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Challenge AZ novembre 2018 - Amicale Genea24.
26 personnages de Dordogne - Périgord.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Amicale GENEA24.
Editorial.
Pour la deuxième année, l’amicale a participé en novembre au challenge AZ. Le
but étant de proposer tous les jours un article dont le titre doit correspondre à une
lettre de l’alphabet. Au plan national, 85 personnes s’y sont à nouveau inscrites. Notre
participation s’est faite de manière collective, 16 membres ont écrit un ou plusieurs
articles publiés chaque jour de novembre, sur le blog de www.genea24.fr.
L’an dernier, L’amicale avait présenté 26 personnages publics de la Dordogne.
Cette année le thème était «Mon ancêtre de la Dordogne». Un thème un peu plus
personnel mais pas toujours facile. Si pour certains ce fut avec facilité pour d’autres
avec plus de sueurs froides car moins habituées à écrire, mais toujours très enrichissant.
Certaines lettres sont cependant difficiles à réaliser. Le U et le W nétant pas des
ancêtres, juste des personnages de passage en Dordogne au cours de la seconde
Guerre.
L’occasion de parfaire sa connaissance en approfondissant les recherches plus
ou moins lointaines. La satisfaction pour tous d’avoir fait connaitre des histoires
familiales vivifiantes, variées ou parfois tristes.
CHALLENGE RÉUSSI.
Un grand coup de chapeau à ceux et celles qui ont osé,
et rendez-vous l’an prochain.
Jean-Louis FILET.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Lou Péri Doc
Bulletin généalogie et histoire de Dordogne-Périgord, entraide et partage.
Association « Amicale Genea24 » fondée en 2014. Siège social : Bergerac 24100.
Site Internet : www.genea24.fr Mail : contact@genea24.fr
Revue numérique, gratuite, semestrielle.
Numéro spécial complémentaire du numéro 7.
Directeur de la publication : Lionel Filet.
Rédacteur en chef : Jean-Louis Filet.
Ont collaboré à ce numéro : Mireille Berger, Marie-Paule Bertrand-
Blanchard, Geneviève Coulaud, Sylvie Debut, Bernadette Fondriest,
Maryse Grenier, Patrick Lahoudie, Julien Liut, Nicole et Catherine
Monville ; Annie Alice Mounier, Marie Thérèse Puyrinier Wachet, Marie
Hélène Roubinet, Jérôme Rougier, Catherine Teillac, Françoise
Villechenoux.
Sommaire :
05 - Alonzo PETRA (GC),
08 - BERTRAND Jean dit Henri (MPBB),
11 - CHABANNE Elie (BF),
13 - DAILHAC Thomas (GC),
17 - ESCORNE Félix(AAM),
21 - FILET Pierre Philémon (JLF),
23 - ENIER Pierre (MG),
26 - Henri BOISSEAU (SD),
29 - Ida FILET (JLF),
31 - JACOUTET (AAM),
37 - KUNCHS (MHR),
39 - LASSERRE (MB),
44 - Marie ISSANDIER (NSM),
46 - Nicolas RAMBOURG (JL),
52 - ORTHION Marguerite (FV),
54 - PUYRINIER Joseph Arnaud (TPW),
57 - QUEYREL(MG),
59 - ROUGIER Hilaire (JR),
64 - SUDREAU (MPBB),
67 - TEILLAC Jean (CT),
69 - URBAN (JLF),
71 - VINATIER Gabrielle (GC),
74 - WORMS jean (JL),
78 - X nommé Martial Décembre (JLF),
82 - YSSASSIS Silbério (PL),
86 - ZAIDA Dalhiac (GC).
Crédit photo : Auteurs des articles, Archives départementales de la
Dordogne. Site Bnf Gallica Wikipédia.
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Par Geneviève COULAUD.
ALONZO Pétra,
la grand-mère espagnole.
Du plus loin que je me souvienne, mon grand-père Laforêt nous parlait de son aïeule espagnole.
Que de regrets de ne pas l’avoir questionné ! Mais nous les petits-enfants,
pensions qu’il radotait un peu.
Lorsque je me lance dans la généalogie, maman me rappelle cette histoire, en
me précisant que c’était certainement dans la famille de Villamblard. A la recherche du
mariage de Pierre Barbary, j’épluchais les registres lorsqu’un nom attire mon regard :
Alonzo ! Je parcours l’acte et m’aperçois qu’il s’agit du mariage de Pierre Barbary (mon
ancêtre) et de Pétra Alonzo, née en Espagne. Heureuse de ma découverte, elle existait
bien cette « mémé » espagnole, mais comment était-elle arrivée au « fin fonds « du
Périgord blanc au début du 19e siècle ?
Pétra Paula Alonzo voit le jour le 30 Juin 1784 dans la paroisse de San Andres à
Valladolid Espagne. Elle est la fille de Nicolas Alonso et de Jeanne Macias qui se marient
le 17 septembre 1773 à San Andrès de Valladolid, ils décèderont en 1809 à deux mois
d’intervalle dans un hôpital à Valladolid, suite à une forte épidémie de fièvre typhoïde.
Nicolas est fils de Basilio Alonzo et d’Antonia Santos, Jeanne, d’Antonio Macias et d’Ana
Espinosa.
Ils auront 9 enfants, 2 filles et 7 sept garçons.
- Santiago ALONSO MACIAS né le 25 Juillet 1774 à San Pédro de Valladolid
- Rosendo né le 03 mars1776 à San Pédro
- Augustin né le 02 Septembre 1781 à San Pédro
- Pablo né le 15 Janvier 1783 à San Andrès de Valladolid
- Pétra Paula née le 30 juin 1784 à San Andrès
- Juan Pablo né le 26 Juin 1788 à San Andrès
- Maria Aquilina Alonso née le 06 Janvier 1790 à San Andrès
- Pablo né le 15 Janvier 1793 à La Ascuncion Valladolid
- Lauréano né le 24 juillet 1794 à La Ascuncion ViIllabanez Valladolid
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Il y a beaucoup d’inconnu dans sa vie, entre sa naissance, sans doute a-elle-vécu à
Valladolid avec sa famille, et sa vie à Villamblard.
En 1809 elle accouche à Oropéza en Espagne d’Antoine, fils de Pierre Barbary. Son futur
époux, Pierre était sans doute militaire, raison pour laquelle il se trouvait en Espagne
pendant les guerres napoléoniennes. Peut-être était-il dans le IIème corps de l’armée
française qui était cantonné dans la région d’Oropéza.
En 1816, on retrouve le couple à Villamblard à la naissance de leur deuxième enfant.
Pierre et Pétra se sont mariés à Villamblard le 8 décembre 1824, de cette union naitront
5 enfants : 1 en Espagne, Antoine et 4 à Villamblard : Pierre en 1816, Anne en 1819,
Jeanne en 1822 et Pierre en 1826.
Seul Pierre est né après le mariage de ses parents.
Mariage d’Antoine en le 22 septembre 1834 à Montagnac-la-Crempse avec Françoise
Bourbon.
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Pétra décède à Villamblard le 15 mai 1834.
En 1836, Pierre vit avec ses 4 enfants. Il est tailleur avec son fils Pierre comme l’indique
le registre de recensement.
Pierre Barbary, fils de Pierre et de Pétra Alonzo, naquit à Villamblard en 1816, il épouse
Marie Célérier, ce sont les grands parents de Louis Laforêt.
Une de leur fille, Louise, voit le jour le 4 août 1852
à Villamblard, elle épouse Louis Laforêt,
Ils auront 4 enfants :
- Louise née en 1883.
- Marie Anne née et décédée en 1884.
- Marie Louise née en 1885.
- Louis mon grand-père maternel né en
1888.
De père en fils, les hommes étaient
tailleurs d’habits et leurs épouses
couturières ; Louis, mon grand-père sera
militaire puis viticulteur.
Église de Villamblard.
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Par Marie Paule BERTRAND-BLANCHARD.
BERTRAND Jean dit Henri,
mon grand-père.
Sur sa Fiche Matricule, son degré
d’instruction est « 3 », Henri sait donc
lire, écrire et compter. Ecrire, est un bien
grand mot pour ce grand-père qui les
aligne, les uns derrière les autres sans
grammaire ni ponctuation ni
orthographe. Il mélange allègrement
patois, français, il chuinte, les J et les S
sont des CH, il écrit comme il parle.
Quand un mot est trop compliqué pour
lui, il ne le termine pas ou ce sont des
fins de phrases qui restent en
suspens …. A moi de deviner, de prendre
la loupe, de mettre dans tous les sens
de cette lettre afin de lire et
comprendre. J’avoue qu’après la lecture
des trois premières cartes non écrites
par Henri, j’ai failli abandonner.
Ma curiosité m’a poussé à lire
plus de 800 lettres destinées à Maria,
ma grand-mère. Elle avait mis son trésor
dans une boite en fer : lettres, cartes
postales, cartes de correspondance,
classées date par date, année par
année, chaque paquet minutieusement
ficelé avec de la laine noire. Ces lettres
auraient pu être jetées, brûlées lors des
divers aménagements de la maison
familiale et le décès de Maria en 1968.
Elles sont restées au grenier, puis
descendues dans un buffet, mises dans
une armoire et sont arrivées chez moi
sur une étagère attendant que je veuille
bien en commencer la lecture, un
jour. .Ce que jai fait, il y a environ 5 ans.
Henri en 1903
Ce que je sais et ce que je
connais de mon grand-père Henri vient
la seule lecture de ces lettres écrites au
front et pendant loccupation de
l’Allemagne, pendant un peu plus de
quatre années à faire « mon métier de
soldat et que jy suis obligé » écrit-il.
Comment ne pas admirer cet homme
qui par amour pour sa femme lui envoie
toutes ces preuves de vie ?
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Ma fastidieuse lecture
commence par une carte-lettre du 5
Août 1914 et se termine par une
dernière lettre datée du 18 Février
1919. Japprends à lire ce paysan qui me
fait plus souvent pleurer que rire. Henri
laisse filtrer parfois un peu d’humour
mais ne cache pas à sa femme son
anxiété, sa colère, sa peur, son cafard. Il
se raccroche au Bon Dieu et prie tous les
jours, demande dans toutes ses lettres à
Maria den faire autant, « de faire brûler
un cierge », d’aller à la messe. Dieu le
protégera et leur permettra de « se
retrouver ensemble à Champagnac ».
Henri est à la guerre mais son
inquiétude porte sur la métairie laissée
à Maria, à sa mère et à sa belle-sœur.
Comment vont-elles faire ? Laide vient
de la famille de Maria, des voisins et des
frères revenus en permission.
Ces années d’écriture
assouplissent le poignet d’Henri,
l’écriture est plus fluide qu’il emploie le
crayon à papier, le crayon mauve, le
porte-plume et même le stylo-plume,
sans pour autant corriger ses fautes !
Jean dit Henri naît le 21 Avril
1883 au village de Fialarge de
Champagnac-de-Belair ses parents
Pierre et Pétronille LAFAYE sont
métayers chez ESPES-LESCAT. Pierre, bon
métayer, reçoit la Médaille d'Honneur
Agricole en 1901. Henri est le dernier
d’une fratrie de sept garçons.
Pétronille a 17 ans lorsqu’elle
donne le jour à son premier enfant :
Jacques le 27 Janvier 1870 à
Verneuil. Il décède le 16 Mai de
la même année.
Puis naît aussi à Verneuil :
Léonard dit Jacques, le 29 Juillet
1871.
La famille loue la métairie de
Fialarge et naissent dans ce hameau :
Jacques dit Louis, le 22 Octobre
1873. Il décède en 1899.
Jacques dit Bertrand puis
Jacquillou le 22 Octobre 1875
Geoffroy dit François le 3
Novembre 1877.
Pierre dit Emile, le 22 Avril 1881.
Henri, 8 ans en 1891 n’est pas un
élève assidu dans cette nouvelle école
mixte de Champagnac-de-Belair,
inaugurée vers 1890. Pourtant la famille
BERTRAND habite à Saint-Marc, hameau
en haut du bourg, sur la route de Villars.
Il fait comme tous les autres écoliers, fils
de paysans qui restent aider à la ferme.
Ses frères nés apprennent aussi à
lire et à écrire, pour certains, dans
l’ancienne école de garçons qui abritera
plus tard les locaux de la poste. Ce peu
d’instruction leur permet de
correspondre avec leur famille, leurs
amis et entre eux sur le front. Ce
courrier, ces nouvelles, ce lien familial
entretenu au fil des jours, des années,
les aide à rester « aux tranchées » et à
espérer le retour au pays « en attendant
que cette maudite guerre se termine
pour qu'on se retrouve tous ensemble à
Champagnac, comme on était avant,
qu'on était si heureux ».
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Henri épouse à la mairie de
Champagnac, le 9 Avril 1910 Marie dite
« la petite Maria ». Elle vient des
Brageots, hameau de Saint-Crépin-de-
Richemont ses parents Barthélémy
FAYE et Antoinette MATHIEU sont
propriétaires-cultivateurs. Le couple
s’installe à la métairie du Petit-Mars qui
appartient à la famille BARBY, où naîtra
leur seul fils Paul-André le 14 Août 1918,
mon père. Pétronille, belle-mère de
Maria, vit avec le jeune couple. Léonard
dit Jacques et son épouse « la grosse
Maria », sont aussi métayers au Petit-
Mars.
Maria
En ce début du mois d’Août
1914, le tocsin sonne à Champagnac,
Henri, ses quatre frères et tous leurs
camarades savent qu’il faut partir
rejoindre leur caserne. A-t-il pris le tacot
à la petite gare de Champagnac ? Maria
l’a-t-elle accompagné jusqu’à Brantôme
ou Périgueux ? Sur le quai de quelle
gare se sont-ils serrés dans les bras une
dernière fois et ont-ils pleuré
ensemble ? Est-ce à ce moment-là que
Maria lui demande de lui écrire le plus
souvent possible ?
Ses frères sont tous déjà revenus
dans leur foyer lorsqu’Henri retrouve
Maria au Petit-Mars le 1er Mars 1919.
La guerre les a tous épargnés.
Henri
Je retrouve Henri ainsi que
Jacques, Léonard et François (Emile
réside à Brantôme) lors d’une réunion
de l’Union Nationale des Combattants,
section de Champagnac-de-Belair à
l’assemblée Générale du 9 septembre
1919 qui a pour but de fonder une
association. Un bureau est formé, Henri
est nommé assesseur.
Dans mes papiers de famille, je n’ai pas
retrouvé d’écrits d’Henri si ce n’est une
signature apposée sur divers
documents. Je pense qu’il n’a plus
jamais écrit de lettres.
Il décède le 3 Octobre 1939 au
hameau de Cheynoux de Champagnac
dans la maison qu’il avait achetée en
1928 « à la bougie ».
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Par Bernadette FONDRIEST.
CHABANNE,
la double vie d’Elie prêtre.
Elie Chabanne, fils d'Antoine Chabanne et de Françoise Aubarbier est un enfant
d'une famille de notables. Ses parents ont le titre de Sieur et de Demoiselle portés sur
son acte de naissance ! De même son grand-père Arnaud Chabanne était Sieur de
Lacoste. D'après mes recherches, la famille a des liens de parenté avec la famille de
Hautefort. Elie est né à Four de Marty sur la commune de Bars le 5 février 1768.
Acte de naissance d'Elie !
http://archives-num.dordogne.fr/pleade342/img-viewer/etat-
civil/Bars/FRAD02410_5MI07004_002/viewer.htmlte p 200/546
Sixième d'une famille de neuf enfants et troisième fils vivant, comme dans
beaucoup de famille de notables à cette époque, les Chabanne, n'eurent sans doute pas
d'autre choix que de diriger Elie vers la prêtrise pour lui donner une condition sociale.
a t’il exerson ministère ? Nous l'ignorons. Il est vrai que nous retrouvons
à La Bachellerie un prêtre du nom de CHABANNE. S’agit-il de la même personne mariée
le 06 avril 1832 à Bars avec Marguerite Bernard ?
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En déchiffrant l'acte, on va de surprises en surprises. Non seulement il se marie,
mais on lui découvre deux enfants de vingt-six ans et vingt-quatre ans ! Ces deux
enfants sont nés à Bars dans la propriété Puy Peyroux : Marie en 1806 et Pierre en 1808.
Ils sont déclarés en 1811 à la mairie de Fanlac. Elie Chabanne Claude est déclaré alors
cultivateur. Il mentionne être le père de ces enfants et Marguerite Bernard, sa servante,
en être la mère.
Deux enfants Pierre et Marie Chabanne dont ci-après l’acte de mariage de la fille
Marie avec Guillaume Lafaysse le 05 10 1826 son cousin germain (la re de Guillaume
était la sœur d’Elie)
Extrait de l’acte de mariage de Marie Chabanne. Référence Ad 24 Bms Bars.
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Par Geneviève
COULAUD.
DAILHAC Thomas,
Soldat de Napoléon.
Sa vie
Thomas Dailhac voit le jour à Bergerac le dimanche 07 novembre 1784. Il est le fils de
Bernard, marchand et Marie Jats. Il sera baptisé protestant avec pour parrain, son grand père
Thomas Jats et pour marraine Marie Dailhac sa tante.
Il va exercer la profession de
marchand et de succession en succession
enrichira le patrimoine de sa famille.
En 1806, il est militaire au
régiment d’infanterie de ligne, il est nommé
caporal le 1er janvier 1807 et participe à la
campagne de Calabre (royaume de Naples)
en Italie ; il est nommé fourrier le 6 février
1808 puis sergent, il suit alors son régiment
en Allemagne. Le 1er janvier 1810 il passe à
la 30 légion de gendarmerie impériale, il est
alors brigadier à cheval.
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Le 22 juin 1814, il reçoit du maréchal d’empire Moncey, l’autorisation de quitter l’armée
et de se retirer à Bergerac, il a 30 ans.
Le 18 décembre 1817 Thomas épouse Marie-Rose Blanchard.
Deux enfants voient le jour de cette union :
Bernard, le 23 novembre 1818,
Jean Daniel (mon ancêtre) le 10 septembre 1820.
Marie-Rose décède 23 septembre 1820, deux semaines après la naissance de Jean
Daniel. Bernard décède le 23 novembre 1827, Jean Daniel hérite avec son père des biens de sa
mère ainsi que de la sœur de celle-ci décédée.
Thomas ne reste pas longtemps veuf.
Il épouse à Colombier,
Le 07 janvier 1822,
Marie-Sophie Lacoste.
Signatures des mariés et témoins
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Ils ont 4 enfants, tous nés à Bergerac dans la « Grand’Rue »
Marius le 29 novembre 1822, commis banquier, célibataire, il décède à Bergerac le 31
mars 1869 ;
Rose dite Marie Rose le 08 juin 1825 ;
Marie dite Marie Zaida le 25 novembre 1828 ;
Elida, dite Marie Elida le 22 septembre 1833 ;
Marie Rose et Marie Zaida, restent célibataires et vont tenir une mercerie.
Thomas décède le 19 mai 1859 à Monbazillac. Il a soixante-quinze ans.
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Les successions
Thomas hérite de sa mère Marie Jats d’un vignoble sur la commune de Monbazillac à la
Gueylardie.
Marie-Rose cohéritière avec sa sœur hérite d’une maison à Bergerac rue du Mourier, de
divers mobiliers et sommes d’argent. Cette maison sera vendue à son décès.
Avec l’héritage des parents de Marie Lacoste, le couple achète une maison place de la
sous-préfecture (actuellement place Gambetta) ; puis en 1824, le moulin de Malfourat ainsi
qu’une maison et des pièces de vignes à Monbazillac.
Seul Jean Daniel et Marie Elida auront une descendance. Jean Daniel aura une fille
unique, mon arrière-grand-mère Marguerite, et Marie Elida un fils Daniel Morel qui décèdera
célibataire.
De nombreuses et
laborieuses transactions et
donations ont été nécessaires
pour arriver à la transmission de
ce patrimoine à travers les
générations. Au fil des années,
les terrains acquis par Thomas et
son fils Jean Daniel seront
morcelés et revendus ; il ne reste
de cet héritage, aujourd’hui, que
la maison de la place Gambetta.
L’essentiel se trouve
dans cette liasse de papiers,
trouvée dans un tiroir, sans
doute écrits à la fin du XIXè
siècle.
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Par Annie Alice MOUNIER.
