en charge les
nombreux visiteurs s'y étant pressés.
Sans avancer plus, me réservant pour une prochaine fois le plaisir de vous
conter des histoires plus secrètes de ce lieu magique, nous pourrons y revenir.
Légendes ? N'y a-t il pas une histoire concernant des canards, ou peut-
être celle de ce Seigneur jeté dans le trou par ses vassaux ? Les découvertes sous
cet énorme volume de cailloux jetés pour essayer de le combler ? Il en est des
macabres, mais aussi une précieuse. Mais encore de probables autres facettes et
galeries à découvrir ou partiellement déjà découvertes, chuuuttttt !
Il existerait un autre Proumeyssac encore plus vaste qui se cacherait sous
l'actuel, pour le plus grand plaisir des spéléologues.
Prenons-nous rendez-vous pour l'acte 2 ?

52 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Quoi ? Qui ? …
Par Françoise VILLECHENOUX.
Dans le département de la Dordogne, il y a Lamothe Montravel.
Dans Lamothe Montravel, il y a une
salle des fêtes.
Dans cette salle des fêtes, il y a un étage.
Dans cet étage il y a des salles.
Et dans ces salles il y a… quoi ?
Quoi ?
On peut dire que ce sont des peintures appliquées directement sur les
murs.
Dans la première salle, elles représentent des scènes liées à l’agriculture
au cours des différentes périodes de l’histoire.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 53
Curieux tout de même, juste un petit texte de présentation :
«
Sous le sceau du progrès éternel, au rythme des floraisons que
guident le travail de l’homme s’édifient les années puis les
siècles… »
Dans cette salle nous suivons l’évolution de l’outillage, de l’agriculture, au
cours des différentes périodes. Agriculture qui dompte la nature et améliore son
rapport avec elle et la vie des paysans malgré un travail harassant.
Au regard de ces peintures, on ne peut pas ne pas évoquer « les très riches heures
du Duc de Berry », ce livre d’heures dont le but est d’indiquer les prières à
réciter suivant les heures de la journée et commence toujours par un calendrier.
Continuons notre visite.
54 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
La deuxième salle est beaucoup moins bucolique. Elle exprime une
certaine force, une certaine puissance.
Et là aussi, seules, quelques notes peuvent nous éclairer :
« Les humains conjuguent dans leurs efforts la force avec l’intelligence »
« La vie rejette ceux qui abandonnent l’une ou l’autre »
Que penser alors ?
Le discobole n’est pas pour nous faire apprécier uniquement sa
musculature parfaite, son corps exemplaire mais pour nous montrer également le
mouvement de l’athlète ployé, instable, qui va trouver un appui avec ses pieds,
son bras quil va balancer en tournant son corps pour faire contrepoids, afin de
ne pas perdre l’équilibre et tomber.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 55
Nombreux sont les mythes où l’homme se mesure avec des forces
inimaginables. La force et le courage seuls ne sont pas suffisants pour venir à
bout de certains obstacles. Alliés à l’intelligence, ils font triompher par exemple,
Ulysse, Jason, Thésée...D’ailleurs, Horace disait également : « La force sans
l'intelligence s'effondre sous sa propre masse ».
Le deuxième tableau semble représenter Mithra. Pour la petite histoire,
Mithra rencontre le taureau entrain de paître, décide de le monter, tombe et
s’accroche aux cornes de l’animal …Mais, la bête s’épuise, Mithra l’attache et
l’emporte sur ses épaules. Le taureau retrouve des forces, mais Mithra doit le
sacrifier. Mithra parvient à capturer l’animal, le traîne de nouveau dans sa grotte
et lui enfonce son couteau de chasse dans l’épaule. Touché au cœur le taureau
s’effondre…
Après le chien, animal de compagnie et compagnon de chasse, le premier
animal domestique est la chèvre.
Le couloir qui sépare ces deux salles comporte encore un autre style de
peintures, rupestres, des grands champs et cette chèvre ou ce bouc avec des
cornes, en forme de…de 99. « Le sens et la signification du chiffre 9 est profond, il
représente tout et rien en même temps ». 99 a une signification spirituelle. « On dit alors
que le nombre angélique 99 fait référence à la fin, qu’une étape de votre vie va prendre un
terme, un cycle touche à sa fin. Il vous rappelle que vous avez un grand esprit de leadership et de
l’altruisme, et ce sont des qualités que vous pourrez très bien exploiter pour mener votre mission
sur terre et pour attirer vos semblables à rejoindre votre cause. N’oubliez pas que vous êtes un
être de lumière et que vous êtes un travailleur de lumière pour l’humanité ».
Mais ce tableau peut aussi représenter l’agneau mystique…
Qui ?
est la question, on peut penser qu’ils sont
plusieurs, les peintures de la première salle sont
signées René ? Rani ? René ? Les autres ne le sont pas.
Ce sont tout de même des personnes qui savent
dessiner, peindre, qui semblent cultivées et qui sont
restées un moment dans cette commune.
56 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Autre chose les poutres font penser à la « Librairie » de Montaigne, des
citations dorées les recouvrent des deux côtés, magnifiquement peintes. Ces
mêmes sentences sont peintes sur les traverses de la Tour.
Sur ces photos on peut en lire deux :
« Orbis magnae vel parvae earum rerum quas
Deus tam multas fecit notitia in nobis est. » Du
grand et du petit monde des choses que
Dieu a faites en si grand nombre, la
notion est en nous.
« Extrema homini scientia ut res sunt
boni consulere, caetera securum. » Le
bout du savoir pour l'homme est
de considérer comme bon ce qui
arrive, et pour le reste d'être sans
souci.
Mes amis historiens ici présents se posent également de nombreuses
questions, des francs-maçons ? (A cette époque…) des Allemands ? des Français
pro-régime de Vichy ? Des humanistes ? Des potaches ?
