OBROUTCEFF général. numéro spécial az 2017, LOU PÉRI DOC . n° 04B - ! 33
Le vendredi 8 juillet 1904, deux offi ciers,
le capitaine Auber n et le lieutenant Burg se
présentent à la mairie de Jaure pour déclarer le
décès du général Nikolaï Obroutcheff . Les deux
offi ciers du 15e régiment de Dragons sont ses
neveux. Il était âgé de 74 ans, en retraite depuis
1897 qu’il passait dans sa propriété familiale de
Jaure et il avait l’habitude de par ciper ac ve-
ment à la vie du lieu.
Les obsèques seront célébrées le 15 juillet
1904, en l’église russe de la rue Daru à Paris. Le
corps étant arrivé la veille de Neuvic. Après la cé-
rémonie, le corps a été replacé sur le corbillard,
après un défi lé militaire, nombreuses personna-
lités ont suivi le corps jusqu’à la gare du nord où
ensuite il par t pour Saint-Pétersbourg.
Une cérémonie religieuse devait avoir lieu
dans l’après-midi à Jaure. Elle a été contreman-
dée à la suite du refus fait par le curé de Grignols
de réciter des prières sur le cercueil du général,
qui n’est pas catholique romain, mais grec ortho-
doxe. Le vicaire général, consulté par dépêche
n’a pas cru devoir forcer la résistance du curé.
Un an plus tard, son épouse décèdera à
Paris 15, rue de Chateaubriand à l’âge de 62 ans,
le 1er juin 1905. Elle est inhumée dans le cime-
ère de Jaure avec sa famille.
Quand l’éminent soldat qui est à la tête
de l’état-major général de l’armée russe peut
dérober à ses absorbantes occupa ons quelques
journées de loisirs, il prend le train et, après avoir
fait plusieurs milliers de kilomètres arrive sans
bruit à Jaure(s), en veston, les mains dans les
poches, comme un bourgeois qui viendrait à sa
campagne. Une demi-heure après, il est dans ses
champs, au milieu de ses travailleurs, respirant à
pleins poumons, admirant la jolie nature qui l’en-
vironne et trouvant dans ce e contempla on un
charme apaisant qui pénètre et repose.
D’une rare aménité, aux allures ouvertes
et accueillantes, le général est très populaire
dans le pays. Mme Obroutcheff (née Millot), qui
est Française, a conquis, elle aussi, par son ex-
trême bonté, les respectueuses sympathies de
tous.
Hélas ! La bonne dame et son mari ne
font pas un long séjour à Jaure (s). Quarante-huit
heures au printemps, trois semaines à l’automne
et c’est tout.
En septembre, Jaure(s) reçoit de nom-
breuses visites. C’est l’époque de la villégiature ;
tout le monde est aux champs. C’est aussi la pé-
riode des grandes manœuvres, et si d’aventure
il arrive qu’un régiment passe de ces côtés, il est
cordialement fêté par les châtelains. Il y a deux
ans, le 108e qui regagnait Bergerac, sa garnison,
s’arrêta à Jaure (s). Le général d’Obroutcheff ou-
vrit toutes grandes les portes de son château et
insista pour avoir à sa table le corps en er des
offi ciers. La musique du régiment qui jouait dans
les jardins a aqua soudainement un air dont les
premières notes allèrent droit au cœur du géné-
ral. C’était la marche russe.
Chaque année, à la Saint-Firmin, vers la fi n
septembre, Jaure(s) célèbre sa fête patronale. A
ce e occasion, M et Mme Obroutcheff se mêlent
aux groupes des paysans venus de toutes parts à
la frairie.
Le soir, le château s’illumine et le général
fait rer un superbe feu d’ar fi ce.
D’un autre côté, la terre périgourdine a
séduit un autre russe, ami du général, le comte
Pratazoff , propriétaire à la Beylie, non loin de
Jaure(s) à Saint-Jean-d’Es ssac.