ESCORNE Félix.
Mon arrière-arrière-grand-père est
le 3 aout 1844 au Bugue (Dordogne) Il
était au moins la 5ème génération de Félix,
là où j'en suis.
Ses parents étaient Félix Elie
ESCORNE (1814-1846) et COLOMBET Marie-
Jeanne dite Cadette" (1817-1896) sur
laquelle nous reviendrons.
La famille ESCORNE était
majoritairement des menuisiers, sergeurs,
tisserands, mais aussi maréchaux-ferrants,
forgerons, il se trouve même un vétérinaire.
Tous signaient déjà en 1739 pour le plus
ancien Sosa connu actuellement de cette
lignée, très nombreux il est difficile de
cerner qui est qui, mêmes prénoms, mêmes
patronymes !
Je n'ai connaissance que d'une
sœur de Félix, cependant témoin du contrat
de mariage de son demi-frère, Jean
GUARRIGUE issu du second mariage de leur
mère : Marie-Jeanne COLOMBET avec
François GUARRIGUE, propriétaire
agriculteur également.
ESCORNE Félix, dit
Dondé 1739 son arrière arrière-grand-père.
Le couple n'a eu que 2 enfants à ma
connaissance, Berthe mon arrière-grand-
mère (1872-1948) et Marie Blanche (1876-
?) qui ne dut pas vivre longtemps car je n'en
ai aucune trace par la suite.
Félix E. en 1864.
VINT L'HEURE DE SON ENGAGLEMENT
MILITAIRE
A l'âge de 20 ans, Félix partit au
régiment probablement en 1864.
J'apprends donc sur son contrat de
mariage qu'il était en 1871 soldat au
septième régiment de hussards, en
garnison à Castres, et renvoyé dans ses
foyers comme étant versé dans la réserve.
De ces 7 ans d'armée et probablement de
guerre, puisqu'il y a eu des conflits dans ce
laps de temps, ce que j'ai pu en constater,
c'est qu'à 20 ans j'ai un très beau jeune
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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homme en photo et en 1871 une photo en
soldat,
Où, physiquement il semble
marqué, ayant même une calvitie
importante alors qu'il n'a que 27 ans. Qu'a
t'il vécut ? A t’il été prisonnier en Allemagne
comme je l'ai lu concernant ce 7e bataillon
de Hussards ? J'ai bien peur de ne pas avoir
la réponse à temps pour vous le faire savoir,
venant juste de lancer une demande afin de
retracer son parcours militaire.
Je n'ai collecté pour l'instant que ce résumé
concernant ce dit 7ème régiment de
hussards.
Talleyrand est promu Lieutenant-
colonel au 7ème Hussards le 05 août 1869.
Il était père d'une petite Charlotte-Louise-Marie-
Thérèse depuis le 4 Juin.
Il participe à la guerre de 1870 - subira le sort de
l'Armée de Metz et partira en captivi en
Allemagne, on le croise sous la plume de
Henri Choppin, dans son "Journal de captivité
d'un officier de l'armée du Rhin (27 octobre
1870-18 mars 1871)" : "Beaucoup d'anecdotes
viennent sous ma plume pour compléter le
tableau de la désolation de ce camp de toutes
les misères. Je n'ai pas le courage de
l'entreprendre et, en attendant des temps
meilleurs, me plonge dans les Rêveries du
maréchal de Saxe, que le lieutenant-colonel du
7e de hussards, M. de Talleyrand- Périgord, a eu
l'amabilité de me prêter."
L’historique du 7e Hussards nous précise : "Le
lieutenant-colonel de Talleyrand, rentré de
captivité, prit le commandement du dépôt à la
date du 26 mars (1871). Il le conservera jusqu'au
12 avril, jour de la rentrée du colonel Chaussée".
Il figure à l'Etat-Major du régiment reconstitué à
Castres en mai 1871, sur la base du pôt du 7e
Hussards, du 3e Hussards de Marche, et des
hommes et cadres rentrés de
captivité. (Hussards photos.com).
Félix, placé dans la réserve militaire,
a peut-être été accomplir des périodes
d'exercices, je l'ignore donc encore !
Ainsi rentré dans ses foyers, il reprit
son métier de Sellier.
ET PUIS FÉLIX CONVOLA EN JUSTES NOCES
AVEC LA JOLIE NINA
Félix, le 24 Octobre 1871 au Bugue
prit pour épouse Jeanne COLOMBET, sans
profession, fille de Jean Henri COLOMBET,
propriétaire cultivateur (1814-1871) et
Marie DELFOUR (1818-1852). Lorsque
Marie mourut Jeanne n'avait que 2 ans.
Son père l'avait épousée en seconde noce,
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étant veuf de la sœur de Marie = Anne
DELFOUR, décédée en 1845.
Elles étaient originaires de Coux-et-
Bigaroque, village tout proche du Bugue.
Ils firent un contrat de mariage, sur
lequel Félix semble avoir hérité d'une
somme assez importante pour l'époque,
suite à la succession de son père et de ses
propres économies (noté ainsi). Sa mère,
elle, Marie Jeanne COLOMBET étant
remariée.
Nina quant à elle, se donne le droit
d'accepter ou pas la succession de son père
le décès de ce dernier ne remontant qu'à
un peu plus de 2 mois, mais aussi se
réservant pour plus tard celles de sa mère
et de son grand-père maternel, sa grand-
mère Françoise Rose BRU (1788-1873)
étant encore en vie. Cette dernière était
fille de bourgeois du bourg d'Urval. Nina a
accepter les conditions de tous car les
propriétés terriennes et les biens divers
étaient toujours dans la famille dans son
enfance.
Félix et Nina avaient un point
commun : ils étaient cousins ! Suite à des
veuvages et remariages, ils se sont trouvés
tous deux être les petits-enfants du couple
Jean COLOMBET (1786-1849) et Jeanne
CARBONNIERES (1792-1855) d'où ce
cousinage.
Au plus haut que je sois remontée, les COLOMBET ont toujours été présents sur le lieu-
dit du Bugue : Cumon, tous en tant que propriétaires agriculteurs. Tous signaient.
Les cousins de Nina firent tous de belles carrières, dont un chevalier de la Légion
d'Honneur. Cette famille COLOMBET resta très longtemps très unie à en juger les photos de
l'album familial.
Quant aux CARBONNIERES, grande famille toujours attachée aux forges des environs,
Mauzens Miremont, Les Eyzies, je les trouve Maitres de Forges ou Hommes d'affaires, ils
jouissaient déjà d'une certaine éducation. Je trouve même le grand-père de Jeanne ; Henri
CARBONNIERES en voyage d'affaires sur le navire "Le Souverain" partant pour Saint-Domingue
en 1771.
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Il est noté : Taille grande, 40 ans, originaire de Miremont (Dordogne), religion
catholique, signé le capitaine du "Souverain"
Je ne suis pas encore parvenue à remonter plus haut que 1735, mais il se trouve de
nombreuses présences d'ESCORNE sur Mauzens-et-Miremont et les Eyzies, ce qui me laisse à
penser fortement au fait qu'ils furent également d'anciens forgerons les forges étant
nombreuses dans le coin, De nombreux cousins maréchaux-ferrants partageaient toujours ce
même prénom de Félix Helix, Eli voire même Philix (tous plus ou moins ayant subi de grandes
variations).
Félix finit sa vie un
matin du mois de février 1917
a l’âge de 72 ans, quant à Nina
ses petites-filles (maman et ma
tante Christiane) purent en
profiter un peu plus longtemps
car elle leur faussa compagnie
en 1948, elle avait 75 ans.
Ainsi se terminait la vie de cet aïeul haut en couleur d'un
tempérament bien trempé à ce qu'il paraît, je me l'imagine
très bien, avec sa grande moustache et son très fort accent
roulant les 'R' de vieux périgourdin.
Félix et Nina sur leurs vieux jours.
Tous deux reposent dans le caveau familial du Bugue, au pied du coteau surplombé par
la grotte de Bara-Bahau, là, juste au-dessus.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
21
Par Jean
Louis FILET.
FILET Pierre Philémon,
Mort pour la France le lendemain de l’armistice.
.
Quelle triste fin, pour ce vaillant soldat qui a fait toute la
durée de la guerre 14-18, au sein du 126e régiment d’Infanterie.
L’armistice vient d’être signé depuis hier quand des gendarmes
viennent lui demander de rejoindre illico son régiment
Il est le 12 avril 1891 à Saint-Pardoux-Vielvic
dans le sud-est du département de la Dordogne, fils de
Jean Adrien, cultivateur et de Marguerite Philippine Filet.
Il aura une sœur Jeanne Adrienne plus jeune. Un beau
garçon d’un mètre 69, aux cheveux châtains et yeux bleus,
il sera aussi cultivateur.
La famille a vécu dans la petite maison
ci-dessus qui est aujourd'hui la mairie.
Pas le temps de fonder une famille,
en 1912, il est incorpoau service militaire
dans le 126e RI. Lorsque survient la guerre,
le voilà parti dès le 2 aout, à peine un mois
plus tard le 9 septembre il fera partie des
nombreux blessés à Chatel-Raoul (au sud de
Vitry-le-François), sans pour autant
l’empêcher de continuer le combat.
Plus tard, il sera cité à l’ordre du
régiment : Le 12 septembre 1917, chargé
d’un coup de main, s’est vaillamment
élancé sur la tranchée allemande qu’il a
minutieusement fouillée ; a rapporté des
renseignements utiles et intéressants sur la
défense ennemie. Le régiment est dans la
région de Suippes en Marne.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
22
Extrait du jmo du jour
On ne sait pas quand, malade, il est venu en permission à Vielvic et n’a pu rejoindre le
front, victime d’une maladie pulmonaire. Jeanne, sa jeune sœur, s'est occupée de soigner son
frère. Elle décédera par la suite en 1925 à 28 ans, dont la cause est certainement imputable à la
même maladie.
Le 12 novembre 1918, au lendemain de la signature de l’armistice, les gendarmes sont
venu le chercher, alors que sa mère est aux champs, ils l’insultent, le menacent du Conseil de
Guerre, en le traitant de déserteur ; bouleversé, Philémon meurt, victime d’une hémorragie,
sous leurs yeux.
Cette histoire n’aurait jamais été connue, si les
gendarmes, complètement ivres, ne s’étaient arrêtés
chez une voisine sur le chemin du retour pour lui
avouer, épouvantés : « Nous avons tué Filet », tout en
lui enjoignant de ne pas en parler.
Une petite tombe presque cachée par la végétation
dans le cimetière de saint-Pardoux.
Le 126e Régiment d’Infanterie de BRIVE, où il était soldat.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
23
Par Maryse GRENIER.
GRENIER Pierre.
Pierre est né au château de Bridoire,
commune de Ribagnac, en Août 1811,
château dans lequel son père, Jacques
GRENIER était vigneron et a exercé aussi les
fonctions de valet.
Jacques avait épousé Isabelle BON
le 8 octobre 1806, également cultivatrice, et
ils étaient employés à Bridoire en 1809.
Ils ont eu 5 enfants. Pierre est le
3eme de la fratrie.
Sa vie se divise en 3 périodes :
1817-1840 : La Dordogne et la vie au pays
1840-1848 : Paris et la vie ouvrière
1848-1849 : l’Algérie.
1 - La Dordogne et la vie au pays :
Les jeunes années de Pierre sont
identiques à celles de ses contemporains
vivant à la campagne.
Il y a appris le métier des champs et de
la vigne, mais il a aussi participé aux
multiples tâches que le service au château
exigeait. Mon père m’a également appris les
métiers de service, entre autres celles
touchant à l’habillement et la confection. En
1831, soit une année avant l’âge de sa
majorité civile, ses parents, Jacques et
Isabelle ont engagé une procédure auprès
du juge de paix du canton de Sigoulès, visant
à faire dresser et enregistrer un acte de
notoriété attestant que Pierre était bien leur
enfant. Cette démarche s’est révélée
indispensable, en raison de l’absence de
déclaration dans les livres de l’état civil de la
commune de Ribagnac, sans que quiconque
ait pu en expliquer la raison. En février 1840,
Pierre s’est présenté en mairie de Pomport,
(Dordogne), pour déclarer l’enfant hors
mariage qu’il a eu avec Marie Anne Munier.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
24
Cette déclaration n’a pu être prise
que partiellement en compte, dans la
mesure pour la mairie de Pomport, il
n’avait toujours pas d’existence légale, l’acte
de notoriété n’étant jamais arrivé depuis le
bureau d’enregistrement de Bergerac il
séjournait depuis 1831.
L’enfant fut prénommé Pierre,
pour l’état civil de Marie Anne Munier et de
père inconnu.
Le 12 mai 1840, en possession de
son acte de notoriété, dûment homologué
par le tribunal d’instance de Bergerac le 7
mai 1840, Pierre et Marie Anne se sont
mariés, en présence de Jacques, mais en
l’absence d’Isabelle, sa mère, qui ne lui avait
pas donné son consentement. Avait-elle un
autre projet pour lui ? Toujours est-il que ce
désaccord semble être la cause de son
exode à Paris.
L’acte de mariage qui a été dressé,
faisait également état de la reconnaissance
de la légitimité de l’enfant né hors mariage.
Quelques mois après le mariage,
Pierre, Marie Anne et leur enfant quittaient
la Dordogne pour rejoindre Paris
2 - Leur vie à Paris.
Ils ont habité le 9eme
arrondissement ;
arrondissement très populaire
ou s’entassaient ouvriers, petits
artisans, et nouveaux arrivants.
Pierre gagnait sa vie en
étant tailleur d’habits, activité
très répandue à l’époque…
Pierre participe à la
révolution de février 1848 qui
fait 10 000 morts. Il est blessé au
bras gauche, a été ramassé sur la
barricade, transporté chez M.
Dutaitre et soigné par la mère de
ce monsieur. S’il n’a pas été
fusillé, c’est grâce à sa blessure.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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3 – L’Algérie.
A cette époque, l’Algérie vient d’être conquise et est en cours de colonisation, donc
Pierre et sa famille partent, avec le 2eme convoi et arrivent en Algérie en fin d’année 1848,
ils ont eu une concession de 15ha sur le territoire de Saint Aimé dans l’Oranais, à Arzess
exactement.
Entre temps, Eugénie est venue agrandir la famille. Elle est née le 16 août 1841 et
Marie Anne était de nouveau enceinte de leur 3eme enfant, Louis (né en 1849), lors de leur
départ en Algérie le 15 octobre 1848 avec le 2eme convoi.
Pierre, (décédé le 23 octobre 1849), son épouse Marie Anne (décédée le 18 octobre
1849) et leur dernier-né Louis, meurent à la fin de l’année 1849, du choléra, épidémie
survenue dans la région. Ils laissent 2 orphelins en bas-âge, Pierre et Eugénie. Ceux-ci sont
recueillis dans un couvent, puis placés dans une famille d’accueil à Relizane (Algérie). La photo
ci-dessous.
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Par Sylvie DEBUT.
Henri BOISSEAU.
Un grand-père partit trop tôt.
Les origines
BOISSEAU est un nom de famille dérivé de BOISSEL mais c’est aussi, entre autre, la
mesure de capacité pour les grains. Ce nom m’a été transmis par mes ancêtres originaires de la
commune de LISLE et de ses environs faisant partie du canton de BRANTOME.
Mon grand-père, Henri, le 26 janvier 1900 à ROCHEREIL, commune de LISLE, est
l’enfant de Denis BOISSEAU, âgé de 35 ans et de Noémie DEMOULINS, âgée de 20 ans exerçant
tous deux le métier de cultivateur, qui valut à Noémie, en 1928, la médaille d’honneur agricole.
Les témoins de
cette naissance,
domiciliés à LISLE, sont
Mathurin COUSTILLAS,
cabaretier âgé de 39 ans
et Pierre BESSINE,
chaisier, âgé de 32 ans.
En 1901, il habite à LA ROCHETTE au 168, avec ses parents et ses grands-parents
maternels Antoine DEMOULINS et Marie COLOMBEIX, âgés respectivement de 63 ans et 57 ans,
exerçant le métier de cultivateur tous les deux.
En 1908, une petite sœur vint au monde et elle se nommait Eva.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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L’adulte
Il devint un homme aux cheveux
châtain clair et yeux bleus mesurant 1,66 m
qui ne laissa pas ma grand-mère, Marie
DUPUY née à LA MONERIE, commune de
LISLE, indifférente. Cet amour a eu pour
conséquence une grossesse avant mariage.
Un garçon est et a été bien fêté. Les
témoins partis à pieds pour la déclaration à
la Mairie qui était à quelques km, se sont
arrêtés sur le chemin pour annoncer la
naissance. Bien sûr c’était l’occasion pour
boire un verre ensemble, mais après
quelques maisons visitées, la naissance a
été déclarée avec une journée de décalage
et .cet enfant qui devait s’appeler Gabriel
Maurice, a été déclaré Maurice Gabriel. Il a
été reconnu par le mariage de ses parents
le 1er octobre 1920.
Henri a effectué son service
militaire, qui, depuis la loi de 1905, durait 2
années. Il incorpora le 21ème régiment
d’artillerie au mois de mars 1920 et fut
nommé Premier Canonnier conducteur en
octobre. Il fut envoyé en disponibilité avec
certificat de bonne conduite en mars 1922.
Il passa dans la réserve de l’armée active
classé dans l’affectation spéciale en qualité
d’homme d’équipe jusqu’en 1924.
Le changement de vie
En 1922, ne voulant pas continuer
la vie de cultivateur de ses parents et
ancêtres, il prit femme et enfant et
s’installa à CAMBRAI dans le Nord il fut
embauché aux Chemins de Fer. Un
deuxième enfant, Robert, est né en 1926.
En 1932, il déménagea à SOLESMES
où estmon père, René, en 1934.
En 1937, il posa ses cartons et
valises dans l’Aisne à SAINT-QUENTIN, où je
suis née, et habita une maison mise à
disposition par les chemins de fer qui devint
la SNCF le 1er janvier 1938. Il resta dans la
cité des cheminots de GAUCHY, petit village
proche de SAINT-QUENTIN, jusqu’en 1955,
année de sa retraite.
La retraite
Obligé de quitter la cité des
cheminots, il emménagea avec sa femme
dans une maison en location dans une rue
du centre-ville de SAINT-QUENTIN. Son
désir aurait été de retourner vivre à LISLE,
mais ma grand-mère voulait rester près de
ses enfants et petits-enfants.
1960, ma naissance et la petite fille
que mes grands-parents n’ont pas pu avoir,
n’ayant eu que des garçons qui leur ont
donné des petits fils, allait devenir leur
centre d’intérêt.
Mon grand-père était devenu un
homme aux cheveux blancs, très élégant. Il
se promenait beaucoup dans la ville et était
surnommé « Jean Gabin » ayant la même
allure physique et une chevelure aussi
abondante.
Mais malheureusement, je n’ai pas
pu lui rendre l’amour qu’il m’a donné car je
me souviens avoir eu peur de lui au point
de me cacher sous la table quand il arrivait.
Cette attitude était au fait qu’il n’avait
pas perdu son patois périgourdin et la
petite fille que j’étais ne comprenait pas ce
grand-père qui n’hésitait pourtant pas à
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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passer la nuit dans un autre lit pour calmer
les peurs que j’avais, en me laissant dormir
avec ma grand-mère. Pour les repas, il
n’avait pas oublié ses origines et
commençait toujours par de la soupe dans
laquelle il mettait du vin avant de la finir, fa
chabròu.
Ses plus grands voyages ont été les
allers-retours en train de SAINT-QUENTIN à
LISLE pour rendre visite à ses parents.
Mais un voyage qu’il a fait pour
venir me chercher chez son fils ainé,
Maurice, qui vivait en Normandie je
passais mes vacances, m’a laissé un
souvenir mémorable. Départ de la maison
de mon oncle en bus jusqu’à la gare de
CAEN mon grand-père m’installe dans le
train et s’en va. A 10 ans, l’imagination vous
fait vivre des moments pathétiques et la
peur de l’abandon s’installe. Mais non, il
revient un sandwich à la main ne s’étant
pas rendu compte de l’impact que cette
absence avait eu sur sa petite fille, trop
content de n’avoir pas oublié qu’elle aurait
peut-être faim pendant le voyage.