Ce n’est pas tout
Dans la première pièce, on peut voir un meuble, des panneaux (salle de
spectacle, sortie) et partout des chimères, chimères que l’on retrouve encore chez
Montaigne.
Chimères que l’on retrouve encore au bas de la scène de la salle des fêtes….
Alors, quoi ? qui ? 
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 57
Reignac, la Maison forte à Tursac.
Par Maryse GRENIER.
Photos de Sébastien CHAMINADE.
A Tursac, il est un château, emmuré dans la roche calcaire creue par la
rivière et façonnée par les hommes au fil du temps. Ce lieu est l’hôte de nos
ancêtres depuis plus de 20 000 ans…
Ce château, insolite et mystérieux, visible depuis la route départementale,
est sitsur la rive gauche de la Vézère, dans le Périgord noir. Il est le dernier
château-falaise intact en France, et a été inscrit aux Monuments Historiques le 16
octobre 1964.
Il est implanté à flanc de falaise depuis plus de 700 ans et date du 14ème
siècle, plus précisément sa façade, tandis que l’ouverture des fenêtres remonte à
1508. Habitée jusqu’au milieu du 19ème siècle, cette maison a été par la suite
laissée à l’abandon, puis gardée pendant 50 ans et enfin reprise, rénovée et
ouverte au public en 2006.
Beaucoup plus grande à l’intérieur que l’on pourrait le croire, elle réserve
des surprises : depuis ses pièces meublées d’époque jusqu’à l’angoissant musée de
la torture, interdit aux mineurs, ainsi quun musée se rapportant à la préhistoire,
installé dans une salle troglodytique.
58 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Cette maison cache un vaste dédale de
pièces, bien organisées : Grande Salle
d’Honneur, la Chambre des Grands Hommes,
la Chambre de la Comtesse, la terrasse avec
des abri-sous-roche, le cachot...
Elle contient aussi beaucoup d’animaux
empaillés, taxidermie effrayante, qui sont
certainement des souvenirs de chasse et un
placard-fort où bien des secrets ont être
dissimulés…
Sur le site, on peut lire :
« La Maison Forte de Reignac n’est pas seulement un puissant repaire accroché à flanc de
falaise, mais le centre d’un domaine le Seigneur des lieux vit entoude sa famille et de ses
gens de maison. Il exerce son pouvoir et juge sur ses terres, les délits mineurs. Le droit de haute
et basse justice était exercé par le Seigneur de la cité troglodytique de La Roque Saint-
Christophe. Jaquemet de Reignac en sera le Seigneur le plus cruel : homme déviant, assoiffé de
sang, de sexe, abusait de son pouvoir sur tous… c’était un monstre…
Les fortifications sont suffisantes pour résister aux bandes de brigands, pillards, preneurs
d’otages, écorcheurs, mais ne saurait tenir te longtemps à une véritable armée, bien que
l’attaque ne puisse être frontale. De plus, sa situation si particulière en hauteur et abritée sous
falaise, lui assure avec ses douze bouches à feu, sa bretèche et ses assommoirs, une puissance de
tir redoutable.
Les grottes supérieures à 40 mètres de haut, constituaient un refuge jamais attaqué…
Au début du 16ème siècle, les premières armes à feu ont fait leur apparition, sans toutefois
remplacer l’arc, l’arbalète et les pierres de jet qui sont toujours très utilisés. L’arquebuse, le
mousquet et l’escopette ont fait progressivement leur apparition. En cas d’attaque, chaque
homme, femme et enfant connaît le poste qui lui est attribué et muni de son arme, il défend sa
position.
Des centaines de siècles auparavant, des hommes appelés « Cro-Magnons », s’étaient établis
sous ces abris en y laissant de nombreuses traces. »
Reignac a acquit la réputation d’un lieu hanté… et que l’on y croit ou non,
ce château surprend, attire et interpelle : c’est sûr, cette demeure a une âme et ne
laisse personne indifférent !
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 59
Suppert Delbru.
Par Michèle POINTEAU-MARY.
Après le décès de son épouse Renée Delbru, Claude Mary découvre, au
hasard de tris de dossiers administratifs, qu’un membre de la famille, cité dans un
acte de succession, se prénommait Suppert ! Etonnement, amusement, curiosité
s’emparent alors des membres de la famille ! Le prénom aurait-il été mal
orthographié ? Fut-ce un pseudonyme ? Suppert ou Super ? Nul ne peut
s’empêcher d’attribuer un sens moderne à ce prénom et de penser que ce devait
être quelquun de formidable ! Aurait-il été un ascendant de Superman ? Ce qui
est certain, c’est sa position familiale : c’était un cousin germain du père de Renée
Delbru.
Les recherches s’organisent et l’on constate que l’orthographe ne varie
pas… Toutefois, surprise pour notre héros à sa mort…
Suppert Delbru est né le mardi 17 mars 1896 à Ferrière, dans le
département de la Corrèze, fils de Firmin Justin Delbru, à Nadaillac et dont
les ascendants étaient nadaillacois depuis au moins 1690 et de Marie Rosalie
Vergne, originaire de Chartrier-Ferrière, village jouxtant Nadaillac.
Jusqu’en avril 1915, Suppert habite à Chartrier-Ferrière, au hameau de
Ferrière. Les recensements de population de 1906 et de 1911 mentionnent sa
présence, Suppert Delbru en 1906, mais Antoine Delbru en 1911. Il y exerce le
60 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
métier de cultivateur.
Selon la décision du Conseil de révision, Suppert est inscrit sous le
numéro 21 de la liste du canton de Larche et est classé dans la première partie de
la liste en 1915. Il n’a pas encore 20 ans mais, en ce temps de guerre, la date
d’incorporation est anticipée pour remédier au manque en nombre et à la
formation des contingents. Il fait partie de la classe 1916 de mobilisation, sous le
numéro matricule 350. Son prénom est toujours orthograph comme à sa
naissance.
