N° 07 B – LOU PÉRI DOC, numéro spécial AZ 2018.
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huguenots et les catholiques. Cherchant un
architecte pour ses travaux, le jeune Nicolas
Rambourg lui fut recommandé par son
illustre parent.
C’est ainsi que Nicolas quitta
définitivement son pays natal, accompagné
de son frère aîné, Jean. Après Excideuil, les
chantiers ne manquèrent pas. Jean profita
des travaux sur le château de Juillac
(propriété d’un cadet des Pérusse des Cars),
pour se marier et s’installer dans la paroisse
voisine de Concèze, dans le Bas-Limousin.
La fille de François de Pérusse des
Cars avait épousé François d’Hautefort, qui
habitait le château du même nom, et qui
avait l’espoir, grâce à ce mariage, de nourrir
de grandes ambitions. Il embaucha
l’architecte de son beau-père, et dès 1588,
les fortifications étaient remises à neuf.
Voyant ces magnifiques réalisations,
inédites dans le pays, les seigneurs du
voisinage voulurent aussi employer
l’architecte, comme Jean Foucaud de
Lardimalie pour son château de la Sudrie en
la paroisse de Cubjac. Les tâches à
accomplir dans la région étaient infinies,
Nicolas se rendit compte qu’il n’allait plus
quitter cette contrée, et tout comme son
frère, il se décida à y fonder un foyer.
Il épousa une jeune veuve originaire
de Salagnac, Jeanne Goumard, qui habitait
à La Genèbre en la paroisse de Saint Aignan
de Hautefort, demeure familiale de son
premier époux, François Pasquet. Par ce
mariage, notre lorrain s’intégrait
totalement à la bourgeoisie locale, avec
notamment un beau-frère Goumard
notaire, et désormais allié à cette famille
Pasquet, très prolifique et influente dans la
vallée de l’Auvézère. Cependant, les
Rambourg restaient des étrangers.
En 1589, le roi de France Henri III,
fils d’Henri II et petit-fils de François Ier,
avait été assassiné. Tout comme ses deux
frères avant lui, il mourait sans héritier
direct, et la couronne revint à son très
lointain cousin Henri de Bourbon, non
seulement roi de Navarre, mais aussi comte
de Périgord, et vicomte de Limoges. Ainsi,
pour obtenir les mêmes droits que tous les
sujets du roi de France, c’est auprès de
l’administration d’Henri IV que les deux
architectes durent demander, en 1603, des
lettres de naturalité, retranscrites dans les
patentes de la Sénéchaussée du Périgord.
Pendant ce temps, les commandes
se poursuivaient, et se diversifiaient. Avant
la fin du XVIème siècle, il avait réalisé pour la
famille Ferrières, aussi alliée aux Pérusse
des Cars, des fontaines au style contrastant
totalement avec l’austérité de leur antique
demeure de Sauvebœuf. Puis, chez François
de La Borie, il avait restauré et remis au
goût du jour la bâtisse de la Rampinsole,
paroisse de Coulounieix. Au début du
XVIIème siècle, on l’appela deux fois à
Périgueux pour réaliser l’une après l’autre
les deux tribunes de la cathédrale Saint
Front, jusqu’après 1612. Il logeait alors dans
la paroisse urbaine de Saint Silain, où on le
trouvait parrain en 1605 d’une petite Marie
Bouquier, fille d’un maître menuisier avec
lequel il travaillait. Il resta encore dans la
métropole provinciale de 1613 à 1616 pour
réaliser des travaux importants sur les
ponts de Tournepiche et de la Porte-Neuve,
au-dessus de l’Isle. On le logea chez
Mathaly (Mathurin en occitan ) Labrousse,
hôte dans le Faubourg de Tournepiche, et