Arrivée chez mes grands-parents,
trop contente de raconter l’anecdote de
l’abandon à ma grand-mère qui n’a pu
s’empêcher de le réprimander en lui
précisant qu’il ne devait plus faire cela
maintenant comme il le faisait avec ses fils
à l’époque où ils retournaient en famille sur
la terre de leurs ancêtres.
La fin de vie
Décembre 1971, une congestion
cérébrale, l’AVC de notre époque, l’a
emporté en un mois. Au décès de mon
grand-père, le secret de famille que ma
grand-mère me cachait honteusement
tomba, sa grossesse avant le mariage qui
est, pour moi, la conséquence de leur
amour qui a duré 52 ans et qui serait visible
sur un arbre, à côté de Rochereil, découvert
par leur fils aîné, un cœur avec un H et
un M ont été gravés. Quelques mois après,
ma grand-mère, envahie par le chagrin,
mourrait. Elle avait arrêté le traitement qui
la préservait de l’infarctus qu’elle a fait en
avril 1972.
Il n’a pas eu le temps de me
transmettre son amour pour le Périgord
qu’il a quitter jeune pour acquérir une
meilleure situation mais dont il avait gardé
l’accent pour ne pas perdre ses racines, il a
su les transmettre à mon père qui n’a pas
manqué, lors de nos retours de vacances,
de faire une halte chez nos cousins du
Périgord la petite fille de Henri et Marie
a toujours été bien reçue.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par Jean
Louis FILET.
Ida FILET.
Ma mémé, si douce.
Sa famille de Saint-Rémy.
Catherine Filet est née à Saint-
Rémy (Dordogne), le 18 janvier 1895. Elle
est la fille de : Jean Filet (né le 21 octobre
1854 à Lalinde (24), fils de jean le jeune et
Marie Marche). Et de Catherine Chassaigne
(née le 24 décembre 1871 au Fleix (24) à
Virolle, fille de Jean Chassaigne et Marie
Geneviève Gaurel). Parents qui se sont
mariés le 28 septembre 1890 à Saint Rémy.
Le couple aura 3 filles (Félicia, Catherine et
Jeanne) et 1 garçon = Jean. en 1905, à peine
plus d'un an après la naissance de Jean,
Catherine, la mère décédera à Saint-Rémy.
Elle a donc le prénom de sa
maman : Catherine comme on peut aussi le
voir sur le recensement de 1901. Pourtant
tout le monde la connait uniquement avec
le prénom « IDA ». Mais d’où vient donc ce
prénom inconnu dans la famille ? Trop
jeune pour poser la question aux anciens, et
mon père n’en savait pas plus, aujourd’hui
je n’en saurais rien. Son futur mari, aussi
son cousin germain, avait aussi un prénom
d’usage différent de son prénom de
baptême.
Sa vie de femme.
Elle vient juste d'avoir 18 ans
lorsque est envisa le mariage avec
Antoine appelé Félicien Filet, à Pineuilh
(Gironde), le 22 juillet 1889, fils d'Antoine
Filet et Maria Gueybaud.
Leurs pères étant frères, ils ont
pour grands parents en commun Jean Filet
et Marie Marche et donc sont cousins
germains. Ce qui a nécessité lors du
mariage, une dispense pour consanguinité
au deuxième degré.
Leur mariage a lieu le 21 juin 1913 à
Saint-Rémy en Dordogne chez Catherine
Ida. C’est à Eynesse dans la Gironde voisine,
qu’ils auront leurs cinq enfants, au château
du Barrail. Félicie en 1914, puis Georgette,
Marguerite, Pierre et Lucette en 1929.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Bien qu'ayant perdu la vision d'un
œil suite à un coup de sabot de cheval,
Antoine participera à la guerre 14-18.
Vers 1925, à cause d'une insolation
et une mauvaise intervention subie à
l'hôpital, elle deviendra sourde pour le
restant de sa vie. Vers 1950, la famille sera
domiciliée à Jarnac, toujours à Eynesse. Elle
avait le don de sentir les champignons. Lors
de vacances chez elle, à peine âgé de onze,
elle me tendait un panier et je comprenais
que je devais aller dans le bois non loin de
la maison. Elle m’avait appris à ramasser les
champignons, juste ceux qui sont
comestibles. Ensuite Ida sera chez sa fille
Lucette, au Pont-de-La-Beauze et enfin à
Pineuilh, toujours en Gironde.
Il décédera à Eynesse (Gironde),
le 17 Juillet 1951, âgé de 61 ans. Elle
décédera à Pineuilh (Gironde), le 27
octobre 1972, âgée de 77 ans. Leur
sépulture est dans le cimetière
d'Eynesse.
Le bac d’Eynesse.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par Annie Alice MOUNIER.
JACOUTET.
Le pépé « Jantou ».
Une vie simple, tranquille et heureuse je pense
Jean François Xavier Jacoutet " Pépé Jantou " est né le 3 Décembre 1900 dans ce joli
petit village : Le Bugue, Al Buga en occitan (Dordogne) - Jantou est mon grand-père maternel.
Il était le fils ai de Jules
Jacoutet, peintre en bâtiment et
négociant en noix et Berthe Escorne
toujours négociante en 1921, après le
décès de Jules en 1917.
Jules Jacoutet et Berthe Escorne.
Un frère Pierre Jacoutet était en1904 au Bugue, il vécut toute sa vie. Il y est
décédé en 2001. Il avait épousé Denise Riaud en 1929. Denise tenait épicerie parisienne (clin
d'œil à Jantou parti à Paris ?) tandis que Pierre, électricien tenait aussi son petit magasin
quelques maisons plus loin dans la rue principale du Bugue.
Il a cependant toujours gardé un
peu l'amertume de n’avoir pu, comme son
frère, poursuivre un peu d'études, la cause
en était le décès de leur père .... Berthe
était une femme timide et effacée et n'a
visiblement pas eu le courage de maintenir
leurs entreprises de peinture et l'atelier
d'enoiseuses (photo ci-contre). Bah il ne
s'en est pas trop mal tiré non plus le tonton.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Gens simples mais de par leurs
origines de propriétaires terriens,
bourgeoises, voire notables en remontant,
ils avaient gardé au fond d'eux une légère,
mais certaine condescendance tout de
même !
Les deux "p'tits frères
Les deux "frangins" étaient restés
très liés, au point qu'à la fin de leurs vies
respectives, ils s'appelaient toujours " Mon
petit frère " ou " Mon grand frère ". C'était
très attendrissant, cela a me marquer
puisque j'en suis au même point, à l'heure
qu'il est, nos soixantaines passées, j'appelle
toujours les miens : " mes p'tits frères " 64
et 61 ans !
Ils n'avaient qu'une seule tante,
sœur de Jules, Joséphine Elyzabeth,
institutrice mariée à Pierre Cambelet
originaire d'Urval également instituteur. Ils
commencèrent leur carrière au Bugue et la
terminèrent à Paunat.
Berthe, elle, était enfant unique,
une sœur Marie Blanche née en 1776, n'a
visiblement pas vécu.
Petite famille, cependant
partageant des liens très forts avec leurs
cousins surtout de la famille Colombet et
Cambelet, pour preuve les nombreuses
photos en leurs présences et les
sempiternelles visites aux cousins l'été au
mois d'août.
Jantou, le très calme (bien qu'ayant
un caractère bien déterminé) et Pierre,
l'intrépide, faisaient partie d'une équipe de
rugby, celle de la Farge, car il y en avait une
autre celle de de la place de la Mairie ou du
Cingle. Lorsque l'une rencontrait l'autre, il
parait que cela donnait de belles bagarres
en perspective, ça ne rigolait pas il y avait
de la castagne dans l'air. Sur la photo jointe
Jantou tient le ballon en bas à droite et
Pierre est juste au milieu sous le plus grand
enfant. Je cite ..... Son amour pour le rugby
n'a jamais été démenti car je me souviens,
moi, des matches à Paris au stade de
Colombes pépé m'emmenait juchée sur
ses épaules.
Tout semblait paisible, pas non plus
de soucis majeurs, jusqu'au mois de Mars
1917 Jules le papa fût emporté par une
grippe espagnole. Berthe avait gardé
l'entreprise d'enoiseuses et je l'y trouve
encore en 1921, mais, femme influençable
et très croyante, elle courait à l'église dès
qu'elle entendait les cloches sonner et ce,
dès le matin (ça n'est pas peu dire, l'église
étant juste derrière la maison !!!!!!)
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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* En 1913, des différents quartiers du Bugue surgirent des équipes rivales. Les redoutables
minimes de La Farge rencontraient leurs adversaires de la Place de la Mairie ou du Cingle. La
guerre de 14-18 emporta bon nombre d'entre eux. (Coll. Jacoutet)
Les jeunes de l’équipe de rugby de la Farge.
* (paragraphe de Mr Bertrand, photo privée
famille fournie par mon grand oncle Pierre)
Elle n'a donc pu continuer, n'ayant
plus la poigne pour. Les bons grands-
parents Escorne/Colombet ont toujours
veillé sur les deux petits pas riches, mais
pas dans le besoin non plus. Il était sellier,
vétéran de la guerre entre 1864 et 1871
dans les hussards. Nina était propriétaire
terrienne à Cumon. Nina ... Nina ! J’adore
ce prénom : Nina !
Félix ESCORNE et Nina COLOMBET
Félix le grand-père, haut en couleur
à ce qu'il parait, est décédé en 1916 et
Jules à peine un an plus tard, Jantou et petit
Pierre furent donc couvés et adulés par
Berthe et Nina restées veuves presque en
même temps. Cette dernière décida donc
de vivre à la Farge avec sa fille et ses petits-
fils Jantou et Pierre.
Mais revenons sur mon Jantou !
Jantou avait fait des études
secondaires : pensionnaire à Périgueux ?
Angoulême ? Je ne sais pas, toujours est-il
que je le vois en uniforme d'étudiant sur
certaines photos.
À 20 ans, il part faire l'armée à
Angoulême et là, ça ne ratait jamais,
lorsque nous allions passer notre mois
d'août au Bugue nous passions toujours
devant son ancienne caserne (on ne risquait
pas de la louper !!!) Nous avions un rappel
de clairon au passage du grand portail du
177ème régiment d'Infanterie
d'Angoulême. "Hé petits ! Pépé a passé ses
20 ans derrière ce grand portail ", je
l’entends encore avec ce léger accent qu'il
avait gardé malgré sa vie parisienne, Oh !
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Moins fort que celui de tonton Pierre, mais
tout de même chantant.
Au régiment. Sa toute nouvelle vie de parisien
Puis Jantou, comme beaucoup de
jeunes à l'époque, est monté faire carrière à
la capitale. Elégant, présentant bien, voici
sa photo de nouveau Parisien vers les
années 1923/24.
Il est entré à la maison CHERAMY /
HOUBIGANT / Jean D'ESTRÉE (qui ne
connait pas l'eau de toilette " H pour
homme " ?) il y a fait carrière de son
arrivée dans la capitale .... Jusqu’à sa
retraite. Ses débuts furent en tant que
représentant et, à l'heure de la retraite, il
était toujours qualifié de représentant, mais
cadre.
Son grand amour - mamy Alice
Tout à côté de la Place de la Farge,
le Maire du village à l'époque, avait en
pension une petite parisienne, très jolie
brunette avec de très très longs cheveux
noirs, de jolis yeux noisette répondant au
doux prénom d'ALICE. Timide, même
secrète, sûrement un peu triste : " ALICE ".
Alice n'avait pas eu de chance, sa maman et
son petit frère étaient décédés eux aussi de
la grippe espagnole en 1916, son papa était
à la guerre, ses oncles aussi : elle avait 8
ans, son papa ayant été gazé durant la
Grande Guerre, se trouva à l'hôpital
militaire avec le Maire du Bugue qui devait
rentrer chez lui. Le papa d'Alice, lui devait
repartir. Ils se lièrent d'amitié et Alphonse
lui expliqua son malheur et il fut conclu qu'il
accepta de prendre Alice comme
pensionnaire, (ma mère a encore les
carnets de comptabilité très bien tenus, de
la pension de mamy)....
La photo de l'au-revoir juste avant le départ
pour le BUGUE ....
Comme leurs cœurs devaient être gros .... !
La guerre finie, le papa d'Alice en
rentra malade, très malade du camp de la
Courtine (Creuse) et ne pût reprendre Alice,
il continua donc de pourvoir aux besoins de
sa petite. Il mourut quelques courtes
années après, Alice avait alors 16 ans. Son
papa était originaire du Pas-de-Calais :
Berck sur Mer, et sa maman était de la
Nièvre. Alice, elle était née à Paris en 1908.
Il n'y a que très peu de temps que
j'ai découvert, sur l'acte de mariage de mes
grands-parents que Mr GLENE était devenu
le tuteur de mamy.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Il me plait à croire que le coup de
cœur l'un pour l'autre, entre la petite Alice
et Jantou, a débuté dès leur enfance ;
sinon, Alice n'aurait-elle pas rejoint sa
famille, ses oncles étant rentrés de la
guerre ? Elle avait deux oncles côté
paternel et un côté maternel dans la Nièvre.
Je sais qu'ils avaient voulu l'accueillir.
Ils se marièrent en 1929 au Bugue
et je pense repartirent à Paris, cette fois
ensemble, car maman y est e 1 an après
en 1930 et taty en 1931.
Après quelques brefs changements
d'arrondissements, ils se sont fixés dans le
14ème, arrondissement, rue Sarette je
les ai toujours connus y demeurer et je
suis née d'ailleurs.
Alice au début de sa vie active avait
été postière puis institutrice au Bugue et à
Paunat, elle continua un peu à Paris dans
l'école d'un cousin Colombet y étant
directeur, mais quelque temps après la
naissance de leur deuxième fille, Christiane,
elle, décida de changer et commença une
carrière différente, cette fois dans les
assurances : Assurance "La France" où je l'ai
toujours également connue travailler en
tant que chef de bureau à la comptabilité.
Enfin à la retraite, ils reprirent le
chemin du Bugue et de la place de la Farge.
Alice mourut en 1977 à Antonne suite à un
AVC, elle avait 69 ans. Pour la première fois
de ma vie, j'ai vu mon grand-père pleurer
et, toujours fier, se redresser d'un seul coup
comme pour ne pas nous montrer sa
douleur. Jantou, lui, nous a quittés en 1985
à Trélissac, à l'âge de 84 ans.
Mariage de Jantou et Alice 1929
Ils furent, je n'en doute pas, très
heureux car maman et ma tante m'ont dit
ne jamais les avoir entendus se disputer, un
simple mot ou signe suffisait à recadrer la
situation calmement sans bruit.
De leur amour naquit Jeannine, ma
maman, qui eut 3 enfants dont moi, et 5
petits-enfants. Maman est partie vivre au
Bugue dès sa pré-retraite car elle avait
choisi un Buguois d'origine comme
compagnon.
Ma tante Christiane a eu 1 enfant et
2 petits-enfants, elle vit toujours à
Versailles près de son fils, avocat.
Vie tranquille, sans histoire, sans
cris, posée, sans soucis particuliers, peut-
être aux traumatismes de leur enfance
du fait d'avoir perdu tous deux leurs
parents très jeunes. Une vie et un amour
tout en harmonie, malgré la traversée de la
Seconde Guerre Mondiale, pendant
laquelle, du reste, Jeannine et Christiane
furent envoyées au Bugue pendant une
année chez leur grand-mère Berthe.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
36
Si nous Parlions un peu de nos
vacances buguoises ?
Mes grands-parents Jacoutet
passaient nous prendre aux Sables-
d'Olonne chez nos grands-parents paternels
nous avions passé le mois de Juillet :
journées plage .... Pas d'heure pour
manger, se coucher, cool, liberté totale,
super ! ....
Oui, mais au Bugue, là, ça n'était
plus la même chanson : bien se tenir à
table, messe le dimanche, robe en broderie
anglaise pour moi, chemises blanches pour
mes deux frères, prière le soir (pfft) Mamy
était très à cheval sur les bonnes manières ;
quant à la sieste de pépé, je l'entends
encore ronfler, je me demande s'il ne faisait
pas trembler la Farge ! À son réveil, c'était
les balades dans les coteaux ou dans les
villages alentours ou encore la tournée des
cousins et cousines de pépé.
Pépé Jantou aimait beaucoup la
pêche : il partait sa canne sur l'épaule en
sifflotant (je n'ai pas le souvenir qu'il ait
ramené grand-chose, mais le plaisir avait
été de la partie). Nous avions souvent des
grands soupirs d'impatience, mais
aimerions bien pourtant retrouver ces bons
temps de sérénité.
Le matin ! Tous les matins,
365j/365, il s'astreignait à faire de la
gymnastique devant sa fenêtre grande
ouverte afin de garder la forme. Le
dimanche, il nous ramenait non pas des
chocolatines (comme vous dites) mais des
petits pains en forme de petits bonhommes
tout chauds que faisait M. Dazenière le
boulanger (humm !) Tout a une fin et
surtout les vacances, il fallait rentrer sur
Paris. Dans la voiture çà n'était pas
vraiment l'euphorie. Si, en partant le rituel
était de chanter à tue-tête tout au long de
la route dont le chef de chœur était mon
grand-père .... : « Au Lycée papa, au lycée
papa ... au lycée papillon » avec un bon
gavage de bonbons à la menthe, au retour,
pas de bonbons à la menthe et silence radio
..... Il quittait son Bugue (et nous, nous
reprenions le chemin de l'école, le Lycée
Papillon de cette vieille chanson n'avait plus
aucune grâce à nos yeux).
Mes grands-parents étaient un peu
stricts, un peu plus mamy que pépé, ce qui
ne les empêchait pas d'être très agables,
souriants, et ne fuyant pas l'humour de bon
goût. Mais l'éducation et les bonnes
manières c'était primordial pour eux. Mamy
quand elle riait, riait même de très bon
cœur. Elle disait souvent en riant que pépé
était tête en l'air, quand il allait aux pes,
elle avait toujours peur qu'il se perde, ce
qui est arrivé une fois du reste. J'avoue
avoir compris avec le temps, qu'en leur
compagnie nous connaissions la paix, la
sécurité, et cela fait du bien rien que d'y
penser, même si nos vacances
périgourdines, après 1 mois de vie de
chiens fous à la plage, nous barbaient
parfois. Cet équilibre c'est à eux que nous le
devons.
Ils reposent à présent au pied du
coteau que domine Bara-Bahau, ensemble
à tous jamais. Bara-Bahau qui signifie
badaboum, une grotte dans laquelle Jantou
nous a souvent con qu'il escaladait le
coteau avec ses copains afin d'aller y jouer.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
37
Par Marie
Hélène ROUBINET.
KUNCHS Georges, François.
Mon arrière-grand-père paternel, Georges, François KUNCHS est
le 21 avril 1891 à Paris 1er de père inconnu et de Célina, Joséphine
KUNCHS.
Il était doreur. Mon arrière-grand-
mère Marguerite MAGNOU est née le 1er
janvier 1893 à Négrondes, plus précisément
au lieu-dit « Le Pouyet » en Dordogne.
Voulant trouver du travail, elle est allée à
Paris.
Elle était couturière. C’est là qu’ils se
sont rencontrés.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par la suite, ils ont eu leur premier
enfant hors mariage : Georges, Jacques le
15 décembre 1911 à Paris 14ème et décède le
16 février 1916 à Paris 3ème. Ils se sont mariés
le 6 avril 1912 à Paris 3ème. Ensuite ils auront
deux autres enfants dont ma grand-mère
Aline, Odette née le 23 janvier 1913 à Paris
10ème, décédée le 29 mai 1939 à « Saint-
Michel » commune de Tourtoirac et mon
oncle Louis, Marcel le 6 janvier 1915 au
lieu-dit « Le Pouyet » commune de
Négrondes, il décède le 22 février 1990 à
Périgueux.
Vu que leur dernier enfant est en
Dordogne en 1915, je ne sais pas en quelle
année ils sont venus habiter dans la maison
des parents de mon AGM. En 1917, mon AGP
est recru au sein du 130ème RI du
23/05/1917 au 17/02/1918, puis au 103ème RI
du 18/02/1918 au 7/06/1918 et enfin au 19ème
RI du 7/06/1918 jusqu’à sa mort le 8/10/1918.