Cette fiche matricule nous apporte quelques renseignements
supplémentaires : cheveux bruns et yeux marrons, front et nez ordinaires, visage
plein, il mesure alors 1 mètre 56. Le chiffre 3 précise son degd’instruction : il
sait lire et écrire, il a reçu une instruction primaire.
Suppert est incorporé le 10 avril 1915, au 100ème Régiment d’Infanterie
(régiment de l’armée de terre française, créé à partir d’un régiment suisse au
service de la France, basé à Tulle). Il part sur le front au début du mois de
novembre 1915. Suppert prendra alors part à la bataille de Verdun, jusqu’à la fin
du mois de juin 1916, puis de juillet à septembre, il prendra part à celle de l’Aisne
et fin 1916, à celle de la Somme.
A la fin du mois de février 1917, le régiment rejoint ensuite la Champagne,
pour une opération sur Maison de Champagne. C’est au cours de la journée du 8
mars 1917 que Suppert Delbru trouvera la mort, à quelques jours de ses 20 ans.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 61
Son prénom garde la même orthographe, tant sur le Journal de Marche du
50ème Régiment d’Infanterie que sur la fiche militaire de décès.
Suppert Delbru sera inscrit au tableau spécial de la médaille militaire à titre
posthume. Le journal officiel du 30 juin 1919 précise : « soldat d’une superbe
attitude au feu, mortellement blessé le 8 mars 1917 au cours d’un violent assaut à
maisons de Champagne. » toujours avec la même orthographe !
Son décès sera constaté le 5 avril 1917 sur le champ de bataille de la 4e
armée à Valmy (PC 3187).
Le jugement sera transcrit sur les registres de Ferrières le 27 juillet 1919Pas
de changement quant au prénom !
62 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Après de tels événements, ce cousin ne méritait-il pas cette inscription sur
le monument aux morts, ainsi orthographiée ? Et une biographie ?
J’ai fait des recherches sur ce prénom… je n’ai malheureusement rien
trouvé !
Généanet précise que le patronyme, Suppert, est présent 343 fois sur son
site ; celui de SUPPER, 13273 fois ! « Supper » désignant en allemand celui qui
habite un lieu-dit Supp (= marais, marécage). Jamais rencontré ce mot en langue
allemande et vérifié dans le dictionnaire, pas de trace ! Et, de toute façon, dans
notre cas, il s’agit d’un prénom et non d’un patronyme.
Je me suis ensuite tourné vers Super. Selon Wikipédia, « Super- avait aussi,
en latin, une valeur intensive, c’est cette valeur de renforcement qui s’est
développé en français par rapport au sens de sur-. La vitalité du préfixe est
devenue très forte sous l’influence de l’anglais super- » Mais ce n’est que
l’inscription sur le monument qui lui attribuerait cette nuance…
Autre éventualité : le prénom Rupert, mal orthographié sur les registres
d’état civil ?
Ou peut-être, finalement, une fantaisie de parents donnant à leur enfant
un prénom personnalisé et novateur ? Signe de parents avant-gardistes ? Il ne fait
pas toutefois pas partie de la liste des prénoms héroïques proposée par
“Magicmaman” !
Et pas même une photo de lui !
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 63
Tramail.
Par Mireille BERGER.
Il s’agit d’un dispositif très solide, en bois charpenté, servant à immobiliser
les ufs afin de les ferrer. Il est associé au métier de maréchal ferrant. Ce
« meuble » trônait autrefois près de l’atelier de l’artisan. Aujourd’hui, il sert de
décoration dans quelques villages, ultime hommage à ce métier disparu de nos
campagnes. Si les chevaux doivent également être ferrés, les maréchaux ferrants
se déplacent et possèdent le matériel amovible pour cette opération. Ces
animaux en effet peuvent être ferrés sans tramail.
Le métier de maréchal, mon papa René Lasserre l’a exercé jusqu’à la
dernière bête à ferrer sur la commune de Cendrieux. Le tramail était installé dans
la cour, entre notre maison et la forge. Mon enfance a été ainsi bercée par les
séances de ferrage, de moins en moins fréquentes au fur et à mesure que les
bêtes de trait disparaissaient. Dès le lever du jour, j’entendais de loin le choc des
sabots du bœuf sur la chaussée et les encouragements du propriétaire. Parfois, il
venait de 4 à 5 kilomètres et même de la commune voisine. C’était toujours le
même rituel : la voix du fermier qui aidait la bête à se positionner dans le tramail
en la faisant reculer entre les quatre solides piliers de bois. De larges lanières de
cuir pendaient de chaque côté. Passées sous le ventre de l’animal elles
permettaient de le soulever légèrement pour le maintenir grâce à une poulie.
64 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Les bœufs ne peuvent pas tenir sur trois pattes, c’est la raison de cette
posture. « Allez ! Calme » Le propriétaire élevait une voix monotone afin
d’apaiser l’animal. Pendant ce temps mon papa préparait les fers qu’il faisait
rougir dans le foyer de la forge. Le soufflet dont il actionnait la chaîne, faisait
gronder les flammes. De temps en temps il retournait les braises avec de grandes
pinces. Son ouvrier préparait les sabots du bœuf : après avoir enlevé le vieux fer
en soulevant les clous usagés avec le revers d’un petit marteau pourvu d’une
encoche, il égalisait la surface de la corne avec un grattoir. Il utilisait toute sa
force, la patte de l’animal coincée entre ses jambes. Le travail était dur. Le fer du
bœuf consistait en une plaque de métal ayant la forme de l’onglon, recourbée en
la partie antérieure en une languette. Le fermier encourageait alors son patient :
« Allez ! Calme ! ». Parfois, le uf laissait échapper un grand jet d’urine qui
s’abattait sur le sol poussiéreux, ou bien, c’était une bouse qui tapissait
violemment la paille posée en litière. Ce spectacle m’avait toujours émerveillée !
