Au bout du Cingle, on voit deux énormes blocs de rocher inhérents à la montagne, s'avancer majestueusement sur la rivière. On appelle ce point pittoresque le Roc-de-Lagranel. Ce nom lui vient du ruisseau qui coule dans le vallon et sur lequel nous avons vu qu'il existait un moulin au XIIe siècle.
L'un de ces blocs, le plus étroit et le plus rapproché du Bugue, est célèbre par une légende que le peuple raconte comme il suit :

Il existait autrefois dans les environs un grand seigneur, dont la fille unique, pendant qu'il était allé combattre les infidèles, s'amouracha d'un beau jeune homme de basse condition, mais de noble cœur, intrépide, très familier avec tous les exercices du corps et montant admirablement à cheval. Au retour de la croisade, le père, instruit de ce qui se passait, crut pouvoir rompre cette liaison, et enjoignit au jeune homme de ne plus chercher à voir sa fille ; mais la fille elle-même prit le parti de son amant, et déclara qu'elle mourrait plutôt que d'en épouser un autre. Le père, dans une grande perplexité, finit par prendre une terrible détermination. Il décida que le jeune homme, monté sur un cheval fougueux, ayant en croupe sa bien-aimée, s'élancerait à fond de train sur la crête de ce rocher, et que, s'il revenait, sa fille serait à lui. L'amour fait des miracles, comme on sait. Le succès couronna l'épreuve. Le jeune homme, avec une adresse merveilleuse et un bonheur sans égal, après avoir atteint le bout du rocher, fit pirouetter son cheval et ramena triomphant son précieux fardeau. L'effort que fit le cheval, en tournant sur lui-même, fut tel que ses deux fers de derrière laissèrent leur empreinte sur le roc. Depuis ce temps, poussé par une juste curiosité, chacun veut contempler cette empreinte, qu'on ne peut voir qu'avec les yeux de la foi.