Le 8/10/1918, il a était touché au
thorax par un éclat d’obus à Cuperly Mont
Frenet dans la Marne, il décèdera de ses
blessures dans l’ambulance. Il avait 27 ans. Sa
tombe se trouve à la cropole Nationale du
Mont Frenet-La Cheppe parmi ses camarades.
Mon AGP porte la mention « Mort
pour la France ». Il est inscrit au monument
aux morts de Négrondes.
Mon AGP porte la mention « Mort pour la
France ».
Mon AGM se remaria avec Louis
AMBLARD le 27/02/1926 à Négrondes avec
lequel elle a eu une fille : Raymonde, Alice
AMBLARD. Mon AGM est décédée le
5/06/1987 à Périgueux en Dordogne.
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Par Mireille BERGER.
LASSERRE René.
Récit d’un Prisonnier de guerre 1940-1945.
Mon papa René LASSERRE est né un 30 décembre 1916
d’une fratrie de 9 enfants. Sa vie a été très riche en péripéties
qu’il aimait raconter. A l’aube de sa vie, à 80 ans, il a écrit ses
mémoires sur des cahiers que j’ai fait imprimer pour notre
famille et ses amis. Il s’est ai d’un petit carnet de notes
rédigé pendant son service militaire et sa captivité en
Allemagne. C’est le récit de celle-ci qui va suivre.
Après sa « drôle de guerre » sur le front Est, René a été
fait prisonnier le 22 juin 1940, en même temps que les
1.845.000 soldats (1) suite à la reddition signée avec l’ennemi.
Les allemands conduisirent alors tous les prisonniers depuis la
caserne Molitor de Nancy, puis vers la gare ils durent
monter dans des wagons à bestiaux le 25 juillet.
Le voyage dura 3 jours avec 50 à 60
compagnons dans le même wagon, sous
une chaleur étouffante. Pas de toilettes,
une boite de conserve circulait jusqu’au
soupirail au fond du wagon Arrêt à
Luckenwalde, stalag IIIA (dans le
Brandebourg) le 28 juillet à 15 heures.
Désinfection totale. Ce fut le contrôle
d’identité par les gardiens, plaque de métal
avec numéro de prisonnier : 50712, Stalag
III A. Départ pour une ferme en camion
pour Reedz. Le patron de la ferme était SA,
tête carrée, uniforme et croix gammée. Les
prisonniers dormaient au camp et les
agriculteurs venaient les chercher le matin.
Par la suite, ils purent aller seuls à la
ferme. Le travail était dur, mais la
nourriture bonne.
Forgeron de métier, mon père fut remplacé
par un autre prisonnier au bout de 2 mois
pour aller travailler en usine : celle d’Arado
à Brandebourg (2). Il y avait 1 400
prisonniers. Le travail n’était pas trop dur,
mais la nourriture exécrable. Quinze jours
après, mon père changea de camp pour
travailler à l’usine Elisabeth-Hütte une
fonderie de fonte et d’aluminium. Les
prisonniers étaient alors 150, logés dans
une usine de confection. Ils avaient une
bonne hygiène avec douche et habits
propres.
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REVE D’EVASION
Ce fut un premier Noël en
Allemagne Le mal du pays commençait à
chatouiller mon père il rêvait
d’évasion ! Il en parla à 4 camarades sûrs.
Ils s’organisèrent donc Ils réussirent leur
évasion ce 29 juin 1941 La liberté dura
10 jours avec maintes péripéties. Mais le
11ème jour, leur périple à travers l’Allemagne
se termina : le groupe fut repéré et
dénoncé alors qu’il marchait le long de
l’autoroute Berlin Nüremberg. Un soldat
allemand arriva avec son arme. Il mit en
joue les hommes et demanda leurs papiers.
Epopée terminée, évanoui leur rêve de
revoir la France !
DE RETOUR A LA CASE DEPART
Conduits dans un camp de
prisonniers serbes, ils furent interrogés et
conduits enfin dans une prison de droit
commun.
Trois jours dans cette prison dont leurs
gardiens étaient un alsacien et son épouse
allemande. De par leur nationalité et le fait
qu’ils ne soient pas des repris de justice, ils
furent bien traités, aussi bien en nourriture
que humainement : on leur apporta même
du papier et des crayons pour jouer à la
bataille navale. Touché, coulé : comme
eux ! Le moral était au plus bas.
Un soldat les amena ensuite au
train direction Luckenwalde, stalag IIIA.
Jugés dès leur arrivée, ils furent condamnés
à 1 mois de compagnie de discipline et dix
jours de cellule chacun Entassés à 10
dans une pièce de 1,50 m sur 2 m, une
maigre soupe était servie et tous les trois
jours un petit bout de pain avec de la
confiture et de la margarine au goût
douteux. Ils purent récupérer la monnaie
cachée dans leurs semelles et acheter un
peu de nourriture au marché noir.
René et ses 7 camarades KG inséparables :
(3ème 1er rang de gauche à droite)
Après la peine purgée, ils furent
expédiés dans un camp de 350 prisonniers,
une trentaine de sentinelles, petit camp
avec miradors aux quatre coins et double
rangée de barbelés.
Histoire de Pigeons
La première sortie s’effectua un
matin par groupe de 20 KG
(Kriegsgefangene). Ils furent conduits dans
une grande ferme d’état grouillait plus
de 150 ouvriers et ouvrières de toutes
nations. La journée se passait à couper
l’avoine et la stocker dans un grand hangar.
Grimpés en haut des gerbes en tassées, des
camarades aperçurent des nids de pigeons
entre les chevrons. Ils s’empressèrent de
d’estourbir les pigeonneaux et les enfouir
dans leur musette. Le soir, ils mangèrent les
volatiles et enfouirent les restes. Ils
recommencèrent les jours suivants. Le
quatrième jour, le chef de la ferme regarda
son vol de pigeons. Sans doute avait-il
remarqué qu’il avait diminué. Les hommes
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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donnèrent immédiatement la consigne aux
autres KG de cacher les pigeons estourbis le
matin dans les gerbes d’avoine. En effet,
une fouille générale de tous les KG fut
organisée, les chefs ne trouvèrent rien. Les
prisonniers jugèrent qu’ils n’avaient pas
touché à un seul pigeon.
POMMES DE TERRE CONTRE CIGARETTES
Après l’avoine, ce fut les pommes
de terre, arrachées par une machine. Pour
encourager les KG à ramasser plus vite les
tubercules, les chefs promirent une
cigarette par baquet vidé dans la remorque.
« Le premier jour ils furent réglo »
écrira mon papa. Mais ils trouvèrent que
cela faisait trop et diminuèrent les
récompenses. Alors les travailleurs en firent
autant pour le travail. Les gardiens
embauchèrent des italiens qui ramassaient
en même temps que les français. Eux
étaient payés au baquet. Quand les KG
français avaient ramassé un baquet, ils
l’échangeaient avec les italiens contre une
cigarette. A ce rythme les français
ramassaient 15 baquets par jour, les italiens
une centaine.
EN GREVE
Forgeron de métier, mon père
demanda à travailler dans une forge. Le
chef de camp le toisa d’un regard
interrogateur. Sans réponse au bout de huit
jours, il itéra sa demande. Pas de place
pour lui ! Le lendemain, mon père refusa de
travailler. Il fut mis en cellule et le gardien
lui dit : « Rien à manger ». Il ne mangea
jamais aussi bien que ce jour-là ! Ses
copains lui firent passer du chocolat, du
pain, des biscuits.
Le soir on le conduisit devant un
jeune officier. Ausculté par un médecin
français lui aussi KG. L’officier lui demanda
la raison de son refus de travailler. Mon
père répondit qu’il avait par deux fois
demandé d’aller travailler dans une forge et
qu’il n’avait pas eu satisfaction. Etant
prisonnier, vous n’aviez pas à refuser de
travailler ! » « C’est le seul moyen de se
faire entendre ! » Répondit-il. Il lui promit
de s’occuper de sa demande. En effet,
quinze jours après, il fut envoyé à
ALTRUPPIN. Il arriva au camp le soir à la
nuit.
C’était une ancienne tannerie mais
protégée par des barbelés tout neuf. Le
gardien du commando le reçut sans
ménagement et le menaça avec son
pistolet. Il lui déclara qu’il n’hésiterait pas à
lui tirer dessus s’il tentait de s’évader une
nouvelle fois.
Sa réputation de râleur l’avait suivie
ainsi que sa tentative d’évasion Il
embaucha le lendemain chez le forgeron du
village. Le soir il rentrait au camp après la
journée de travail. Ils étaient une
soixantaine de KG de tous les métiers.
SYSTEME DEBROUILLE
A cinquante mètres du camp coulait
un canal. Des péniches y passaient. Ce canal
reliait deux grands lacs aux eaux profondes.
Un des camarades travaillait de nuit chez un
pêcheur. Il demanda à mon père de lui
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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fabriquer un harpon en acier. Il le paya en
nature avec des brochets qu’il captura. Un
autre commanda un collet pour attraper
des lièvres et des chevreuils. Il y avait
beaucoup de gibier, des bois entouraient
les champs de culture. Pour les lièvres, du
câble de frein de vélo convenait
parfaitement. La survie les guidait. Il fallait
manger, surtout pour beaucoup d’entre
eux. Entre temps, un nouveau gardien fut
nommé. Il était très sympathique. Il avait
tout à gagner lui aussi. Il eut droit au
chocolat plus tard quand les KG reçurent
des colis d’émigrés.
ICI LONDRES
Un des camarades se procura un
poste TSF avec écouteurs qu’il fallut cacher.
Deux KG étaient menuisiers. Ils coupèrent
une planche de parquet en dessous de leur
lit pour faire un passage et accéder à la
cave. Ils laissèrent quatre petits trous
fraisés pour visser la planche après
utilisation. Un peu de poussière sur les
joints et rien n’était apparent. Tous les soirs
à 21 heures, ils écoutaient ainsi radio
Londres. Le problème est que le gardien
avait l’habitude de venir faire l’appel à cette
heure. Il fallait l’amuser pendant ce temps.
Les prisonniers lui offraient cigarettes et
chocolat. Malgré sa gentillesse, il était
allemand donc méfiance ! Quand les
informations étaient terminées, les copains
tapaient deux petits coups à un endroit
sous le plancher et les autres attendaient
que le gardien soit parti pour ouvrir la
trappe et libérer les 2 informateurs.
AU CHARBON
Cette cave secrète leur permit
également de cacher tous les objets
compromettants qu’ils possédaient : trois
tonnes de charbon en briquettes
substituées à une péniche qui avait vidé son
stock près du camp. Le gardien leur fit
comprendre que l’hiver serait rude, qu’il
était avec eux et qu’il fallait se chauffer les
mois de froid ! Les prisonniers comprirent
tout de suite, surtout qu’ils avaient déjà
commencé à se servir : Ils y travaillèrent
tout une nuit, la cave était assez grande
pour y contenir le chargement. Le
lendemain le patron de la péniche vint vers
9 heures avec un gendarme. Ils firent
l’inspection de la chambre et l’enquête
s’arrêta là.
Depuis cette cave, on installa une
prise électrique : les prisonniers avaient
monté une bibliothèque et, avec les prises
de courant, ils purent lire tranquillement
après l’extinction des feux.
PASSAGE A TABAC
L’un des camarades boulanger
travaillait de nuit. Il aperçut des camions se
garer devant un grand hangar. Des caisses
étaient déchargées dans ce bâtiment et cela
l’intrigua. La nuit suivante il se faufila dans
ce hangar, accéda aux caisses entassées
jusqu’au faitage avec une échelle. Ces
caisses étaient remplies de cigares et
cigarettes. Le lendemain, tout excité, il
raconta sa découverte : à partir de ce jour
ils eurent le tabac à volonté ! Ceci se passa
dans l’hiver 1944.
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ESPOIR DE LIBERATION
Les prisonniers avaient de nouvelles
du front russe : ils montraient leur nez à
l’Est, les américains à l’Ouest. Ils avaient
prévus d’aller au-devant des américains …
La forge mon père travaillait se
trouvait sur la grand-rue Breite-Strasse. Il
vit passer par la fenêtre de son atelier près
de cinquante mille déportés de tous pays.
Un grand choc, une grande pitié l’envahit
de voir ces malheureux dans cet état de
misère physique, avec de mauvaises
chaussures ou pieds nus. Les gardes les
malmenaient encore à coups de crosse. Son
patron n’en revenait pas, il ne savait pas
comme beaucoup d’autres allemands qu’il y
avait des personnes ainsi torturées,
affamées. Ces déportés venaient du camp
de concentration d’Oranienbourg.
Les prisonniers quittèrent le camp
d’AltRuppin le 30 avril 1945. Cinquante
kilomètres à pied. Mon père avait trouvé
une bicyclette. Il s’en servit pour
transporter son sac et celui des copains. Ils
conduisirent à tour de rôle. Un autre avait
fabriqué une brouette avec une roue d’un
avion de chasse récupérée. Ils arrivèrent au
bord de l’Elbe le 2 mai au soir.
Les américains tenaient une tête du
pont. Ils firent le tri. Les KG des pays de
l’Ouest traverseraient le fleuve sur les
barques à moteurs conduites par 2
américains. « Ce fut un des plus beaux
jours de ma vie » écrira mon père. Ce
bonheur fut attristé par un accident : le
bateau suivant chavira au milieu de l’Elbe.
Ne survécurent que 9 prisonniers sur les 18
passagers : huit français qui venaient
d’AltRuppin et un américain se noyèrent.
Un autre accident se produisit parmi eux.
Un russe voulut désamorcer une mine
antichar. L’engin explosa. Il fut déchiqueté
et 8 blessés tombèrent à côté.
Les américains transportèrent les
soldats libérés par camion à la gare la plus
proche. Direction la France. Ils traversèrent
la Hollande, la Belgique. A Charleroi, un
repas chaud leur fut offert par les Belges
avec un verre de vin rouge. Le premier
verre d’un pays ami depuis cinq ans. Le
convoi passa le Rhin le 11 mai à neuf heures
du soir. Ils furent désinfectés et démobilisés
officiellement. Arrivé à Périgueux le 14 mai
dans la soirée, il retrouva sa mère et toute
la famille à Cendrieux le lendemain matin
vers 11 heures …
Quel délabrement moral après cinq
années de solitude, de stress. Même si les
conditions de détention n’ont pas été
dramatiques pour mon père, il disait qu’il
avait eu de la chance de ne pas être
maltraité mais il y avait cette tension
permanente, et surtout la culpabilité de se
trouver si loin de son pays, impuissant à
tout ce qu’y s’y passait.
Mon père a ainsi donné 8 ans de sa
vie à la France : parti en 1937 pour le
service militaire, il est revenu en 1945.
(1) : Mon père avait noté 30.000 prisonniers :
certainement ce jour-là. Sur Wikipédia ce sont
1.850.000 soldats qui furent faits prisonniers en
France par les Allemands en mai-juillet 1940. Sur
ce nombre, 80.000 réussirent à s’échapper entre
juin 1940 et octobre 1942. 51.000 trouvèrent la
mort ou disparurent au cours de leur captivité.
(2) Usine Arado (Brandebourg) : constructeur
aéronautique liquidé en 1945.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
44
Par Nicole et Catherine MONVILLE.
Marie TISSANDIE et Joseph HEBRARD.
Marie TISSANDIE a vu le jour le 3 mars 1741 à Loubéjac, elle est la dernière fille de Guillaume
TISSANDIE, laboureur et de Marie CHARVY.
Elle épousera le 17 février 1765 Joseph HEBRARD, laboureur, notre AAAA grand-père, est
probablement vers 1741 à Loubéjac. Fils de Joseph HEBRARD et de Marie MOUILLAC.
De cette union naitra Antoinette HEBRARD, notre AAAGrand-mère le 16 avril 1767.
Elle est bien jeune notre Antoinette, elle n’a que 17 ans lorsqu’elle se marie dans l’église
de Loubéjac le 7 avril 1785 avec Jean SOULLIE, charron, notre AAAGrand-père. Ils auront 9
enfants, dont le petit dernier François notre AA grand-père né le 27 octobre 1805.
Voici que François, a trouvé une promise, il a été la chercher bien loin, à 75km, dans le
Lot, mais c’était sûrement la plus belle fille de la région.
Il épousera
Marie GARRIGOU
le 21 février 1835
à Loubéjac.
François et Marie, quittent la Dordogne pour le Lot. François sera charron à Tarrieu-Pomarède,
commune de Cassagnes, lieu naîtront leurs sept enfants, dont le 12 septembre 1840 Jeanne
dite Thérèse notre AR grand-mère.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
45
Jeanne SOULLIE épousera Jean
Monville le 2 avril 1862 à Bélaye (Lot) Jean
MONVILLE le 22 Juillet 1833 a trouvé sa
promise à Pomarède à 15Km de Bélaye !
Ce n’est pas loin ! Lui qui venait de
faire la campagne d’Italie avec Napoléon, et
qui était rentré à pied de Magenta,
accompagné de son chien Milan. Vers 1859
Jean vient de rentrer de son service
militaire qui a duré 7ans !
Sa Jeanne dite Thérèse l’a-t-il
courti un soir de bal ? Lui a t’il conté
fleurette le long de ruisseau de Pomarède ?
Une chose est sûre, il part à Tarrieu, chez
François SOULIE et Marie GUARRIGOU pour
leur demander la main de leur fille. Mais
Jean a quelques biens, et Jeanne un peu
moins, il faut donc faire un contrat de
mariage. Jean amène une maison qui lui
appartient et de l’argent, 1912.35 francs.
Les parents de Jeanne amènent
dans son sabot 1600francs en avancement
d’hoirie, ainsi qu’une donation de 3 draps
de lit estimés à 12 francs et 6 serviettes et
une nappe estimés à 7 francs. Jean
MONVILLE et Jeanne Thérèse SOULLIE se
sont marié le 2 avril 1862 à Bélaye (Lot)
Cette maison serait peut-être
encore dans « nos sabots » si Léon le fils
aîné de Jean et Jeanne, qui aux dires de
notre grand-père Louis MONVILLE
était « un bon à rien qui était capable de
tout », n’y avait mis le feu pour toucher
l’assurance après le décès de ses parents.
Cinq enfants naîtront de cette union. Cette
première journée du mois de janvier 1864
sera bien triste pour Jean et Jeanne dite
Thérèse, leur petite Marie MONVILLE voit
le jour mais ne vivra qu’une heure ! e 8
janvier 1865 Etienne MONVILLE voit le
jour. Il est décédé le 7 mai 1892 à l’âge de
27 ans. Il était instituteur. Selon les dires de
sa sœur Anna MONVILLE ( ma grand-tante)
qui avait 15ans à son décés .
Le 14 mars 1870, voici que Léon
Marcelin MONVILLE pointe son nez.
Cultivateur comme son père, il épousera
Françoise LUZERGUES le 26 juillet 1899 ils
auront 4 enfants. Le 25 juillet 1877 Anna
Marie Anne, dite Anna MONVILLE, voit le
jour. Elle est décédée en 1976.
Notre chère grand-tante, chez qui
nous avons passé chaque été de si belles
vacances ! Elle épousera Elie TEYSSEDRE en
1899 à PRAYSSAC. (Lot) Ils auront une seule
fille, Madeleine, qui décédera dans les bras
de ses parents à l’âge de 20 ans.
Et le petit dernier arrive, notre
grand-père Louis MONVILLE le 7
septembre 1880. Il épousera notre grand-
mère Jeanne JOUBERT le 20 octobre 1906.
Ils auront un seul fils, notre père André
MONVILLE.
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46
Par Julien LIUT.
Nicolas RAMBOURG.
En cette année 1649, un vieillard d’environ 90 ans jette un regard sur l’imposant
chantier qui se tient devant lui. Il est serein, satisfait de son travail, même si celui-ci est
inachevé, car après tout, c’est le propre de tous les grands architectes de son époque : partir
avant la réalisation complète de leur chef-d’œuvre. Il se souvient de ce vieux château-fort fort
délabré, qu’il s’était engagé, il y a plusieurs années, à transformer en une résidence
majestueuse et magnifique, destinée à susciter une fierté vaniteuse dans la famille de ses
possesseurs, et pour les siècles à venir. Au soir de sa vie, il sait qu’il laisse une trace anonyme
pour le commun des mortels, mais pourtant bien visible aux yeux de tous, car sa merveille
architecturale marquera durablement le paysage de Hautefort et alentours.