Le maréchal tenant le fer rougi avec sa grande pince, le posait encore fumant sur
le sabot de l’animal. Là, une odeur de corne brûlée envahissait la maison. Odeur
qu’il me semble encore respirer, âcre, mais qui fleurait bon. A coups de marteau,
le maréchal enfonçait les clous à tête carrée dans la corne à travers les trous du
fer. L’opération était ponctuée des cris du fermier, du hennissement du cheval
ou du meuglement du bœuf impatient.
Au XIXème siècle, il y avait 5 maréchaux dans la commune de Cendrieux,
mon papa l’a exercé jusqu’à la fin des années 1950. Cette profession existe
encore aujourd'hui dans le milieu équestre, mais sans cet outil : le tramail.
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 65
Ustensiles du temps jadis.
Par Jean-Louis FILET.
Notre amicale, à l’issue de son repas annuel, a été visité le château de
Fratteau. Une agréable visite en compagnie de la propriétaire qui nous a présenté
les lieux. Chaque pièce étant amplement meublée de différents meubles et objet
d’époque. En photo, voici une des pièces, racontée.
On pénètre dans la cuisine :
À côté de la cheminée, la table et ses deux bancs.
66 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Aux alentours de la cheminée.
A droite, dans son récipient : une couade. Une casotte en vieux charentais.
La COUADE est une sorte de louche, dotée d’un long manche tubulaire,
creux et percé sur toute sa longueur, du louchon à la pointe du manche.
Un RECHAUFFOIR.
Réchaud de table en terre blanche à glaçure verte et jaune. Il est composé
d’une base tronconique ajourée, surmontée d’une coupe au rebord mouluré
pourvu d’ergots ponctués de visages humains en pastillage. Les trois anses plates
reliant la coupe à la base sont ornées d’un écu aux armes de France en léger
relief. Période supposée 1480 à 1520. Provient du château de Fratteau où il est
conservé.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 67
HERISSON à bouteilles (vides).
Un CAPUCIN est un ustensile en fer de rôtisserie ayant la forme d’une
petite capuche trouée et fixée au bout d’un long manche. Le rôtisseur se sert du
capucin pour arroser de gras, de graisse ou de jus les viandes ou les volailles en
cours de cuisson
Le CHAUFFE-BAIN est un grand contenant ou récipient en cuivre
rouge ou en fer étamé, parfois lesté, haut, cylindrique, juché sur un pied évasé,
avec un corps pansu surmontant ce pied.
Le corps du chauffe-bain est fermé hermétiquement par un couvercle emboitant.
Il possède deux cheminées latérales coudées qui partent du bas du corps et sont
également fermées par un couvercle. Les cheminées latérales servent à diffuser la
chaleur et ont aussi vocation à amener de l’air frais à la base du brasier,
favorisaient la combustion des braises.
Ceci implique que durant son utilisation, tous les couvercles étaient retirés.
Repositionner les couvercles se résumait à éteindre le foyer.
Deux tiges horizontales qui partent des cheminées les relient au corps central et
servent d’éléments de prise.
68 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Un BOUERADOUR. Cet ustensile est
en fait formé de deux tiges en bois, assemblées
en leur centre et crantées dans leurs bouts. En
tournant vigoureusement cet instrument,
baguettes écartées, dans le ruffadou ou l’oule où
se trouvent les châtaignes ébouillantées et
dégagées de leur première écorce que la seconde
peau se détachait facilement.
On aurait pu aussi voir :
Le CANTOU est une cheminée plus ou moins monumentale utilisée dans
le sud-ouest de la France. Du Moyen Âge au XXe siècle, cette cheminée
constitue l’élément central de la maison paysanne et le centre de la vie de la
famille.
En occitan les termes cantóu ou contóu désignent un coin et par extension, « le coin du feu »
(contóu del fioc)
Le BOUFFADOU (bofador en occitan) est un instrument traditionnel
pour attiser le feu. C'est un soufflet à bouche, long tube de bois dans lequel on
souffle et qui permet de diriger l'air sur un point précis du foyer.
Photos Hélène Sénillon, JLF.
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 69
Vendanges mortelles.
Par Marie BELEYME et Jean-Louis FILET.
Unis pour la vie.
Le 16 octobre 1882 à Bergerac, Jean Vergnon, natif de la ville, âde 23
ans, fils Jean, maitre boulanger et de Françoise Lespinasse épouse Marie
« Vélia » Véry aussi native de Bergerac âgée de 17 ans, fille de Jean, tonnelier et
de Marie Lavergne.
Référence Ad Dordogne EC 1882 M page 108/122.
Fils de boulanger, Jean est maçon. Marie sera toujours appelée Vélia. Ils
sont tous les deux natifs de la ville de Bergerac, naitront leurs dix enfants.
Deux filles et huit garçons dont trois auront une vie très courte.
Eugénie née en 1884, décédée en 1948, un enfant né sans vie en 1886, Alexandre
1887-1917, Roger 1889-1945, Henri 1892-1962, Paul-Joseph 1893-1935, Alfred
70 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
1895-1967, Gabrielle "Nini" 1896-1969, Jean Christian Emmanuel 1901-1916 et
Gabriel René Marcel 1902-1907.
1 - Marie « Vélia » Véry (1865-1929), assise en train de
peler une pomme de terre. C’était une maitresse femme qui
avait la réputation d’être dure.
2 - Jean Vergnon (1859-1929), debout, tient un râteau.
Unis dans la mort.