Quel honneur pour Nicolas
Rambourg d’introduire en ces fameuses
terres ce style moderne en Italie au
siècle précédent. Fameuses terres, disais-
je… Cette antique seigneurie, bien
qu’excentrée, située sur la bordure est du
Périgord et à quelques encablures du Bas-
Limousin, entrait en effet dans l’histoire un
peu plus de 300 ans auparavant. Son
turbulent seigneur de l’époque, Bertrand de
Born (~1140 - ~1215), n’avait cessé
d’alimenter les tensions entre ses suzerains
Henri et Richard, les fils d’Aliénor
d’Aquitaine, pour tenter de tirer ensuite
avantage d’une situation désordonnée.
Tout cela en vain, et l’homme voyant ses
desseins anéantis s’était retiré du monde,
dans l’abbaye voisine de Dalon, laissant
cependant à la postérité quelques vers qu’il
avait composés sur l’amour courtois et la
guerre. Les descendants de ce troubadour
finirent par prendre le nom de leur
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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domaine, ils prospérèrent tant, que
Hautefort fut érigé en marquisat en 1614.
Et c’est donc sur ces terres qu’au
soir de sa vie, Nicolas Rambourg ne peut
que contempler le passé et le chemin qu’il a
tracé grâce aux opportunités occasionnées
par son génie, reconnu par ses
contemporains.
De son enfance, il se souvient des
bords de la Meuse et de l’église paroissiale
il avait été baptisé, à Saint-Mihiel en la
province indépendante de Lorraine. Il n’y
manquait pas d’admirer, à chaque fois qu’il
allait prier, une fascinante mise au
tombeau, flambant neuve, réalisée par la
grande figure de la Renaissance lorraine,
Ligier Richier. D’aucuns racontent que ce
sculpteur, natif aussi de Saint Mihiel, était
allé en Italie dans sa jeunesse il avait
rencontré Michel-Ange. De retour dans son
pays natal, il l’avait agrémenté de créations
artistiques très proches du style du maître
italien. Cependant, les tensions religieuses
devinrent telles que le vieux sculpteur qui
avait embrassé la religion réformée, fut
contraint à l’exil en s’enfuyant à Genève.
Étant catholique, le très jeune
Rambourg ne fut pas inquiété. Il avait
même profité de l’influence des bénédictins
de sa ville qui, tout au long du XVIème siècle,
n’eurent de cesse d’y promouvoir les Arts.
Nicolas Rambourg, tout comme son grand
frère Jean, y avait débuté son
apprentissage, puis était parti en la ville de
Langres, pour y apprendre son art. Les
évêques de Langres étaient des
personnages puissants, puisqu’une fois
nommés, ils étaient automatiquement
agrémentés des titres de ducs et pairs de
France. Le long épiscopat de Claude de
Longwy cardinal de Givry que de
Langres de 1528 à 1561) fut très important
pour cette ville et ses environs dont il
favorisa l’embellissement. Aussi, y officiait
un enfant du pays, Nicolas Ribonnier,
remarquable ingénieur militaire, architecte,
et sculpteur, dont le talent rayonna jusqu’à
Dijon, capitale des Ducs de Bourgogne.
Auprès de ce maître, l’éventail de
l’apprentissage de Nicolas Rambourg fut
très complet, avec les dernières techniques
les plus pointues et à la mode de son
temps.
Des proches parents de Claude de
Longwy, évêque de Langres, s’allièrent à
une famille à la fois originaire du Limousin
mais aussi implantée dans le Périgord : les
Pérusse des Cars. C’est ainsi qu’en 1572,
probablement un peu grâce aux coutumes
népotiques de l’époque, Charles de Pérusse
des Cars, beau-fils de Françoise de Longwy,
fut nommé évêque de Langres. Dans une
famille, la présence d’un tel prélat est une
opportunité sans équivalent, elle est un
véritable tremplin, permet d’augmenter
l’influence, l’importance et la réputation de
sa parenté. Le frère de l’évêque, François
de Pérusse des Cars, chef de la maison,
décida de remanier certaines de ses
propriétés. En 1582, il venait d’acheter à
Henri de Navarre (futur roi Henri IV) le
château d’Excideuil, qui venait de subir, en
1574, de sérieux affrontements entre les
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huguenots et les catholiques. Cherchant un
architecte pour ses travaux, le jeune Nicolas
Rambourg lui fut recommandé par son
illustre parent.
C’est ainsi que Nicolas quitta
définitivement son pays natal, accompagné
de son frère aîné, Jean. Après Excideuil, les
chantiers ne manquèrent pas. Jean profita
des travaux sur le château de Juillac
(propriété d’un cadet des Pérusse des Cars),
pour se marier et s’installer dans la paroisse
voisine de Concèze, dans le Bas-Limousin.
La fille de François de Pérusse des
Cars avait épousé François d’Hautefort, qui
habitait le château du même nom, et qui
avait l’espoir, grâce à ce mariage, de nourrir
de grandes ambitions. Il embaucha
l’architecte de son beau-père, et dès 1588,
les fortifications étaient remises à neuf.
Voyant ces magnifiques réalisations,
inédites dans le pays, les seigneurs du
voisinage voulurent aussi employer
l’architecte, comme Jean Foucaud de
Lardimalie pour son château de la Sudrie en
la paroisse de Cubjac. Les tâches à
accomplir dans la région étaient infinies,
Nicolas se rendit compte qu’il n’allait plus
quitter cette contrée, et tout comme son
frère, il se décida à y fonder un foyer.
Il épousa une jeune veuve originaire
de Salagnac, Jeanne Goumard, qui habitait
à La Genèbre en la paroisse de Saint Aignan
de Hautefort, demeure familiale de son
premier époux, François Pasquet. Par ce
mariage, notre lorrain s’intégrait
totalement à la bourgeoisie locale, avec
notamment un beau-frère Goumard
notaire, et désormais allié à cette famille
Pasquet, très prolifique et influente dans la
vallée de l’Auvézère. Cependant, les
Rambourg restaient des étrangers.
En 1589, le roi de France Henri III,
fils d’Henri II et petit-fils de François Ier,
avait été assassiné. Tout comme ses deux
frères avant lui, il mourait sans héritier
direct, et la couronne revint à son très
lointain cousin Henri de Bourbon, non
seulement roi de Navarre, mais aussi comte
de Périgord, et vicomte de Limoges. Ainsi,
pour obtenir les mêmes droits que tous les
sujets du roi de France, c’est auprès de
l’administration d’Henri IV que les deux
architectes durent demander, en 1603, des
lettres de naturalité, retranscrites dans les
patentes de la Sénéchaussée du Périgord.
Pendant ce temps, les commandes
se poursuivaient, et se diversifiaient. Avant
la fin du XVIème siècle, il avait réalisé pour la
famille Ferrières, aussi alliée aux Pérusse
des Cars, des fontaines au style contrastant
totalement avec l’austérité de leur antique
demeure de Sauvebœuf. Puis, chez François
de La Borie, il avait restauré et remis au
goût du jour la bâtisse de la Rampinsole,
paroisse de Coulounieix. Au début du
XVIIème siècle, on l’appela deux fois à
Périgueux pour réaliser l’une après l’autre
les deux tribunes de la cathédrale Saint
Front, jusqu’après 1612. Il logeait alors dans
la paroisse urbaine de Saint Silain, on le
trouvait parrain en 1605 d’une petite Marie
Bouquier, fille d’un maître menuisier avec
lequel il travaillait. Il resta encore dans la
métropole provinciale de 1613 à 1616 pour
réaliser des travaux importants sur les
ponts de Tournepiche et de la Porte-Neuve,
au-dessus de l’Isle. On le logea chez
Mathaly (Mathurin en occitan ) Labrousse,
hôte dans le Faubourg de Tournepiche, et
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beau-frère de Raymond Dubreuil, receveur
de Hautefort. Nicolas se lia d’amitié pour
les membres de cette famille, et en 1625, il
maria sa fille la plus jeune à Blaise, fils de
Raymond Dubreuil.
Car de son union avec Jeanne
Goumard, Nicolas avait eu des enfants,
dont plusieurs arrivèrent à l’âge adulte.
L’aînée s’appelait Anne, elle épousa en
1614 le notaire Claude Sarrazanes. Léonne
épousa en 1618 le procureur d’office de
Tourtoirac, Guillaume Souffron. Les deux
plus jeunes filles se prénommaient toutes
deux Françoise, la première, baptisée en
1602, épousa le praticien Antoine Exartier
du village des Charreaux, dépendant de
Hautefort. La seconde, épousa donc en
1625 Blaise Dubreuil, mais très vite veuve,
elle se remaria en 1627 avec Léonard
Lidonne, juge de la juridiction de Hautefort.
Un garçon, Bernard, était promis à une
carrière juridique, mais mourut
prématurément1.
Provenant des biens du premier époux de
Jeanne Goumard, la maison de La Genèbre,
domicile des époux Rambourg, devait
échoir soit à Léonne, soit à Jeannette
Pasquet, les filles de ce premier mariage.
Mais le destin en décida autrement, les
filles moururent jeunes et sans héritier,
après s’être pourtant mariées.
C’est donc la dernière fille de
Nicolas Rambourg et de Jeanne Goumard,
Françoise, successivement épouse Dubreuil
1 On n’a pas trouvé son acte de sépulture, mais
ses preuves de vie cessent juste avant l’épidémie
de peste qui frappa la région autour des années
1630
puis Lidonne, qui devint l’héritière, et qui
resta vivre dans leur foyer.
La vie professionnelle de Nicolas
Rambourg fut plus mouvementée qu’on ne
pourrait l’imaginer. En 1614, date de
l’érection de la terre d’Hautefort en
marquisat, les chantiers étaient à leur
apogée, et rien ne pouvait laisser présager
quelque changement, mais l’année 1616 fut
marquée par un événement inattendu, qui
changea considérablement la donne : le
jeune Charles d’Hautefort, chef de la
maison, décéda prématurément, laissant
une veuve, Renée du Bellay, et de jeunes
enfants. La mère de Charles, Louise de
Pérusse des Cars, était décédée en 1595, et
son époux préféra se mettre en ménage
avec sa concubine du moment, et s’occuper
de ses enfants bâtards. Il avait alors
abandon ses droits sur Hautefort à son
fils aîné, dont l’hérédité revint à Renée du
Bellay, mais devint cependant tuteur des
orphelins, rendant la situation quelque peu
épineuse. Renée décida de rester à
Hautefort, pour ne pas fâcher son beau-
père, bien que celui-ci ne fût pas très
généreux avec ses pupilles (il fut dit qu’il
l’était beaucoup plus avec ses enfants
naturels).
Les décisionnaires planifièrent donc
de continuer les travaux à Hautefort.
Cependant, la situation se détériora au
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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cours du temps, et en 1627, la douairière
décida d’affermer le château et d’en partir.
Les travaux cessèrent, le coup porté à
Nicolas Rambourg fut très dur. À partir de
cette époque, il n’exerça plus que ses
activités de sculpteur, n’ayant plus aucune
commande en tant que bâtisseur.
La traversée du désert dura presque
une décennie. En 1636 en revanche, les
commandes affluèrent de nouveau. Cinq
ans auparavant, Jean de Ferrières de
Sauvebœuf, pour qui il avait exécu des
fontaines, tomba en disgrâce pour avoir pris
le parti de Marie de Médicis contre le roi. Il
fut décidé que la forteresse antique de
Sauvebœuf soit rasée. Elle ne fut en réalité
que démantelée, mais lorsque le fils de
cette maison noble voulut le rebâtir
dignement, il fit appel à l’architecte de
Hautefort. La même année, Rambourg
remporta « l’appel d’offre » pour les
réparations de la maison commune du
Consulat à Périgueux (il se chargea des
plans, mais délégua les travaux à un autre
maçon).
Mais l’événement majeur fut le
retour des Hautefort sur le devant de la
scène. Le jeune Jacques-François, reçut de
nombreux biens en héritage. Sa mère
Renée du Bellay décéda en 1631, son
grand-père l’émancipa en 1633, il put donc
recevoir les héritages de son père et d’un
de ses grands oncles Pérusse des Cars, il
hérita ensuite d’une grande-tante
maternelle. Cette fortune soudaine,
s’ajoutant à ses revenus déjà conséquents,
laissa à ce jeune marquis les possibilités
d’assouvir ses rêves à la hauteur de ses
prétentions.
Jacques-François d’Hautefort revint
chercher le vieux Nicolas Rambourg,
septuagénaire mais toujours dynamique. Ils
décidèrent de retravailler les plans, pour
certains exécutés plus de 30 ans
auparavant, pour les remettre au goût du
jour. Pour cela, Rambourg consulta les
manuels d’architecture les plus récents,
émanant de ses confrères lorrains et
bourguignons, s’en inspirant pour ses plans,
tout en les agrémentant de ses inspirations
originales. Sous sa main encore agile,
naquirent les projets du pavillon central sur
la cour, le promenoir, la grande galerie,
qu’il verra lentement s’ériger sous le travail
des ouvriers maçons et charpentiers.
La sœur de Jacques-François d’Hautefort
connaissait alors un destin national. En
1630, la très jeune Marie d’Hautefort, dame
d’honneur de la reine, s’était faite
remarquer grâce à sa beauté et ses bonnes
manières par le roi Louis XIII qui lui accorda
longtemps ses faveurs. Les intrigues
politiques de Richelieu l’éloignèrent ensuite
de la cour, sans pour autant la disgracier
aux yeux des membres de la famille royale.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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En 1643, après les décès coup sur coup du
ministre et du roi, Anne d’Autriche devenue
reine-mère et régente du jeune Louis XIV
rappela sa chère amie qui bénéficia de
nouveau de son statut particulier auprès de
la famille royale.
En cette année 1649, ce vieillard de
90 ans contemplant son chantier pense un
instant à l’avenir. Les rumeurs disent que la
liberté de parole de Marie d’Hautefort
commence à déranger le ministre Mazarin
qui, malmené par la Fronde parlementaire,
songe déjà à un moyen de la congédier à
nouveau. Le roi est jeune, la reine-mère et
son ministre sont impopulaires et fragilisés,
cernés par les complots.
Peu importe, Nicolas Rambourg sait
que sa vie mortelle touche à sa fin, et au
sommet de sa gloire, alors que l’avenir de la
France semble une nouvelle fois des plus
incertains, il regagne son logement
aménagé sur son chantier, au cœur de sa
plus grande création, le château de
Hautefort.
Le 2 juillet 1649, Nicolas Rambourg
ferma les yeux, après s’être confessé, avoir
communié, et avoir reçu les saints
sacrements de l’extrême onction.
Il fut inhu le lendemain dans
l’église paroissiale dans les tombeaux qu’il
avait acquis 40 ans plus tôt, en présence de
« vingt-deux prêtres ou religieux » qui
s’étaient déplacés pour lui rendre un
dernier hommage. Ses œuvres ont traversé
les siècles, mais son nom fut oublié. Des
passionnés ont, par l’étude d’archives
diverses, réussi à l’identifier, à reconstituer
son parcours, à reconnaître ses créations.
S RAMBOURG 1649. AD24 - Hautefort (Dordogne, France), Paroisse Saint-Agnan, 1628 – 1660
vue 222/391. https://archives.dordogne.fr/ark:/43778/s005a2a9ec43887d/5a2a9ec4627c4
3
Notamment grâce à Madame Gendry,
Monsieur Laurent, et le chanoine Brugière
(puisèrent leurs informations aux archives
départementales de la Dordogne, mais dans
les archives épistolaires entre les différents
membres de la famille d’Hautefort et alliés) ;
on a d’ailleurs admis les hypothèses les plus
plausibles émises par ces éminents
spécialistes pour la rédaction de cette
histoire de Nicolas Rambourg.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par Françoise VILLECHENOUX.
ORTHION Marguerite.
Quand j’ai découvert que Marguerite était issue d’une famille de colons, dans ma tête
sont aussitôt apparues de images de films américains, les grands espaces, les courses effrénées
en charriots, à la découverte de nouvelles terres…
Ils arrivaient de je ne sais où pour aller…qui sait où ? En l’occurrence ici, en Dordogne et
plus précisément à Saint-Louis sur L’Isle.
Qu’elle ne fût ma déception à la lecture de la définition du mot « colon » : Cultivateur, à
l'origine ancien soldat, de condition libre mais assujetti à la terre qu'il travaille pour le compte
d'un propriétaire !!!
En fait, ils étaient des gens ordinaires, cultivateurs, menant une vie normale, du moins,
je veux bien le croire si ce n’est que, tout en elle sentait la nature. Comme je l’ai dit au début
elle se prénommait Marguerite quant à son patronyme, mis à part que l’on ne sait pas
positionner le « H » « Orthion, Ortion, Hortion » il est un dérivé de « Ort », « forme occitane de
jardin », surnom d’un possesseur de jardin (Geneanet)
Le décor est planté.
Avec un H comme Hortion Marguerite voit le jour à Saint Louis en l’Isle (Dordogne), à 2
heures du matin, un 20 janvier 1843, au lieu des Nandilloux.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Elle habite Saint louis en l’Isle
jusqu’au décès de sa mère en 1856, avec
ses parents : Pierre ORTION son père,
Marie MADILLAC sa mère et ses sœurs
(Marie Hortion 1835-1892, Marie Hortion
1838, Marie Hortion 1840), comme en
témoigne le recensement de 1851 Marie
Madillac décédée, Pierre Orthion prend
pour épouse Marie Couyrier avec laquelle il
a deux enfants , Louis Hortion en 1859 et
Jeanne Hortion en 1860. Marguerite
devient servante à gages chez Mr Paulias ou
Pauliac à Menesplet. C’est qu’elle
rencontre celui qui devient son époux le
28 avril 1862 à Minzac (24272), Jean
FORTIN 1832-1871.
Ils habitent le Moulin du Drôle et
ont quatre enfants (Pierre FORTIN 1863-
1864,Marie FORTIN 1864-1867, Marie
FORTIN 1868, Marie FORTIN 1871-1871).
Sur le contrat de mariage passé chez Me
Delage le 18 avril 1862, on note que
Marguerite hérite en indivision des
propriétés de sa mère, sises à Saint-Louis en
L’Isle.
Jean Fortin décède le 26 décembre 1871.
Marguerite ne reste pas longtemps
veuve. Elle se remarie le 1er janvier 1873
avec Jean Villechenoux le 27 mai 1838 à
Beauronne, lui-même veuf de Jeanne
Guionnie le 9 mai 1871….
Ils ont trois enfants :
André :
le 21 août 1874 - Francs, 33570,
Gironde, Epouse Anne Tignonma.
Décédé le 1er janvier 1915 - Bordeaux-
Hôpital Temporaire, à l’âge de 40 ans alors
qu’il vient juste d’être incorporé(le 15
décembre). Cultivateur.
André :
le 26/11 :1878 à Minzac 24 Dordogne.
Epouse Edouara Morandeau.
Décédé le 26 octobre 1915 Jonchéry,
Marne. Mort pour la France.
Antoine :
Né le 24 juillet 1887 à Minzac.
On perd la trace de Marguerite en
1903 après le mariage de son fils ainé. On
sait juste qu’elle est décédée en 1915 lors
du décès de ses deux fils.
Alors avec ou sans H ? Il faudrait remonter
à la naissance du bourgeon pour en
connaître l’écriture exacte.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par Marie-Thérèse PUYRINIER WACHET.
PUYGRINIER, Joseph Arnaud.
Mon arrière-grand père de Ribérac.
Né à Saint-Sulpice-de-Roumagnac en Dordogne, le 8 juillet 1832.
Portrait physique : cheveux et sourcils
châtains, yeux gris, front bas, nez bien fait,
bouche petite, menton rond, visage rond.
Taille : 1,59 m
Il est le fils de Jean Baptiste
Puyrinier ou Puyrenier, l’orthographe du
nom n’est pas encore bien fixée et subira
encore quelques variantes. La profession de
ce dernier à la naissance de Joseph Arnaud
est Artiste Vétérinaire, il semblerait que de
père en fils, les Puyrinier aient été Artistes
vétérinaires et Maréchaux Vétérinaires à
saint-Sulpice-de-Roumagnac. Le grand-père
prénommé Jean avait fait l’objet d’un
article dans les annales de l’agriculture en
1818 pour ses compétences dans les soins
aux animaux.