Après de longues années comme maçon, les voilà propriétaires à Rosette,
dans le nord bergeracois. Début septembre de l’année 1929, les vendanges
viennent de se terminer. Jean, alors âgé de 70 ans pénétra dans la cuve pour
égaliser la vendange, au mépris du danger. La fermentation du raisin, par l’action
des levures, émettant un fort gaz carbonique. Asphyxié, Jean s’écroula. Sans
hésitation, Velia, son épouse, voulut lui porter secours et le sortir de la cuve. La
pauvre femme subit alors le même sort. Lorsque l’on put retirer les deux corps,
c’était trop tard.
Un mois, avant de fêter leurs 47 ans de vie commune.
Ils sont partis ensemble, unis dans la mort.
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Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 71
Wlgrin de Taillefer Henri-François-Athanase.
Militaire – Homme de lettres- Historien - Archéologue
Par Katy DELARUE FRUCHOU.
« Au château de Barrière, le vint trois avril mil sept cent
soixante un est
messire Henri-François-
Athanase de Taillefer
fils naturel et légitime de haut
et puissant seigneur messire Jaque de Taillefer, marquis de
Taillefer et de dame Suzanne Thérèse d’Arlot, marquise
de Taillefer et a été baptisé le même jour. Ont été parrains
messire Henri-François-Athanase de Taillefer, prieur de
Nervis et chanoine de la cathédrale de St Front et a tenu
a sa place messire Louis-Martin de Salignac, maraine
Marie-Thérèse Daufort dame contesse d’Arlot de la
Roque Frugie, ont été présents les sous signés. »
Source : A.D. de Dordogne – Collection communale – Page 121
Étymologie.
Selon la légende, lors d’un combat Guillaume 1er, petit-fils de Vulgrin 1er,
fut surnom Taillefer après avoir pourfendu un chef normand « corps et
cuirasse ». Ce surnom deviendra un nom héréditaire.
Il fera rajouter à son nom Wlgrin, en hommage à son ancêtre Wlgrin,
Vulgrin 1er, qui est placé en 866 à la tête des comtés d'Angoumois, de Périgord
et de la Marche par Charles le Chauve.
Au cours de ses études à Périgueux, il se passionne pour l’architecture et
l’archéologie. Il commence à collectionner des médailles, bronzes gaulois, pierres
72 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
sculptées gallo-romaines… Il les entrepose au château de Barrière à Villamblard,
dans son cabinet de curiosités. Il débute ensuite la daction d’un catalogue de
ses acquisitions numismatiques et archéologiques.
Cependant son père lui rappelle la tradition familiale et il part accomplir
son devoir de chevalier.
En 1790, il fuit en Allemagne. Il est considéré comme émigré, ses biens
sont confisqués et vendus au profit de la nation. A l’avènement de Napoléon, il
revient en France et loue avec sa femme une maison à Périgueux. En 1801, il est
rayé de la liste des émigrés et rentre en possession de ses biens non aliénés. Il
retourne sur les lieux qu’il avait parcourus pour ces recherches et ne peut que
constater que certains édifices ont été détruits, des antiquités volées.
Dès lors, il conçoit le projet d’un manuscrit dans lequel il décrit et
énumère les antiquités, les monuments gaulois puis romains et ceux du moyen-
âge et du christianisme avec une très grande précision. Au décès de son père en
1805, il se résout à vendre le château de Barrière. Il poursuit avec zèle son
engagement pour la sauvegarde des vestiges gallo-romains de Périgueux et achète
les terrains adjacents à la tour de Vésone, à la fois pour en protéger
l’environnement mais aussi dans l’espoir de pouvoir y faire construire un musée.
Toute sa vie, il ne cesse d’acquérir, de rechercher des débris d’inscriptions,
instruments gaulois, cippes, armes, vases, statues, monnaies… Le 9 juin 1804 est
publié « Architecture soumise au principe de la nature et des arts ou essai sur les moyens qui
peuvent rapprocher les trois architectures d’une unité théorique et pratique » accompagné de
6 planches gravées au prix de 10 francs et 15 francs sur papier vélin. En 1821
parait « Antiquités de Vésone, cité gauloise remplacée par la ville actuelle de Périgueux, ou
description des monuments religieux, civils et militaires de cette antique citée et de son territoire,
précédée d’un essai sur les gaulois ».
Avec son ami Joseph de Mourcin (helléniste et archéologue), ils envisagent
les fondements du futur musée d’antiquité qui ne verra le jour qu’en 1835.
« Du trois février mil huit cent trente trois à midi.
Acte de décès de M Henri-François-Athanase Comte Wlgrin de Taillefer, âgé de
soixante onze ans demeurant à Périgueux, maréchal de camp et armée du roi,
chevalier de St Louis, époux en troisièmes noces de dame Elisabeth Geneviève
Brétel. Fils du défunt messire Henri Jacques marquis de Taillefer et de dame
Suzanne Thérèse d’Arlot de la Roque de Frugi.
Né à Villamblard (Dordogne) ledit messire comte Wlgrin de Taillefer, décédé rue de
la nation, hier à quatre heure trois quarts du soir.
Sur la déclaration faite par Joseph de Mourcin, âgé de quarante huit ans, conseiller
de préfecture, membre de plusieurs sociétés savantes françaises et étrangères et […] »
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 73
Source : A.D.de Dordogne – 5 E 317/8 n°23 page 11
Faits militaires :
Le 10 août 1777, il entre comme sous-lieutenant dans le régiment de Royal-
Pologne.
Le 12 juillet 1781, il est nom capitaine du régiment de Royal-Cravates
Cavalerie.
En 1791, le prince de Condé en fait son aide de camp à Worms.
Chevalier des ordres du roi, la Révolution le force à s’exiler : il part se réfugier en
Allemagne, où il effectue toutes les campagnes de l’émigration.
En 1795, il commande une campagne du corps de cavalier de la couronne et est
promu au grade de colonel de cavalerie le 6 janvier 1798.
Le 2 janvier 1817, il est nommé maréchal de camp.
Unions :
Le 31 décembre 1800 avec Marie-Hyppolite BULTE le 20 mars 1812 à
Périgueux
Le 21 février 1814 avec Charlotte Pauline Henriette de LOSTANGES le
16 février 1815 à Périgueux en mettant au monde leur fille
Le 18 janvier 1822 avec Julie Elisabeth Geneviève BRÉTEL
Sources :
Nobiliaire universel de France, ou Recueil général des généalogies historiques des
maisons nobles de ce royaume T14.
Journal des débats politiques et littéraires du 28 juin 1827.
Bulletin de la société royale d’agriculture, des sciences et des arts de Limoges de
1828.
Journal des Arts, des sciences et de la Littérature n° 522.
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74 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
X, la croix hosannière.
Par Bernadette FONDRIEST.
Aujourd’hui, je vais vous parler de la croix hosannière de Sergeac, ce petit
village du Périgord noir, ou j’ai une grande partie de mes racines familiales …
À Sergeac, pour bien de personnes c’est un des monuments totem du
village, celui que l’on voit dès que l’on est en vue du bourg, que l’on arrive par la
route des Eyzies en dévalant la côte ou de Thonac par le pont dans la vallée, elle
trône fièrement au carrefour du chemin qui va au village, telle une sentinelle,
comme si elle protégeait les sergeacois et accueillait l’arrivant !
Elle est la fierté des habitants de ce village et lorsque on est amené, un
jour de le quitter. Cette croix reste dans le cœur de celui qui n’a plus le bonheur
de la saluer chaque jour.
Tout d’abord, pourquoi hosannière me direz-vous ? Qu’est-ce une croix
hosannière ?
Une croix hosannière est une croix où l’on célébrait une partie des
cérémonies des Rameaux, ou l’on chantait le chant de l’Hosanna, cette
exclamation venant de l’Hébreu « de grâce, sauve » qui est aussi une acclamation
de bienvenue, ce qui veut bien dire que cette croix est bien placée.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 75
Mais c’est aussi une croix funéraire et à Sergeac, village templier, on
associe souvent cette croix aux chevaliers de l’ordre du Temple, elle se trouve à
proximité de sarcophages qui eux aussi on les lie aux moines-soldats mais ce
n’est absolument pas le cas puisqu’elle est datée du XVIe siècle, quasiment deux
siècles après la chute de l’ordre.
Mais comment se présente t’elle cette croix, pour susciter ainsi autant
d’intérêt ? Elle est magnifique ! Et elle pourrait par sa beauté, rivaliser avec des
calvaires bretons : En forme de cadre, le Christ en croix est situé entre la Vierge
et Saint-Jean sous un dais. La Vierge porte l'Enfant Jésus, entre deux
personnages debout sous un dais. Dans l'accolade, un ange drapé. Sous la croix
et la Vierge, se trouvent Adam et un ange drapé. Elle surmonte une colonne
carrée et un socle en pierres de taille.
Ainsi la croix de Sergeac embellit par sa présence ce village recueilli au
fond de la vallée tapi au bord de la Vézère et ou un autre site veille sur lui et ses
habitants, du haut de sa colline depuis le fond des âges, le site de Castel-Merle !
Le site de Castel Merle.
Collier ornemental, époque Magdalénienne.
Collection Castanet.
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76 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Yves Guéna et la Dordogne.
Par Geneviève COULAUD.
Sa vie
Yves René Henri voit le jour à
Brest le 6 juillet 1922 dans une famille
modeste, fils d'Yves Guéna et
d'Eugénie Kernaléguen. Il fait sa
scolarité à Brest puis à Rennes.
A 19 ans, il entre dans la
résistance et rejoint le Général de
Gaulle. A la fin de la guerre, alors qu’il
est en convalescence à l’hôpital militaire
du Val-de-Grâce, il rencontre Oriane de
La Bourdonnaye-Blossac, la fille du
comte Alphonse de La Bourdonnaye-
Blossac et d'Élisabeth de La Panouse. Il
l’épouse, le 23 juillet 1945.
Ils ont sept enfants : cinq fils et deux filles, et la famille s'installe au
château de Chantérac en Dordogne d'où est originaire Oriane de La
Bourdonnaye.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 77
Il sera successivement, haut fonctionnaire, homme politique, écrivain et
résistant français. Il est commandeur de la légion d’honneur, croix de guerre
1939-1945 et médaillé de la résistance.
Périgueux.
De 1967 à 1969, il est ministre des postes et télécommunications sous la
présidence du Général de Gaulle.
Elu député de la Dordogne, il devient ministre des PTT dans le
gouvernement Pompidou dès 1967 et ne devait cesser de mener ces deux
parcours parallèles, selon sa formule, "la tête à Paris, les pieds en Dordogne".
Entre 1962 et 1981, Yves Guéna est député de la circonscription de Périgueux.
Le 15 juin 1970, alors qu’il est conseiller général de la Dordogne, il
inaugure l'imprimerie des timbres-poste et des valeurs fiduciaires à Boulazac,
dans une zone industrielle proche de Périgueux. Le premier timbre imprimé sur
ce site est la Marianne de Cheffer.