Joseph Arnaud est le sixième enfant
de la famille qui en comportera 7, il ne sera
donc pas l’héritier de cette tradition qui
reviendra à son frère ainé Jean Augustin, le
dernier à la pratiquer. La loi ayant modifié
entre temps la pratique et les études
vétérinaires et de ce fait il ne sera plus
possible d’exercer le métier en tant que
Maréchal-ferrant vétérinaire.
Le dernier des Puyrinier, ayant eu
une profession liée au cheval sera
Hongreur. Arnaud a vécu longtemps à Saint-
Sulpice-de-Roumagnac avant que la famille
ne vienne s’établir à Ribérac.
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Si j’ai choisi de parler de mon
arrière-grand-père, c’est qu’il est le fruit
d’une union peu commune.
Sa re, Marie Justine de Lavergne
appartenait à une famille de petite noblesse
du Périgord, elle vivait au Château de
Lavergne à Petit-Bersac, fille de Pierre-Louis
de Lavergne, Chevalier de Saint-Louis et
capitaine au Régiment du Vermandois et de
Marie Pauline de Touros, comtesse d’Heinz
et chanoinesse de Walbourgis en
Westphalie, elle avait résidé en Prusse un
certain temps avec son père, passé au
service du Roi de Prusse en 1768 ! Celui-ci
sera général major et brigadier-chef des
ingénieurs militaires, il restera en Prusse
jusqu’à sa mort à Luckenwald, mais ceci est
une autre histoire !
Selon un récit familial, Jean
Puyrinier, le père d’Arnaud s’occupait des
chevaux du domaine et serait tombé
amoureux de la demoiselle qui aurait
répondu à ses sentiments. Le mariage eut
donc lieu malgré les réticences paternelles,
mais la famille de Lavergne était sortie très
appauvrie de la révolution et n’avait plus les
moyens de paraître, Pierre-Louis de
Lavergne avait de nombreuses filles à
marier et peu de partis à proximité donc il
donna son consentement ! Et après tout, le
père du marié était aussi adjoint au Maire
de Saint-Sulpice et avait reçu une certaine
instruction ce qui en faisait un notable dans
son village !
Par ce mariage Joseph Arnaud
comptera aussi parmi ses ancêtres,
Magdelon Charles-François de Touros,
directeur des fortifications de Guyenne et
Pyrénées, la famille Orfaure, les familles de
Vétat et Poulard de Périgueux et Petit
Bersac, enfin sa grande tante Victoire dite
« l’américaine » dont une rue de Bordeaux
porte le nom et qui fût l’épouse du faïencier
Ferdinand Hustin. Justine semble avoir
exercé une influence très forte sur sa
famille, elle y était surnommée « la
comtesse » par ses petits-enfants. Jean
Puyrinier, le père d’Arnaud décède en 1849,
Joseph Arnaud est encore très jeune, il vivra
avec sa mère et son frère aîné à Ribérac.
En 1854, il est recruté pour le
Service Militaire, il participe à la guerre de
Crimée et reçoit la médaille de la reine
Victoria, il terminera en 1866 comme
sergent.
Libéré de ses obligations militaires,
il exerce l’activité de ferblantier et
connaitra sa future épouse Anne Gouaud,
mais prénom d’usage « Constance », par
l’intermédiaire de l’un de ses beaux-frères
Félix Thomas, lui-même ferblantier et marié
à une sœur Gouaud. Joseph Arnaud se
marie le 26 janvier 1868 à Montpon avec
Anne Gouaud, issue d’une famille de cette
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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commune, sa mère Justine est présente lors
du contrat de mariage, elle meurt en 1874.
Ils résident par la suite à Ribérac où
il continue à exercer son activité, la famille
demeure au 6 rue Notre Dame, (figure à
cette adresse sur le recensement de 1876),
ils auront sept enfants dont trois mourront
relativement jeunes. Malheureusement, il
tombe malade en 1877 et succombera à
une pneumonie, sa femme le suivra 5 ans
plus tard.
Les enfants seront répartis chez
leurs deux oncles du côté maternel chez les
familles Faux et Thomas de Montpon, ce
qui explique probablement pourquoi les
enfants de Joseph Arnaud s’établiront par la
suite à Montpon ou à proximité, Louis, mon
grand-père, le fils ai de Joseph y créera
avec ses frères et le concours de Félix
Thomas son oncle et tuteur, une entreprise
dont l’activité sera dans un premier temps
la ferblanterie, puis la plomberie zinguerie.
Cette dernière perdurera jusqu’au
début de la seconde guerre mondiale, mais
disparaîtra après le décès des fils de Joseph
Arnaud.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par Maryse GRENIER.
QUEYREL Guillaume.
dit « Etienne ».
Guillaume est né le 13 octobre 1786, au lieu de « Franchemont » à Bergerac, et est
baptisé le lendemain de sa naissance.
Il est né de Pierre et Jeanne ROUX, et est le second d’une fratrie de quatre enfants.
A Bergerac, il est laboureur, comme son père, puis, après son mariage, le 5 mai 1814 à Bergerac,
avec Marie FOURNIER, nous le retrouvons métayer chez Monsieur TAILLEFER au lieu du
« Vignal » à Lamonzie-Saint-Martin.
De son union avec Marie, naîtront sept enfants :
- Suzanne née en 1815 à Bergerac au lieu
de « l’Alba »
- Jeanne née en 1817 à Bergerac au lieu
de « la Brunetière »
- Lors de la naissance des jumeaux Pierre
et Etienne, en 1821, le couple habite au
lieu de « La Gravouse » à Bergerac.
Pierre et Etienne décèderont en bas-âge,
l’un en 1822 et l’autre en 1823.
- Jeanne dite « Anne » née en 1823
- Pierre, né en 1825
- Jean, né en 1828
Les deux derniers enfants naissent à
Lamonzie-Saint- Martin.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
58
Au recensement de 1836, nous trouvons la famille toujours installée à Lamonzie-Saint-
Martin. Il ne reste que trois enfants à charge plus Marie, la sœur de Guillaume, qui vit avec eux.
Lamonzie Saint Martin
Guillaume décèdera à Bergerac, le 7 décembre 1859 à l’âge de 73 ans…
Deux ans après sa femme.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par Jérôme ROUGIER.
ROUGIER Hilaire,
Mon ancêtre, sosa 1024.
1) Naissance.
(Ci-dessus: acte de baptême de Hilaire Rougier extrait des archives de St Michel 5 E 468 1
conservé à Périgueux)
« Ce 17ème Juin 1688 a été baptisé hilaire Rougier fils de pierre Rougier et de magdelene
Catinou du présent bourg et esté parrain hilaire Catinou et marraine jeanne Catinou et le
dit baptême fait par moy curé en présence des témoins qui n’ont seu signer »
Il s'agit de l'acte de naissance le plus ancien concernant un Rougier dans la paroisse
de Saint-Michel. Hilaire semble être le premier de la lignée à voir le jour sur cette paroisse.
Fondateur d'une dynastie qui va s'illustrer à Saint-Michel au cours des siècles suivants, ses
descendants adopteront son prénom accolé aux leurs en souvenir du lointain eul et cette
coutume perdurera jusqu'à la fin du XIXe siècle.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
60
Hilaire vit une enfance marquée
par les misères de la fin du XVIIe siècle.
Alors âgé de 4 ans, le petit garçon doit
affronter plusieurs rudes hivers qui
privent les populations de nourriture, les
paysans amaigris et désespérés se
nourrissent de pain de fougère, de glands,
de châtaignes, d'herbes bouillies. Grâce
au lait nourricier des vaches de son père,
l'enfant survit au milieu des visages
blafards témoins de la famine.
Alors que la plupart des
garçonnets ne quittent pas les fermes ou
les cours des maisons, Hilaire se montre
disposé à apprendre les rudiments de
l'instruction. Il est le premier Rougier à
savoir lire, écrire, signer son nom.
En 1698, les famines sont passées,
et une petite sœur naît dans la maison:
Jeanne.
2) Une existence brève.
L'union avec Anne Mallet
Au mois de Janvier 1708, son père
le fait marier avec une fille d'une des plus
anciennes familles de la paroisse, Anne
Mallet. (Cf. Les Mallet de la Maison -
Neuve)
Née entre 1685 et 1687 à la
« Maisonneuve », son existence n'est
attestée que par l'acte de contrôle de son
mariage enregistré au bureau de Vergt le
30 Janvier 1708.
Elle apporte une dot de 540 livres,
une belle somme à cette époque. Très
vite, ils ont un enfant, Jean Hilaire,
l'année même de l'union, mais ce sera le
seul.
Survient alors le « Grand Hyver »
de 1709 dont les Rougier ne semblent pas
très affecté : l'auberge est chauffée, bien
approvisionnée, les clients, bloqués par le
froid polaire qui sévit, restent plusieurs
jours et font augmenter les recettes de la
maison.
De rares transactions
Du vivant de Pierre, Hilaire ne
semble rien entreprendre: il laisse son
père gouverner la famille et les affaires,
comme le veut la tradition.
Au décès de ce dernier, les choses
évoluent et il devient le chef de son clan:
il doit tenir l'auberge mais aussi assurer
l'avenir de sa jeune sœur.
Au début de l'année 1717, il se rend
dans la forêt du notaire Jeammes
Favareilhes, non loin des Pradignacs.
Celui-ci vend une large coupe de
châtaigniers et notre ancêtre, qui ne
possède pas assez de terres, a besoin de
bois pour son auberge.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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C'est d'ailleurs l'unique fois qu'il est mentionné « hôte du bourg de Saint-Michel ».
Hilaire achète donc 24 brasses de bois : il en emporte 4 et laisse le reste sur place jusqu'en
Juin 1717.
(Ci-dessus : extrait de la succession de Me Jeammes Favareilhes-Archives de Périgueux série 3 E)
En Janvier 1718 il se rend pour la
première fois chez le notaire Lasfaulx :
associé avec sa mère, il constitue une dot
de 600 livres à Jeanne en vue de son
mariage avec un jeune greffier de
Beauregard, Jean Chauzenoux. Hilaire
avait sûrement vu trop grand: il ne donne
à Jeanne qu'une somme de 96 livres le 18
Mai 1721, au grand dam du greffier qui se
fâche !!
Cette même année, en Février, il
fait un échange de terre avec Arnaud
Foucaud, le mois suivant il acquiert un
fond de Pierre Ruissègue pour 295 livres.
Malheureusement, le seigneur de
l'époque, Pierre Chantegreilh, semble
vivement intéressé par l'achat de notre
aïeul et sur le lot il se permet de retenir à
son profit plusieurs fonds, aboutissant au
contrat daté du 7 Avril 1718, rédigé par la
propre main d’Hilaire, mais dont hélas il
ne reste aucune trace.
Cet obstacle paraît mettre un terme aux
achats du jeune Rougier.
Hilaire a fort à faire : tenir
l'auberge, travailler ses quelques terres,
assurer l'éducation de son fils. Il ne passe
aucun contrat de bail à cheptel, comme
jadis faisait son père, peut-être est-il
assez riche pour posséder son propre
bétail, ou au contraire, il n'en a plus et
doit piocher à la main quelques arpents
pour faire son pain !
(Ci-dessus : extrait d'un acte notarié de 1742 où il est fait
Mention de la dot constituée par Hilaire).
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Les relations sociales de notre
ancêtre
Bien que pas très riche, sa
position d'aubergiste dans le bourg de
Saint-Michel ou résident quelques
familles bourgeoises, lui assure de larges
relations. Etre en mesure de comprendre
la langue française, de la lire et l'écrire
dans une région tous les paysans
parlent le patois occitan, conforte son
importance. Jeune, on lui fait déjà
confiance : le 17 Décembre 1709 il
accompagne une demoiselle du bourg,
Louise Sicard, au baptême d'un enfant à
l'église de Salon. Il rencontre plusieurs
notables, dont Pierre Crevet et Antoine
Reynaud un procureur d'office.
(Ci-dessus : extrait des registres paroissiaux de
Salon. Baptême de Louise Crevet).
(Ci-dessus : détail de la signature de Hilaire
Rougier, plus ancienne signature connue!!).
À Salon, il manque de peu de
rencontrer un autre de nos ancêtres
« lettré », Guillaume Ricard, lui aussi venu
pour un baptême. Hilaire fait également
des affaires avec le notaire du Coustal, le
sieur Favareilhes. Comme on peut le
constater, notre ancêtre su se créer un
réseau de relations utiles qui rendront
bien service à ses descendants !
La rencontre avec Marie Boussou
En 1718, Hilaire perd sa femme
âgée d'une trentaine d'année .Il est
impossible de connaître la cause du décès
précoce de Anne, mais à cette époque les
maladies ou le manque d'hygiène
emportait rapidement les personnes.
Cependant l'aubergiste est jeune, il a un
fils à élever, et il recherche une nouvelle
compagne.
Sa condition d'hôte, sa fortune
modeste, ne lui permettait pas à priori de
trouver une femme d'une famille notable.
Pourtant, grâce à ses relations, peut être
aidé par son beau-frère le greffier, il se
remarie le 4 Février 1719 avec la fille d'un
maître chirurgien de Ladouze, Marie
Boussou.
Chose unique dans l'histoire de la
famille, Hilaire donne 200 livres à cette
femme qui n'a pas de dot!
Il était sûrement très désireux de
se remarier et d'assurer une plus
nombreuse descendance!
L'union est célébrée en présence
de nombreux notables et notre ancêtre
signe deux fois l'acte en raturant.
Les temps sont à nouveau durs:
l'été 1719 est caniculaire, une épidémie
de dysenterie traverse le pays et emporte
de nombreux nourrissons, l'année
suivante la peste resurgit, les villageois
tremblent de peur et restent cloitré pour
éviter la contagion, l'auberge est vide,
Madeleine meurt, et Marie Boussou ne
met aucun enfant au monde!
Un décès précoce
Frappé par tous les malheurs de
cette époque trouble, Hilaire se meurt,
désespéré de ne laisser qu'un fils unique
aux mains de sa marâtre! Fâcavec son
beau-frère auquel il ne paie plus la dot
promise, uni à une femme cupide, freiné
dans ses ambitions, à l'été 1722, il achève
une brève existence de 34 ans et rejoins
ses parents dans le cimetière paroissial.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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(Ci-dessus: mariage de Hilaire avec Marie Beaussou. Extrait des registres paroissiaux de Ladouze)
Quant à sa seconde épouse, elle comprend le bénéfice qu'elle peut tirer de cette
disparition: le 6 Septembre 1722, elle obtient 258 livres, puis abandonne Jean Hilaire. Elle
retourne dans son village d'origine et épouse le 17 Juin 1727 Sicaire Vigier*, un autre de nos
ancêtres, alors en pleine progression sociale.
Un seul homme va alors prendre en main notre avenir à ce moment tragique: Jean Mallet dit
Rousset.
* Sicaire Vigier vers 1687-1750, arrière-grand-père d'Anne Bouchard, femme de Jean Hilaire Rougier.)
L’Avenir illustré Gallica
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Par Marie Paule BERTRAND
-
BLANCHARD.
SUDREAU ou SUDRAUD.
Commençons donc par Marie,
mon « sosa 55», mon AAGM.
Marie Sudraud, est née à Thiviers
au moulin de Razat en 1838. Au décès de
sa mère elle a deux ans et 12 ans au décès
de son père. Il semble alors qu'elle soit
confiée à son frère Pierre marié à Marie
Rebière résidant à Saint-Martin-de
Fressengeas (La-Rebière).
Elle épouse en 1864 à Saint-
Crépin-de-Richemont Léonard Mathieu,
propriétaire cultivateur aux Brageots.
Marie, dont j'ai cherché le décès pendant
des années était inhumée à Champagnac.
Moi qui passais devant sa tombe à chaque
visite au cimetière ! J'ai trouvé son décès
par hasard en feuilletant le registre d'état
civil, le 21 Mars 1914 à Cheynou, mon
village ! Bannie des Brageots pour avoir
fauté après son veuvage en février 1877 et
donné naissance à François le 12 Août
1878, je la trouve domiciliée à Sceau-Saint-
Angel en 1894.
En 1904, au mariage de François,
ce fils qu’elle ne reconnaîtra qu’en 1908,
en présence de Barthélémy Faye son
gendre, elle est de retour aux Brageots.
Fut-elle pardonnée ? J’en doute un peu car
après 1908, elle demeure à Champagnac
auprès de ses deux autres filles : Jeanne,
célibataire, une autre Jeanne, mariée à
Jean Dabzat, et de ma grand-mère Maria
mariée elle aussi à Champagnac.
En remontant ma généalogie je
retrouve Jean Sudraud son père, mon «
sosa 110 » mort en 1850 à Thiviers, inscrit
sous le prénom de Pierre. Je suis intriguée
par la mention portée sur son acte de
décès « Chevalier de la gion d'Honneur »
que je retrouve aussi sur son acte de
mariage.
Mon AAAGP Jean Sudraud naît le
20 décembre 1774 au moulin de Razat,
paroisse de Thiviers et est baptisé le
lendemain par l'archiprêtre Bourgoin. Il est
le deuxième enfant et premier fils de
Guillen, meunier, et de Françoise Fricout.
Son parrain est son oncle, Maître Jean
Fricout, huissier, archer-garde et sa
marraine Françoise Theulier, tous deux de
Thiviers.
Jean 40 ans, issu d'une lignée de
meuniers de Nantheuil épouse le 21 février
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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1814 à Saint-Martial-de-Valette Marie-
Julie dite Jeanne Agard, 18 ans, fille de
meuniers, née au moulin des Hautes-
Roches et résidant au moulin de Grolhier. Il
sait écrire comme ses parents. De cette
union naîtront dix enfants dont Marie, la
dernière. A la naissance de son fils Pierre
en 1815, Jean est ex-militaire, meunier.
Pour la naissance de son fils Antoine, en
1826, il est Légionnaire, pour celle de
Françoise en 1831, membre de la Légion
d'Honneur et pour celle de Sicaire en 1835,
Chevalier de la Légion d'Honneur.
Jean est donc un ex-militaire,
chevalier de la Légion d'Honneur.
J'ai trouvé dans la base LEONORE
quelques documents attestant qu'il a été
nommé Chevalier de l’Ordre Royal de la
Légion d’Honneur le 28 Juin 1807. J'y
apprends qu'il est alors caporal à la 1ère
compagnie de voltigeurs du 58e régiment
d'infanterie de ligne.
Premier serment fait à l’Empereur
Jean, soldat de la République à 18 ans, sert
la 30e brigade légère du 7 Septembre 1792
jusqu’au 21 Mars 1796.
Du 22 Mars 1796 au 19 Juin 1799, je perds
sa trace, mais il est toujours soldat.
Sur sa Fiche Matricule, il arrive au corps le
20 Juin 1799, Bonaparte prend le pouvoir
en Novembre de la même année. Jean
mesure 1,60m, a le visage ovale, le front
découvert, le nez petit, les yeux bleus, une
bouche moyenne, un menton rond, les
cheveux et les sourcils de couleur châtain.
Illustration : Jacques Baron
(Généalogie Récap-Recherche Militaires)
Il est nommé caporal le 7
Novembre 1802.
Jean fait les Campagnes
Napoléoniennes de Russie, Italie, Espagne,
Allemagne. Il est blessé en 1807 à la jambe
gauche par un coup de feu à Friedland en
Russie, à l'épaule droite en 1809 devant
Aranjuez en Espagne et en 1811 à la main
gauche, il perd l'auriculaire à la bataille
d'Albuera en Espagne.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Le 29 Novembre 1812, au dépôt de
la place de Bayonne il est reconnu
impropre au service. Il laisse son
habillement en bon état et est renvoyé
dans ses foyers à Thiviers pour
« affaiblissement considérable du corps
après vingt années de service ». Il est de
retour à Thiviers le 19 Décembre 1812
comme l’atteste la signature du conseiller
Faurichon.
Jean a des soucis pour percevoir sa
pension. Il déclare qu’il avait à sa masse,
au 1er Octobre 1810 : 133 Francs 97
centimes. Ses réclamations portent sur les
périodes du 1er Octobre 1810 au 1er Janvier
1812 et du 1er Janvier 1812 au 7 Octobre
1812 inclus. Il dit qu’il a cessé d’être payé
de sa Décoration depuis le 1er Octobre
1811 ».
Deuxième Serment au Roi Louis XVIII
Jean dit Pierre décède
Le 30 Mars 1850, sous Louis-Napoléon.