En mars 1971, il est candidat pour la seconde fois aux élections
municipales à Périgueux face à deux listes de gauche. Sa liste arrive en tête au
premier tour, obtenant 75 suffrages de plus que la liste de la gauche non
communiste arrivée en deuxième position. Le 21 mars 1971, il est élu maire de
Périgueux. Il sera élu quatre fois, en 1977, 1983, 1989, 1995… (obtenant
souvent près de 60% des voix). Lors de sa mandature, il procède à la
rénovation de la ville (réaménagements de quartiers, pavage de rues, etc.). Il
crée le Festival international du mime Mimos en 1983, le salon international du
livre gourmand avec l'aide de son adjoint à la culture Xavier Darcos. En janvier
1997, il quitte ses fonctions de maire à la suite de sa nomination au Conseil
constitutionnel par le président du Sénat René Monory.
Xavier Darcos est élu maire à la suite du vote du conseil municipal.
Il décède le 3 mars 2016 à
Paris et repose avec son
épouse dans le cimetière de
Chantérac en Dordogne.
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78 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Z, l’étranger assassiné.
Par Sabrina PLESSIS.
.
Saint Vincent Jalmoutiers le lundi 2 juillet 1810 10h :
La cloche de l’église Saint Vincent sonna indiquant une urgence. La
population de ce petit village de 360 âmes accourut. Un homme essoufflé peinait
à s’exprimer :
« Létranger, il est mortlà-bas près du Cros de la Cane, c’est horrible il a
été battu à mort. ».
''Au nom et prénom, imprononçable que tout le monde préférait l’appeler «
Z
».
Les gendarmes de Saint-Aulaye, avertis par un habitant du village venaient
d’arriver près du corps de Zinovyi Zlavenstov, constatant effectivement qu’il
s’agissait d’un meurtre. Un des gendarmes demanda qui était cet homme. Pierre
Boudesac lui répondit que c’était un étranger arrivé avec les troupes
napoléoniennes qui vivait depuis dans l'indigence glanant quelques travaux dans
les fermes contre gîte et couvert. Pierre ajouta qu’il avait aperçu ce matin aux
aurores un homme nommé Jean Faurie sortant du bois avec une hache et une
brouette.
Lhomme de loi qui menait l’enquête ordonna qu’on lui amène le suspect.
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 79
Jean Faurie, qui ignorait la mort de « Z », l’étranger, se demandait
pourquoi on était venu le chercher aux champs. Il nia le fait quil était dans la
forêt ce matin-là, mais refusa d’en dire plus sur l’endroit il se trouvait cette
nuit. Le gendarme le fit emprisonner immédiatement sans plus d’explication.
Quelques semaines après, on le fit transporter au tribunal. Le juge allait
rendre son verdict : « Accusé levez-vous ! Après les constatations des gendarmes
et l’étude des faits, l’accusé Jean Faurie … » Un brouhaha se fit alors entendre
dans le fond de la salle. Une matrone tirait une pauvre fille par la manche.
« Allez, parle, c’est le moment ! » La fille devint toute rouge. « - Ce n’est pas lui,
M. le juge ! ». Une voix s’éleva « Ce n’est pas po po possible ! -Tais-toi le
bègue ! » lança la matrone, « allez ma fille continue ! » - « Il était avec moi, M. le
juge ! Dans la grange à Marti…toute la nuit ! Ce n’est pas lui j’vous dis ! ». Le
juge devint tout blanc. « Séance ajournée ! MM. les gendarmes, libérez l’accusé !
Lenquête était donc au point mort après les révélations de Marie. Son
alibi sauvait le présumé coupable. Qui avait donc tué ce pauvre Z, blessé à la
jambe durant la dernière guerre de Napoléon conservant une forte claudication.
Marie avait-elle dit la vérité ? Avait-elle été payée pour faire cette déclaration
fracassante qui innocentait Jean Faurie certes, mais donnait à la jeune fille une
réputation qui la suivrait toute sa vie ! Elle fut convoquée à la gendarmerie pour
un interrogatoire. « Marie, vous avez déclaré que vous aviez passé la nuit avec le
Sieur Faurie, avez-vous dit toute la vérité ? ». La jeune fille regarda ses pieds,
triturant nerveusement sa jupe. Elle répondit d’une voix mal assurée « c’est la
vérité M. le gendarme ! ». Il la mesura du regard un moment puis « Vous savez
que vos déclarations doivent concorder avec ce que nous dira le Sieur Faurie !
Allez, vous pouvez sortir ! ». La jeune fille, les larmes coulant sur ses joues, se
dirigea vers la porte. « Qu’on amène le prisonnier ! » clama le gendarme.
Le Sieur Faurie apparut dans l’embrasure de la porte ne sachant pas ce
qu’il allait advenir de lui, il était terrorisé, affaibli, et tout crasseux de ces
semaines passées au cachot. Le gendarme l’interrogea sans ménagement, même
80 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
si le jeune journalier lui faisait bien de la peine, il n'avait pas le choix, il lui fallait
démêler cette histoire au plus vite !
« Alors mon garçon, nous te savons coupable, tu vas nous dire ce
que tu faisais cette nuit-là ! Parle ! ». Le jeune homme baissa la tête et
balbutia quil était allé voir une jeune femme quil appréciait et qu’il comptait
épouser « Comment s’appelle cette personne ? ». Il répondit timidement, gêné
que l’on s’introduise dans son cœur : « Marie Boudesac ».
Pendant ce temps, Marie, âgée de 17 ans, songeait à son cher Jean, à leur
première rencontre l’an passé quand il était venu aider son père pour la récolte.
Elle en était tombée follement amoureuse. Elle suspectait son frère Pierre d’avoir
découvert leur relation et de l’avoir dénoncée pour s’en débarrasser. Elle devait le
sauver, lui le courageux Jean devenu soutien de famille au décès de son père, si
courageux travaillant dans les fermes environnantes pour nourrir sa mère et sa
sœur. S’il mourait qu’adviendrait-il d’elle qui venait de découvrir qu’elle portait
leur enfant ! Elle traversa le petit bois qui bordait les terres de ses parents pour
aller chercher l’aide de sa cousine Pétronille qui avait épousé un notable du
village. Lui, pouvait l’aider. Pétronille répondit qu’elle en parlerait à son époux.