Je
suppose qu’il a fait ce deuxième
serment au Roi Louis XVIII afin de pouvoir
toucher sa pension.
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Par Catherine TEILLAC-FAYOLLE.
TEILLAC Jean, le migrant.
Une branche orléanaise.
Jean TEILLAC est né le 26 juillet 1766 à la Beune-Basse à La-Chapelle-Aubareil. Il est
le 6e des sept enfants d’Antoine TEILLAC, cloutier, et Jeanne JARDEL.
1766 Acte de naissance de Jean Teillac. Réf AD 24.
Il est à noter que dans cette famille, si les quatre fils se prénomment Jean, il y a plus
de diversité dans les prénoms féminins : Jeanne, Toinette et Pétronille.
Antoine, père de jean, a un frère de Jean, clavetier, également à la Beune-Basse qui est mon
Sosa 128 de la 8e génération.
Je n’ai quasiment jamais croisé les métiers de cloutier et clavetier qu’à La-Chapelle-
Aubareil, mais en revanche dans cette commune, ils sont fort nombreux. Sans doute y a-t-il
eu une spécialité locale de cet artisanat. Le père dAntoine et Jean était lui aussi clavetier
mais leur grand-père, Jean était meunier et déjà à la Beune-Basse.
Jean Teillac, lui, échappera à la tradition familiale. Une opportunité créée par la
Révolution, la suppression des octrois par la Constituante du 20 janvier 1791, lui permet
d’exercer le nouveau métier de conducteur de bœufs.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Ce métier le mène à Orléans où il épouse le 6 juin 1797
Marie Magdeleine Élisabeth ROUSSEAU.
Une branche orléanaise subsiste toujours sous le nom de THÉLIA
Sa vie se déroule ensuite dans
cette région.
Il est tout d’abord aubergiste à
Orléans, puis cultivateur à Saint-Denis-en-
Val.
De son union sont nés 9 enfants :
Thérèse Élisabeth 1798-1800, Thérèse
Adèle 1798, Clémence Lucie 1801, Marie
Anne Élisabeth 1803-1836, Jean François
1806-1852, Amable Pauline Désirée 1807,
Adèle Mélanie Victoire 1809-1881, Pierre
Joseph 1811-1811, Henri Hyppolite 1813-
1813.
Il décède en 1851 à lâge de 84 ans.
1851 Acte de décès de Jean Teillac
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Par Jean-Louis FILET.
URBANOVITCH Andrj, dit « André ».
Nom de guerre « Double mètre »
Il est le 2 janvier 1910, Velicki-
Bekereck (Serbie, empire austro-
hongrois).Fils de bonne famille. Émig
yougoslave d’ascendance juive et
hongroise, en 1930. Il devient étudiant en
droit à la Sorbonne.
Personnage aussi opportuniste
que doté de facultés intellectuelles et
physiques bien au-dessus de la moyenne,
polyglotte. Il est longtemps tenu pour
suspect par les autorités. Il se mariera
deux fois et aura deux garçons
officiellement.
Engagé dans un régiment de
volontaires étrangers, sit la déclaration
de guerre, il suivit une formation
d’officier au camp du Barcarès (Pyrénées-
Orientales). Combattant lors de
l’offensive allemande de mai-juin 1940, il
fut pris sur la Loire mais s’évada
rapidement du Frontstalag de Longvic
(Côte-d’Or).
Il va se réfugier en Périgord Vert.
Il va servir au groupement de travailleurs
étrangers de la vallée de l’Isle. Entré à
l’Armée secrète, en forêt du Landais, en
1943, puis passé aux FTP de la Double, au
grade lieutenant et sous le nom de guerre
de « Double mètre » qui allait lui coller à
la peau. Quasi commissaire politique car
décrit comme faisant l’article marxiste
auprès des jeunes maquisards. Intrépide
dans des circonstances difficiles, comme
lors de l’attaque d’un train allemand, à
Mussidan, le 11 juin 1944 huit
résistants trouveront la mort ainsi que le
chef du train. Les allemands seront
auteurs en représailles de 47 fusillés plus
cinq autres personnes massacrés dans la
rue. Il prit aussi part à une action contre la
prison de Bergerac, le 29 juillet suivant,
qui permit de délivrer une quarantaine
d’internés politiques communistes.
Au cours de ses fonctions
épuratives, il organisa et prit part à
l’enlèvement du contre-amiral Platon,
ancien ministre de Vichy et partisan
ouvert de la répression contre le maquis,
à la fin juin 1944. Celui-ci fut condamné à
mort par un « tribunal révolutionnaire »
présidé par le pseudo-résistant Yves
Péron alors qu’Urbanovitch tint le rôle
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
70
d’avocat pour la seule et unique fois de sa
vie. Platon fut seulement fusillé le 28 août
1944, après la libération du département.
Chef d’orchestre très opérationnel de
l’épuration violente de l’été de la
Libération et resté sous la férule de
Péron, c’est l’historien Jacques Lagrange
qui fut l’un des premiers chercheurs à
indiquer qu’Urbanovitch avait eu des
donneurs d’ordres politiques. En
septembre 1944, le nouveau capitaine
FTP assura également le transport à Paris
de près d’un milliard de francs de
l’époque (180 millions actuels) sur les
2.280 millions pris au détriment de la
Banque de France, dans un train, en gare
de Neuvic-sur-l’Isle, le 26 juillet
précédent.
Il aura dans son bureau à
Périgueux en face lui « Maurice
Chevalier » qui dans ses mémoires
qualifiera de plus mauvais quart d’heure
de sa vie.
Vingt ans après-guerre,
l’aventurier fut doté d’états de services
extravagants par les soins de Roger
Ranoux.
Engagé au 151e RI, le «giment
rouge » de Paris, l’aventurier fut membre
des services de renseignements de
l’armée, en Alsace, au début 1945. Pour
autant, poursuivi pendant plusieurs
années par cinq juges d’instruction
militaires successifs et momentanément
emprisonné, il fut élargi par les soins
d’André Malraux.
Bénéficiaire des larges lois
d’amnistie, proté par l’omerta de
l’époque et de complices appuis, il se
sortit d’affaire par un non-lieu des plus
discutables, nanti de la Légion d’honneur,
de la croix de guerre et de la rosette de la
Résistance. Formé par Pierre Worms,
critique d’art réfugié en Périgord entre
1940 et 1944, l’ancien maquisard devint
un marchand de peintures reconnu,
installé rue du Faubourg-Saint-Honoré, à
Paris.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Par Geneviève COULAUD.
VINATIER Gabrielle.
Ma mémé.
Quel beau prénom Gabrielle, je ne m'en étais
jamais aperçue, pour mes parents, elle est Maman et
pour moi Mémé.
Gabrielle voit le jour le 06 Octobre 1893
à La Coquille, au nord de la Dordogne, fille de Léonard
Vinatier, boulanger à La Coquille mais natif de
Chamboulive en Corrèze et de Marie-Catherine
Partonneau, couturière née à Jumilhac-le-Grand.
A 20 ans le 19 juin 1913, elle épouse Henri
Lachaize, courtier en vins natif de Chalais.
Ils s’installent à La Coquille.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Ses cheveux gris, rassemblés en
chignon sur la nuque sont attachés avec
de grandes épingles. Je vois toujours cet
air sévère, elle sourit rarement. J'ai
compris de longues années après sa
disparition, qu’elle n’a jamais fait le deuil
de son fils cadet, André, dit Dédé, malade
de la tuberculose et parti bien trop jeune,
vers 25 ans ainsi que de la mort de son
mari Henri en 1948.
De cet oncle vénéré, je ne sais pas
grand-chose, quelques photos, quelques
histoires racontées par ceux qui l'ont
connu : beau brun, la coqueluche de
toutes les filles de sa génération, joueur
de foot, malade de surcroît, ce qui lui
donnait, je pense une aura particulière. Il
séjourne longtemps dans un sanatorium
des Alpes et décède en 1947, 2 ans avant
ma naissance, peu de temps avant la
commercialisation de la pénicilline, qui
l'aurait sans doute sauvé.
Robert a souffert de ce jeune
frère qui avait pris toute la place dans le
cœur de sa mère et se sentait un peu
effacé par sa beauté, son intelligence.
Pour revenir à Mémé, beaucoup
de mes souvenirs d'enfant me ramènent
vers elle. Elle est très croyante et
pratiquante, je vais donc à la messe, au
« caté », et surtout, au mois de Marie,
tous les soirs de Mai, oui, tous les soirs de
ce joli mois, nous allons à l'église rendre
hommage à la Vierge Marie. Quelle joie
d'arriver en avance sur la place de l'église
et de jouer avec les autres enfants du
village avant d'entrer sagement à coté de
Mémé pour réciter des prières et chanter,
Les premières promenades dans
les campagnes autour du bourg, souvent
vers le cimetière, je m'accroche à son cou,
menacée par des oies (ma petite taille me
les fait paraitre immense).
Robert (mon père) voit le jour le 12 Juillet 1914, à
quelques jours de la déclaration de la 1ère guerre
mondiale.
André, lui vient au monde le 11 Novembre 1923.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
73
De santé fragile, je manque
souvent l'école, j'ai appris à lire très jeune
en lisant le « Sud-Ouest » avec elle. Que
d'heures passées dans son lit avec une
angine, à lire les ouvrages de la
bibliothèque rose et de la Comtesse de
Ségur.
Le matin, je ne veux pas déjeuner,
Maman ne sait plus quoi me donner,
Mémé a l'idée de me tremper la soupe
avec du pain, plus elle est épaisse, plus
j'aime ! L'école est à 2 pas de la maison, à
la récréation de 10 heures, elle vient me
porter un morceau de fromage, et surtout
attend derrière le portail, s'assurant que
je le mange.
Ses deux distractions favorites étaient :
-La couture : elle coud avec une machine
à coudre Singer, petite fille j'aimais piquer
aussi des ourlets, ah j'en ai cassé des
aiguilles, qu’elle m'envoyait acheter chez
la mercière du bourg, à peine si elle me
grondait un peu.
-La radio, elle l'écoute toute la journée,
Radio Luxembourg, Pierre Dac, Francis
Blanche et lmission « Sur le banc » que
nous aimons écouter, elle et moi, tous les
jours à midi et nous rions bien ensembles.
Elle n’aime pas les chiens, ça
dérange, c'est sale et ça fait fuir les clients
(mon père était négociant en vin), donc
quand je ramène Milou à la maison,
Mémé n'en veut pas, et laisse volontiers
le portail ouvert ! Mais ce petit chien a su
se faire aimer, à tel point qu'il passe
l’après-midi sur son fauteuil et lorsque
nous partons, elle le garde volontiers.
Les années passent, j'ai 15 ou
16ans, à l'époque vivent dans la maison,
la tante de maman au 1 er étage dans ses
2 pièces, Mémé au rez-de-chaussée, mes
parents et moi dormons à l'étage ; une
nuit, des bruits confus dans les escaliers
me réveillent, je descends rejoindre mes
parents dans sa cuisine , et là, une vision
surréaliste : Mémé, debout , dans toute
sa dignité, en chemise, les cheveux
défaits, tenant un grand parapluie ouvert,
sous des torrents d'eau, qui venaient sans
doute d'une fuite chez la tante au-dessus,
et telle protège, dégoulinante, le fameux
poste de TSF. Ce n'était pas vraiment
drôle mais des années après, j'en souris
encore, mais à cette époque, elle n’a pas
véritablement trouvé la situation rigolote.
Je garde de cette période une
certaine amertume et des regrets de ne
pas avoir parlé davantage avec cette
mémé près de laquelle j’ai grandie.
Mémé Gabrielle décède à La
Coquille le 10 Décembre 1967, elle avait
« seulement » 74 ans.
Elle est associée à mes plus anciens souvenirs d'enfance,
le visage un peu dur, marqué par le deuil, toujours vêtue de
noir, avec son » tablier de devant « (hormis une veste violette et
de grandes culottes et chemises blanches qui sèchent au soleil
sur le fil à linge), pourtant elle n'a que 56 ans à ma naissance.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
74
Par Julien LIUT.
WORMS Jean « Germinal ».
De Paris à Boulazac, en passant par
Pessac
D’Elise Worms, nous ne savons
pas grand-chose. Vraisemblablement
issue d’une famille juive ashkénaze, elle
était, à 25 ans, célibataire, employée
comme cuisinière au 131 du boulevard de
Sébastopol dans le IIème arrondissement
de Paris. Le 10 octobre 1894, elle donna
naissance à l’Hôpital Cochin à un enfant
naturel, Jean Worms, déclaré le
lendemain à la mairie du XIVème
arrondissement. Son fils grandit à Paris, et
fit des études à l’École nationale des
Industries agricoles de Douai pour devenir
ingénieur chimiste, études pendant
lesquelles il adhéra au parti socialiste (dès
1912).
Le 3 avril 1914, lorsque Jean
Worms rejoignit l’armée pour son service
qui devait initialement durer 3 ans, il
habitait avec sa mère dans un immeuble
huppé du XVIème arrondissement de Paris,
au numéro 17 de l’allée de La Muette.
Dès le 2 août, juste après la déclaration
de guerre, il fut envoyé en campagne
contre l’Allemagne au sein du 7ème
régiment de cuirassiers auquel il fut
attacpendant toute la durée du conflit.
Rentré chez lui le 3 septembre 1919, il
épousa le 29 juin 1920 à la mairie du XIème
arrondissement de Paris Yvonne
Grinstein, fille de Salomon Grinstein,
marchand de meubles au 138 boulevard
Voltaire, à Odessa, sur les bords de la
Mer Noire l’époque dans l’Empire
russe, aujourd’hui en Ukraine), et
d’Henriette Worms, née en Lorraine. Au
mariage, on est interpellé par la présence
du rentier Paul Lévy, témoin qui habitait à
la même adresse que Jean Worms et sa
mère désormais sans profession, et âgée
d’environ 50 ans.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
75
Qui fut Paul Lévy dans la vie
d’Elise Worms ? Dans celle de Jean
Worms ? le 8 janvier 1849 à
Luxembourg, dans le Grand-Duc du
même nom, il s’installa à Paris, puis
épousa en 1880 Camille vy dans la ville
de Strasbourg (située en Allemagne
depuis 1870), et il semblerait qu’il fut
rapidement veuf. Les Worms habitaient la
même adresse depuis au moins 1914. Il
sera intéressant, pour les plus curieux, de
chercher où habitait Paul Lévy en 1894 au
moment de la naissance de Jean…
Au printemps 1921, c’est
probablement sa carrière qui entraine
Jean Worms et son épouse à s’installer
temporairement à Talence près de
Bordeaux puis quelques mois après, à
Pessac ils habitèrent à différentes
adresses pendant 14 ans. En 1922,
Yvonne donna naissance à leur fille
unique, Nadine. Les années 20 passèrent,
et Jean Worms rencontra Gigi, une jeune
femme de Pessac. Au début de l’année
1935, Jean quitta son foyer et s’installa
avec sa maîtresse en Dordogne, à
Boulazac. Malgré les démarches
judiciaires d’Yvonne, Jean ne donnait
aucune suite, et l’épouse n’obtint le
jugement de divorce qu’en janvier 1939
après le délai légal de 3 années de
séparation de corps. La même année, en
juillet, Jean se remaria à la mairie de
Boulazac avec Gilberte Jeanne Herminie
Laffargue dite Gigi.
Parallèlement, Jean s’était
rapidement investi dans la vie politique
locale. Il se présenta pour le parti
socialiste aux élections législatives de
1936 dans la circonscription de Sarlat. Au
second tour, il se retrouvait face au
Radical-Socialiste Yvon Delbos, contre
lequel il se maintint, considérant que ce
dernier n’était pas un homme du Front
Populaire. Les urnes avantagèrent Yvon
Delbos qui avait été soutenu par la
Fédération socialiste. On aurait pu croire
que le parti aurait tenu rigueur de cette
indépendance d’idées à Jean Worms, il en
fut tout autrement, puisqu’il fut investi
comme candidat aux sénatoriales de 1938
en Dordogne, sans succès cependant.
Jean Worms-Germinal
Lorsque la seconde Guerre
mondiale est déclarée, Jean Worms est
affecté spécial dans les poudreries au titre
d’ingénieur hydraulicien. Démobilisé à
l’armistice, il commence des activités de
résistance, et lors de l’invasion de la Zone
Libre par les allemands, le 11 novembre
1942, il prend le maquis, et entre dans la
clandestinité sous le pseudonyme de
Germinal. Il y prit une place importante,
et devint chef départemental du
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
76
« Mouvement de libération nationale ».
En 1944, le mouvement « Libération
Sud » le désigna comme délégué à
l’Assemblée consultative provisoire en
1944. Il devint ensuite Président du
comité départemental de Libération,
poste dont il fut écarté par les
communistes en 1946. Il avait aussi été
élu maire de Boulazac en octobre 1944,
mais n’occupa la fonction que jusqu’en
mai de l’année suivante. Il faut dire que
Germinal avait été impliqué dans les
affaires suivant le casse du train de
Neuvic, il avait été reproché à certains
résistants d’avoir utilisé cet argent pour
leurs partis plutôt que pour subvenir au
besoin des troupes. Une information
judiciaire avait été ouverte à la fin de
l’année 1944 par le procureur de la
République à Sarlat, mais les poursuites
furent suspendues. Le mal était fait, et
même après la Libération, ses opposants
ne cessaient de ressasser cette affaire ce
qui lui porta grandement préjudice. En
octobre 1945 cependant, il fut élu député
de la première assemblée constituante
sur la « Liste socialiste de la Résistance »
conduite par Robert Lacoste, ce qui
l’amena ensuite à être nommé membre
de la Commission de l'équipement
national et de la production ainsi que de
la Commission du travail et de la sécurité
sociale. Il fut également nommé juré à la
Haute cour de justice. Le 5 mai 1946, la
proposition de constitution qu’il soutint
fut rejetée, et Jean Worms-Germinal ne
se représenta pas aux élections pour la
deuxième assemblée constituante.
Jean Worms-Germinal quitta la
ensuite la Dordogne pour rester à Paris où
il dirigea une entreprise de constructions
électriques, puis il s’installa en Indre-et-
Loire, il acquit le manoir de Détilly à
Beaumont-en-Véron, tout près du
confluent de la Vienne et de la Loire. Il se
présenta en 1958 dans la 4ème
circonscription d’Indre-et-Loire, comme
suppléant d’un candidat qui ne fut pas
élu.
Les destinées familiales.
La première femme de Jean
Worms, Yvonne Grinstein, et leur fille
Nadine, étaient retournées s’installer à
Paris après la séparation. Elles habitaient
en 1939 dans le XXème arrondissement,
au 11 allée Marie Laurent. La dernière
trace de Nadine Worms est l’inscription
de son nom lorsqu’elle fut placée dans le
convoi n°64 qui partit du camp de Drancy
le 7 décembre 1943 à destination
d’Auschwitz, emportant 1000 personnes
dont 155 enfants.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
77
Seulement 42 personnes de ce
convoi survécurent au mariage et aux
traitements dans les camps. En revanche,
le destin d’Yvonne reste inconnu à ce
jour. Il y a bien une mention de carte
d’alimentation en marge de son acte de
naissance, mais on n’y trouve aucune
mention de décès, lequel n’a pu être
trouvée dans l’état civil parisien. Yvonne
ne figure non plus sur aucune liste des
victimes de l’holocauste, il est possible
qu’elle reste à ce jour une victime oubliée
de la Shoah.
De son second mariage, Jean
Worms eut une fille, Monique, qui se
maria et eut trois enfants.
Jean Worms revint passer sa
retraite en Dordogne, à Neuvic. Il y
décéda le 3 avril 1974. Son épouse
Gilberte décéda en 1991. Ils reposent
tous les deux au cimetière communal de
Neuvic.
Décorations.
Jean Worms-Germinal est titulaire
de la croix de guerre 1939-1945, ainsi que
de la médaille de la Résistance française
avec rosette. Beaucoup de sources
mentionnent aussi le fait qu’il est
chevalier de la Légion d’honneur,
cependant, son dossier est introuvable
sur la base Léonore, et il n’y a aucune
mention de cette décoration sur sa fiche
militaire. Il est très probable qu’il ait été
confondu avec son homonyme, Jean
Worms, en 1909 à Paris, et décédé en
déportation à Flosssemburg en Allemagne
en 1945.