Le gendarme menait des recherches sur M. Z. qui avait été tué. Arrivé
depuis quelques mois dans la région, personne ne savait d’il venait, ni qui il
était auparavant. Ce qui avait attiré l’attention du gendarme lors de la découverte
du corps du malheureux était la rage avec laquelle les coups lui avaient été portés.
Son corps était quasiment méconnaissable tant les coups avaient été violents, des
hématomes le recouvraient.
Il fallait maintenant qu’il interroge tout le village, et il se disait qu’en ce
dimanche, il aurait des chances d’apprendre certaines choses à la sortie de la
messe. Il se dirigea donc vers la petite église, bien décidé à soudre cette énigme
qui le hantait, car durant ces nombreuses années de carrière, jamais de telle
horreur il n’avait vu.
En ce beau dimanche de juillet régnait une chaleur étouffante. A la sortie
de l’église, les conversations allaient bon train, mais à la vue du gendarme tous se
turent. En effet, ce dernier, qui venait du village voisin n’avait pas les bonnes
Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020. - 81
grâces de ces paysans qui le trouvaient froid, et de plus il avait emprisonné le
pauvre Jean Faurie qui était à leurs yeux un garçon très courageux et toujours
très gentil.
Un homme prit pourtant la parole, le Sieur Sicaire Lantignac, l’époux de la
cousine de Marie, dont la femme lui avait demandé d’aider Jean. Il s’avança vers
le gendarme :
- Bien le bonjour, Monsieur le Brigadier, votre enquête avance-t-elle ?
- Bonjour Sieur Lantignac, j’ai un suspect sous les verrous.
Il se doutait bien que la population voulait défendre le Sieur Faurie, et
qu’en laissant croire qu’il le croyait coupable, il obtiendrait des vélations. « Oh,
oui, nous savons que vous considérez le jeune Jean comme coupable, mais
sachez, cher Monsieur, que vous commettez une grave erreur, il est innocent !
C’est un jeune garçon très honnête, contrairement à cet étranger, qui lui était un
homme peu recommandable, certes ancien soldat, blessé de guerre, mais aussi un
ivrogne, qui n’avait pas bonne réputation ici ! ».
Le gendarme scruta la foule qui s’agitait. Il remarqua une très jeune fille
cachée derrière son frère et ses parents. Elle peinait à cacher des ecchymoses au
visage. Le gendarme se demanda la raison de ces marques de violence. Ses
parents, des fermiers du coin qui avaient cinq enfants paraissaient de bonnes
gens. Le frère aîné de la jeune fille, baissant la tête, demanda :
- Qu'arrivera-t-il à Jean ?
- Il risque la peine de mort !
- Non, s’écria le jeune homme rouge et en sueurs, ce Z. était un porc !
- Vous avez l’air de bien connaitre cet homme, passez à la gendarmerie dès demain.
Le jeune homme regretta tout à coup d’avoir parlé, il avait peur, mais il ne
voulait pas qu’un innocent soit tué, il répondit à l’ordre du Brigadier. Dans le
bureau, l’interrogatoire commença :
« -Mon garçon, quel est votre nom, âge et profession.
- Jacques Despoujol, répondit-il, j’ai environ 25 ans. Je travaille sur la ferme de mes
parents.
- Que savez-vous de cette histoire, Despoujol ? »
82 - Lou Péri Doc – Challenge AZ 2020.
Le jeune homme baissa la tête, perdu dans ses pensées puis se mit à
pleurer.
« - Je sais que Jean est innocent, je le sais car c’est moi qui ai tué cet homme, que dieu
me pardonne ! Oh seigneur, je n’avais pas le choix. » Pleura-t-il.
Jacques donna les détails de cette sordide affaire, la vue de cet infirme ivre
essayant d’abuser de sa jeune sœur, les cris de celle-ci…On libéra Jean, à présent
innocenté…
DR.
Quelques mois plus tard, se tint le procès au tribunal de Bergerac, tous
les habitants étaient venus soutenir le garçon de leur village ! Dans la salle, pas un
bruit, pas un souffle ! On fit venir à la barre l’accusé tremblant de peur, blême, il
expliqua son geste, il dit qu’il ne pouvait faire autrement, la vie de sa sœur, une
enfant, en dépendait. Le gendarme fut aussi interrogé, et il demanda que le jeune
homme soit relâché expliquant qu’il avait agi pour éviter un crime. D’autres
habitants du village furent interrogés sur les deux hommes, et chacun d’entre eux
ne dirent que du bien sur Jacques : un gars courageux, gentil, contrairement à
l’étranger un ivrogne, violent, qui n’était pas bien hardi au travail de la terre.
Après les délibérations, le verdict allait être rendu ; l’assistance retint son
souffle, les femmes priaient en silence. Soudain la voix du président de la cour
retentit : « Accusé Jacques. Despoujol, compte tenu des éléments du dossier et
les témoignages, il apparaît que vous avez agi pour sauver une victime
d’agression. Ce sont des circonstances atténuantes, ce pourquoi vous êtes
acquitté. Qu’on libère le citoyen Jacques Despoujol ! »
Des cris de joie retentirent dans la salle, la mère de Jacques le prit dans ses
bras, heureuse de ramener son fils à la maison. Jean et Marie se marièrent et
eurent un petit garçon ! Quant au dénommé « Z ». Il fut vite oublié au fond du
coin des indigents du petit cimetière de Saint Vincent.
Ceci est un texte de pure fiction. 
Lou Péri Doc Challenge AZ 2020. - 83
84 - Lou Péri Doc Challenge AZ 2020.
Mars 2021
Numéro hors série 11