Il existe aujourd’hui une rue
Germinal Worms dans un quartier
pavillonnaire de Boulazac.
Mémorial de la résistance et de la déportation.
De Boulazac. Croix de Guerre 39-45.
Médaille de la Résistance.
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78
Par Sarah Martial et J-L FILET.
X, l’enfant de décembre
De parents inconnus.
Fin 1808, en Dordogne, des neiges abondantes qui vont disparaitre vers la mi-
janvier. Dimanche, jour de noël a sûrement vu l’ensemble du village chanter « il est le
divin enfant ». Certes moins nombreux qu’avant la révolution. Difficile d’imaginer la joie ou
plutôt le drame qui se passe dans une maison ou une grange …
À Saint
-
Germain
-
du
-
Salembre, mardi matin de très bonne
heure car il est quatre heures, peu de gens dans la rue quand
retentissent dans le froid de la nuit finissante, des cris d’un enfant
nouveau-né.
C’est ainsi que le maire trouvera cet enfant accroché à la
porte de la mairie ; dont l’âge estimé par la sage-femme requise
serait d’un jour.
Ainsi donc commence la vie de ce garçon que l’on
nommera simplement Décembre pour le nom avec Martial
comme prénom.
Après l’enregistrement de son acte de naissance, s’en suit le procès-verbal.
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79
Ce jour d'huy vingt septième du mois de décembre l'an mille huit cent huit à quatre heure
du matin, nous, maire et officier de l'état civil de la commune de saint Germain de
Salembre, canton de Neuvic, arrondissement de Ribérac département de la Dordogne,
soussigné, Réveillé par du bruit et les vagissements d'un enfant que nous avons jugé parti
de la rue sur laquelle est placée la porte de notre maison commune, nous sommes levé et
mis à même de reconnaître ce qui se passait et étant dans la rue, nous avons aperçu un
enfant, gisant dans des langes, attachées au marteau de la porte de notre dite maison
commune, lequel ne donna alors aucun signe de vie, nous avons de suite appelé les
nommés Jean POMMIER forgeron âgé de quarante un an et Elie BARRIERE dit Gisson,
galocher âgé de quarante-deux ans, tous les deux du présent bourg, pour en leur
présence porter cet enfant à la maison commune et examiner les vêtements et autres
effets qui se trouvent avec lui, à quoi nous avons procédé ainsi qu'il suit . Nous avons
d’abord fait appeler une sage- femme qui a défait sa layette, composée d'une petite
coiffe d'indienne à fleurs rouges, en ayant une autre en toile par dessous, d'un petit
fronteau, et d'un mouchoir, ce dernier très usé, d'une petite chemise, de deux morceaux,
l’un de toile étoupe, l'autre étoffe appelée moitié fil, ces deux derniers objets désignés
vulgairement par les trous de drap et de bourrasson* d'un coussin de coutil de ménage et
garni de plumes, dans lequel était enlassé le dit enfant et auquel étaient attachés de la
ficelle et autres liens qui le tenait suspendu au marteau, tous les effets ci-dessus mi usés
cela fait, il a été reconnu par la dite sage-femme que l'enfant était sain, bien portant et
paraissait être âgé d'environ vingt-quatre heures et par nous tous qu'il était de sexe
masculin. Avant d'ouvrir la layette qui vient d'être détaillée, nous et nos témoins
susnommés ainsi que la sage-femme avons trouvé, attaché avec une épingle sur la
poitrine de l'enfant un billet servant d'enveloppe à un ruban jaune avec des fleurs de la
même couleur dont la base est mouche et contenant ce qui suit «L'enfant n'est pas
baptisé, Monsieur le maire est prié de faire avoir bien soin de cet enfant, un jour on le
retirera, on met un ruban dont on la garde autant, la signature et le cachet ont été coupé
par moitié, on garde le double pour la reconnaissance de l'enfant » en effet le billet est à
souche, portant la moitié d'un cachet noir et des lettres partagées, il est d'environ vingt et
un centimètres de longueur sur trois centimètres de largeur. Après tout ce que dessus il a
été donné par nous dit maire au nouveau-né le nom de DECEMBRE et celui de Martial
pour son prénom et nous avons clos et arrêté notre présent procès-verbal qui servira à
telle fin que de droit et dont copie sera par nous incessamment transmise à Monsieur le
Sous-préfet de l'arrondissement de Ribérac. Et ont signé avec nous les dits Pommier et
Barrière et non la sage-femme qui a déclaré ne savoir. De ce par nous enquise, après que
lecture du présent acte leur a été faite.
Référence : Ad 24 EC Saint-Germain du Salembre 5E420/4 page 36/38.
Bourrasson mot occitan qui désigne un lange.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Il va ensuite s’en suivre une vie de placement en placement dans différentes familles
du canton.
Domestique dans une famille à Saint Léon-sur-l’Isle, à l’âge de 25 ans il épousera
Marie Martin. Elle aussi du même village le Guillassou.
À noter qu’il est nommé Martial sans prénom. Il n’a plus son premier nom :
Décembre. On le voit ensuite nommé Martial avec Germain comme prénom.
Un an après, naîtra leur première
fille Thérèse. Suivront ensuite quatre
garçons et deux autres filles aussi
prénommée Thérèse comme la grand-mère
maternelle. Les premiers enfants naitront à
Saint Léon sur l’Isle et les derniers à
Grignols. Autres lieux d’habitations à Neuvic
et sur la fin Saint-Jean-d’Estissac.
Une grande famille composée de :
MARTIAL Thérèse (1835-1891) ;
MARTIAL Léonard (1838- ?) ;
MARTIAL Pierre (1841- ?) ;
MARTIAL Thérèse (1843-1844) ;
MARTIAL Jean (1846- ?) ;
MARTIAL Thérèse (1849- ?) ;
MARTIAL Jean (1853-1931).
Nota :
En 1836 lors du recensement à Saint-Léon-
sur-l’Isle (page11/21) On voit Thérèse
Deffarges veuve Martin avec sa fille Marie
femme Martial et une fille Thérèse 10
mois. Germain n’est pas présent.
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En 1844 à Saint-Leon-sur-l’Isle,
décès de Thérèse le 17/06/1844 (page 7)
placé en nourrice. Elle a 10 mois et quinze
jours née au Bruc de Grignols habitent
ses parents.
Elle est née le 1er aout 1843 (page
4) à Puyloupat. On l’enregistre sous le
nom de Germain Thérèse.
En 1846 à Grignols à Puyloupat,
naissance de Jean le 9 juin 1846. Le père
est cultivateur.
Lors du recensement on voit
Germain et Marie les parents et Thérèse
11a, Léonard 8 ans, Auguste 6 ans (ce doit
être Pierre) et Jean né dans l’année.
En 1849, à Grignols naissance de
Thérèse le 23 septembre (page 6) à
Puyloupat parents cultivateur.
En 1851 recensements : deux
dernières filles Thérèse et Jean.
En 1853, naissance de Jean
Germain le 1er avril, (page 6) il faudra un
jugement du tribunal en 1876 pour
rectifier le nom Martial à la place de
Germain. Cultivateur à Puyloupat.
En 1856 ils ne sont plus à
Grignols.
1865 La famille est à Neuvic
village de Fage lors du mariage de
Thérèse l’ainée avec Jean Ramadou.
En 1872 au recensement à Neuvic
(page 32), Germain et Marie sont
cultivateur avec Jean 24 ans (né en 46)
Thérèse 21 ans née en 49 ? Et le dernier
Jean 18 ans (né en 1853). Ils habitent au
Seycat.
En 1876 à Saint-Jean-d’Estissac
mariage de Jean avec Marie Vallier native
de Manzac et le même jour Thérèse (née
en 1849) épouse François Vallier le frère.
Germain le père est présent.
En 1876, lors du recensement à le
Bret, on y voit que Jean Martial 30 ans
à Grignols marié avec Marie Vallier (19
ans née à Manzac).
Ils ne sont pas à Saint d’Estissac
en 1872.
Le 4 juin 1874, son épouse Marie
Martin, âgée de 60 ans, décédé à Saint-
Jean-d’Estissac, village le Bert.
Lui peu de temps après, le 14
octobre 1876. Il est âgé de 68 ans. Reste à
trouver le lieu.
1879, mariage de Jean avec Marie
Guinobert à Saint Léon sur l’Isle. Il est
domicilié à St Jean d’Estissac, c’est
qu’on apprend la date du décès de
Germain Martial mais pas le lieu.
Château de Grignols.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
82
Par Patrick LAHOUDIE.
YSSASSIS (YSASI, ISSASSIS) Silbério.
J'ai découvert ce personnage (sous une graphie différente), qui est mon Sosa100,
lors de la naissance de sa petite fille Aubine, le 22 février 1848 à PAYZAC dont il est le
déclarant.
A cette époque il est dit aubergiste au Pont Lasveyras, sans doute dans la maison
que l'on distingue
Je n'ai hélas que peu de renseignements sur l'origine de Silberio, ils sont tous
donnés par son acte de mariage
Il serait le 19 juin 1794 à TOLEDE (ESPAGNE) de Gérôme et de Marguerite
SEXILLO, son père serait décédé le 20juin 1812 à TOLEDE, et sa mère le 24 juin 1801 aussi à
TOLEDE.
Il se marie à PAYZAC le 25 novembre 1818 avec Aubine VILLOT, modiste, native de
SALAGNAC et vivant à SAINT MESMIN avec ses parents (François et Jeanne PALEIN).
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
83
L'an 1818 et le 25 du mois de
novembre à 9 heures du matin par devant
nous adjoint au maire de la commune de
Payzac canton de Lanouaille
arrondissement de Nontron (Dordogne)
soussigne officier de l’Etat civil en son
absence sont comparu sieur Silberio Issaci,
tailleur d'habits demeurant au présent
bourg, fils de feu Gerome ISSACI, et de feu
Geneviève Sexillo décédés le premier le 28
juin 1812 et l’autre le 24 juin de 1801, et
tous les deux à Toledo, Espagne, ledit sieur
Silberio Issaci, au même Toledo le 19
juin 1794, et ainsi qu'en fait foi les extrait
de naissance et de décès qui nous sont
exhibés pour être annexé au présentes.
Et demoiselle Aubine Villot modiste
demeurant aussi au psent bourg née au
Roussetas, commune de Salagnac
arrondissement de Périgueux le 8 octobre
1792 fille de François Villot, ici présent
pour donner son consentement et de
Jeanne Pollin cultivateur demeurant au
moulin de la forge du bord commune de
Saint-Mesmin.
Lesquels nous ont requis de
procéder à la célébration du mariage
convenu entre eux, et dont les publications
ont été faites à la principale porte de notre
maison commune le 8 le 15 du courant, et
en celle de la commune dudit Saint-
Mesmin les mêmes jours, sans qu’il nous a
été signifié aucune opposition.
Faisant droit à leurs réquisitions
après leurs avoir donné lecture de
toutes les pièces relate ci-dessus et du
chapitre 6 du Code Civil intitule du
mariage avons demandé au futur
époux et à la future épouse sils veulent
se prendre pour mari et pour femme,
chacun deux ayant répondu
séparément et affirmativement,
déclarons au nom de la Loi que ledit
Silberio Issaci et ladite Aubine Villot
sont uni en mariage de quoi avons
rédigé le présent acte en présence des
sieurs Denis Poumeau serrurier âde
46 ans, Louis Deschamps tailleur
d'habits âgé de 60 ans, Jean Duteil
fossoyeur âgé de 50 ans, et de Pierre
Lassaigne tailleur d'habits âgé de 27
ans demeurant tous au susdit bourg
témoins non parents, Poumeau,
Deschamps et le futur ont signé avec
nous, non les autres témoins, ni les
autres parties contractantes pour ne
savoir de ce enquis après lecture faite.
Silbério à l'époque est tailleur
d'habits au bourg de PAYZAC il résidera
au bourg au moins jusqu'en 1846
(mariage de son fils avec Marie COSTE),
avant d'habiter au Pont Lasveyras en
tant qu'aubergiste et tailleur d'habits
au moins jusqu'en 1862 (décès de son
épouse). Il décédera au Rouveix le 1er
février 1870. Lors de son décès il est
toujours dit comme tailleur d'habits.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
84
Silbério et Aubine VILLOT auront 4
enfants, tous nés à PAYZAC: Jeanne (1818-
1820), Jeanne (1820-1833), Bernard ou
Elie, mon ancêtre (1823-1906), Bernard
(1833 - après 1846). Le second Bernard,
est décédé après avril 1883 et il a bien eu
une descendance avec au moins 3 enfants
dont 1 a eu une descendance. Il est
présent dans la famille au recensement
de 1846 mais pas en 1851. Il semble
d'ailleurs avoir pas mal bougé au cours de
sa vie : Coursac, Payzac, Saint-Yrieix,
Lanouaille, Arnac, Pompadour.
Bernard (Elie) se mariera aussi à
Payzac en 1846 avec Marie COSTE
(Léonard et Marie GERAUD), ils auront 6
enfants, tous nés à Payzac, dont 3 au
moins auront une descendance. Il
décédera à Juillac en 1905, après avoir
vécu à Beyssenac où il s'était installé entre
1861 et 1866.
Parmi les descendants actuels outre
ceux de ma branche ROBERT issus de
Aubine sa petite fille, il y a des PEPY, des
BONY-BONIS, des KOUSNESKI, et des
ISSASSIS
J'ai longtemps pensé que Silberio
était un prisonnier espagnol venu faire
souche à PAYZAC ou il aurait été déporté.
Malheureusement Silberio ne fait pas
partie des prisonniers espagnols arrivés à
Payzac le 18/2/1814.
Extrait du registre municipal de la
commune: le 18 février 1814, sont arrivés
dans cette commune ils demeureront
stationnés jusqu'à nouvel ordre, d'après la
lettre de Monsieur le préfet en date du 9
du courant, les nommés Llamar Jean
capitaine, Debon Alexandre lieutenant,
Sanchez Torres Joseph lieutenant,
Zeledonio Salazes souslieutenant, Dalacio
Jean sous-lieutenant, Llamar Ramon sous-
lieutenant, Milles Florence sous-
lieutenant, La Roza Antoine sous-
lieutenant, Ruiz Jean cadet, Navarro
Antoine Solvar domestique, tous
prisonniers de guerre Espagnole.(merci à
Rudi Molleman pour avoir cherc et
trouvé ceci).
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
85
Pensant qu'il avait pu être
envoyé sur une autre commune, j'ai
interrogé les AD 87, le "centre de tri"
des prisonniers espagnols se situant à
LIMOGES. Malheureusement les
articles 8R1 à 3 sont en mauvais état
et ils n'ont pu effectuer de recherche
que dans la 8R 3, recherches
infructueuses
J'ai également interrogé les
archives militaires de SEGOVIE sans
succès
Sur les prisonniers espagnols
on peut lire :
http://www.reenactor.ru/ARH/PDF/L
aroudie-Pigeard.pdf
On peut aussi se reporter à
un livre très intéressant de Jean René
AYMES : La déportation sous le
premier empire. Les Espagnols en
France (1808-1814) Publications de la
Sorbonne.
Bien que je persiste à penser
qu'il ait été prisonnier de guerre, on
ne peut écarter la piste qu'il fut un
Afrancesado.
Nota : La dénomination
d’afrancesado francisé », «
francophile »), dont l'emploi se
généralise en Espagne au XVIIIe siècle,
s'applique en particulier aux
membres de l'élite espagnole ayant
juré fidélité en 1808 au roi français
Joseph Ier, qui occupe le trône
d'Espagne après la renonciation de
Ferdinand VII et de Charles IV, sous
les pressions de Napoléon.
Ce nom désigne ensuite tous les
Espagnols qui, durant l’occupation
française (1808-1814), ont collaboré avec
les Français. Leur engagement était motivé
soit par intérêt personnel, soit parce qu’ils
pensaient que le changement de dynastie
favoriserait la modernisation de l’Espagne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Afrancesado
d'autant que 2 chanoines de TOLEDE le furent
Prisonnier, afrancesado, voire peu
probablement déserteur, pour le moment le
statut de Silberio, et son origine m'est
inconnue, mais je ne désespère pas.
Une chose est sure c'est que Silbério
avait une certaine éducation comme le
démontre sa signature
A noter que son fils Bernard, mon
ancêtre, lors de son recensement militaire,
sera éliminé des listes comme fils d'étranger
et étranger. Je n'ai pas eu l'occasion de
chercher s’il y avait eu naturalisation
ultérieure ou pas.
Beaucoup de graphie pour le nom:
Yssassis, Issassi(s), Isasi(s), Isaci(s); Ysasi(s),
Ysaci(s) voire même Eyssachet pour Aubine,
ce qui ne facilite pas les recherches quand on
ne parle pas espagnol. Je pense en tout cas
que l'origine de la famille est plutôt basque,
quasiment certain pour le nom Yssassis, très
probable pour Sexillo, le X se prononçant
sans doute "Tch".
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
86
Par Geneviève COULAUD.
ZAÏDA Dailhac.
.
Elles étaient trois sœurs, dans la famille on les appelait les tantes parce que ce sont les
tantes de mon arrière-grand-mère, Marguerite Dailhac. On ne peut raconter la vie de l’une
sans les autres.
Zaïda voit le jour le 25 novembre 1828 à Bergerac « Grand’Rue » fille de Thomas,
marchand, et de Marie Lacoste. Son acte de naissance mentionne Marie.
Marie Rose, le 8 juin 1825, au même endroit, elle sera Fanny et Marie Elida le 22 septembre
1833.
Zaida et Fanny resteront célibataires. Marie Elida épouse Edouard Morel, avec
lequel elle aura un fils, Daniel décédé sans descendance.
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
87
On les retrouve sur les registres recensements de Bergerac en 1872. Elles habitent,
place de la Sous-Préfecture (maintenant place Gambetta) avec leur frère Victor et son
épouse, Ivon Anaïs ; et Daniel le fils de Marie Elida.
En 1891, les 2 sœurs mercières prénommées Marie demeurent toujours dans la
maison familiale de la place Gambetta avec leur belle-sœur Louise Anaïs et leur nièce
Marguerite (mon-arrière-grand-mère).
Zaïda décède dans cette même maison le 21avril 1891 à 9 heures du matin à l’âge
de 62 ans.
Elle lègue un quart de ses biens à ses sœurs et à sa nièce, Marguerite dont 2
maisons voisines place de la Sous-préfecture.
Fanny le 30 mai 1909 à l’âge de 83 ans.
Ainsi qu’il est indiqué sur le document des « mutations par décès », il y avait bien
Fanny, Zaida et Marie Elida, les trois exerçant la profession de mercière.
N° 07 BLOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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Ton arrière-arrière-grand-père il a défriché la terre
Ton arrière-grand-père il a labouré la terre
Et pis ton grand-père a rentabilisé la terre
Pis ton père il l´a vendue, pour devenir fonctionnaire
Et pis toi mon p´tit gars tu sais pus c´que tu vas faire
Dans ton p´tit trois et d´mie, ben trop cher fret en hiver
Il te vient des envies de dev´nir propriétaire
Et tu rêves la nuit d´avoir ton petit lopin d´terre.
Ton arrière-arrière-grand-mère elle a eu quatorze enfants
Ton arrière-grand-mère en a eu quasiment autant
Et pis ta grand-mère en a eu trois c´tait suffisant
Pis ta mère en voulait pas, toi t´étais un accident
Et puis toi, ma p´tite fille, tu changes de partenaire tout l´temps
Quand tu fais des conn´ries, tu t´en sors en avortant
Mais y a des matins, tu te réveilles en pleurant
Quand tu rêves la nuit, d´une grand´ table entourée d´enfants
Tes arrière-arrière-grands-parents ils savaient comment fêter
Tes arrière-grands-parents ça swinguait fort dans les veillées
Pis tes grands-parents ont connu l´époque yé-
Tes parents c´tait les discos c´est là qu´ils se sont rencontrés
Et pis toi mon ami qu´est-ce que tu fais de ta soirée?
Éteins donc ta TV faut pas rester encaba
Heureus´ment que dans vie certaines choses refusent de changer
Enfile tes plus beaux habits car nous allons ce soir danser
Paroles de la chanson
«
Dégénération
»
par mes aïeux
(un groupe québécois).
N° 07 B LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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