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Cahier de plaintes, doléances et remontrances de Saint-Sauveur de la Lande
Fait à l’assemblée de la communauté tenue le 6 mars 1789 .
Sire,
Les habitants de la communauté de Saint-Sauveur de la Lande, pénétrés de la plus vive reconnaissance pour les sentiments de bonté et de justice que Votre Majesté manifeste à tout son peuple et surtout aux pauvres cultivateurs, enhardits par votre voix, ont l’honneur de vous faire leurs très humbles et très respectueuses remontrances
- La paroisse de St-Sauveur de la Lande est du diocèse et de l’élection de Périgueux et elle demande à y être toujours maintenue et compris dans le Périgord comme en ayant été toujours une partie
- La susdite communauté est composée de 62 feux dont le quart sont de très indigents locataires et le plus grand nombre des mendiants
- La cure de Saint-Sauveur est située sur une côte, dans un pays de lande dont elle retient le nom, pays très mauvais sableux et très ingrat de l’étendue d’environ une demy lieue en long et près d’un quart de lieue en large, dont les trois quarts pour le moins de ladite étendue est en bruyères et en bons taillis très peu productifs, il faut dix ans pour qu’on les coupe et pour pouvoir faire des petits fagots qu’on vend à un prix très bas à raison de l’éloignement du port de rivière qui est Le Flaix éloigné de la susdite communauté de trois lieues ; le reste de la paroisse est en vignes sujettes à la gelée et à la ravine donnant du vin de médiocre qualité et en petite quantité à peine suffisante pour la consommation de l’endroit ;il y a aussy quelques terres en labour et bien d’autres en friches et totalement abandonnées, celles qui sont travaillées et ce n’est que tous les deux ans sont semées de seigle et de méture de champ ; il y a de ces terres qui sont de nature si ingrate qu’à peine doublent elles leurs semences aussy il n’y a pas deux habitants qui recueillent dans les années les plus abondantes leur provision de bled ; les autres en ramassent ils pour vivre le tiers de l’année, c’est de la sans doute qu’est venu le proverbe pauvre comme la lande.
- Permettez sire, que nous ajoutions à ce tableau qui paraîtroit exagéré si nous n’avions pour garantie et pour témoins tous nos voisins, nous manquons de bonnes eaux et nous n’avons pour nous désaltérer dans les fortes chaleurs aussy bien que pour nous laver que de l’eau corrompue que nous ramassons dans l’hiver aussi peut on dire avec vérité qu’on ne voit en aucune partie autant de ces maladies qui font horreur à la vue qu’en ce petit lieu, les gens y sont vieux avant le temps, soit à raison de leur mauvaise boisson et de leur mauvaise nourriture, soit à raison de leurs grands travaux qu’ils font en tout genre pour se procurer leurs subsistances et payer leurs impositions, ne serait il pas dans l’ordre des choses de l’humanité de fournir des moyens de leur faire creuser des puits ; ce que leur faculté ne leur permet pas.
- La paroisse de Saint-Sauveur est de la juridiction de Montpon et a pour seigneur immédiat Votre Majesté elle paye la rente aux seigneurs engagistes, sire, nous sommes écrasés par la rente ; non seulement ce pays sec et aride, ce vray désert, paye une rente ordinaire plus forte que partout ailleurs mais encore on a y mis depuis quelques années une seconde rente égale pour le moins à la première et on n’a pas craint de les nommer première et seconde rente : il est de la justice des rois de protéger le faible et l’ignorant contre la force et la surprise, veuillez donc sire, ordonner que sans frais il sera visé dans vos archives pur trouver le premier assencement de la paroisse de Saint-Sauveur de la Lande, auxquels les habitants ont droit de se tenir ; à moins que par bons et justes titres ils ne soient justifiés de la légitimité du second cens
- les habitants de la susdite communauté sont tous paysans et non lettrés, nous n’avons qu’un gentilhomme et ancien lieutenant d’infanterie et chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, ils sont donc dans le cas d’appeler pour leurs démêlés et altercations des gens d’affaires qui les grèvent et finissent de les ruiner et bien loin de les porter à la paix les irritent et les font consumer en frais ; ne serait il pas possible qu’aux choix de la communauté et du bon vouloir de Votre Majesté deux habitants reconnus pour honnêtes gens terminassent ces petits différents qui font perdre tant de temps pour la culture et tant d’argent au pauvre, auquel jugement les parties seraient tenues si l’objet n’excédoient pas la somme qu’il plairoit à Votre Majesté de fixer
- les susdits habitants ne peuvent rien faire sans notaire et le contrôle leur emporte beaucoup d’argent, ne pourroit on pas diminuer leurs droits surtout en faveur des cultivateurs ; est il prudent de laisser à l’impéritie d’un notaire et l’arbitraire d’un homme de finances ce qu’il doit recevoir ; qu’une loy juste et publique fixe donc à un prix modique ce que chaque classe de citoyen doit donner pour les actes quelles que puissent être les clauses.
- Votre Majesté, sire , demande des moyens pour subvenir aux besoins de l’état et remplir le déficit de ses finance, la plus juste et la lus raisonnable à notre avis et de tout faire cesser tout privilège pécuniaire et taxer un chacun selon son lieu et fortune
- enfin sire, l’hiver passé est un avertissement pour ne pas être surpris à l’avenir dans quelle extrémité ne nous sommes pas trouvé et ne nous ne trouvons nous pas encore exposé à tout moment à mourir de faim, ne serait il donc pas prudent d’établir dans chaque communauté un magasin de bled proportionné au nombre des habitants, lesquels ne serviroit que dans les années de disette et de cherté pour ne pas porter préjudice au commerce des grains, lesquel magasin seroit renouvellé tous les ans en obligeant les habitants à porter du bled nouveau en par eux prenant autant de bled vieux, certains alors d’avoir uns substance assurée dans nos pressants besoins, nous bénirons à jamais la main bienfaisante qui nous protège et qui nous défend.
Telles sont , sire, les très humbles et très respectueuses remontrances des habitants de la paroisse de Saint-Sauveur de la Lande faites à leur assemblée tenue le six mars 1789
(ont signé) Jean Cluseau, Jean Eybrard, Pierre Eybrard, Besset , Jean Besset
à la prière des habitants Aymard curé
Suit le procès verbal de l’assemblée
Aujourd’hui sixième mars 1789 en l’assemblée convoquée au son de la clocheen la manière accoutumée sont comparus devant la porte de l’église de ce lieu par devant nous
- Philippe Lansson sindic de laditte paroisse, (+3/11/1832-75)
- Jean Eybrard,
- Jean Cluseau,
- Jean Faure
- Pierre Besset,
- Pierre Eybrard,
- Jean Besset,
- Pierre Faure,
- Pierre Dupoix,
- Léonard Dupoix,
- Jean Eybrard de la Linde,
- Pierre Eybrard (fils de pierre &Peyronne Eybrard a tout juste 26)
- et aussi autre Pierre Eybrard,
- Jean Morau,
- Jean Siviere,(+24/1/1830-75/x Marie Eybrard)
- Guillaume Ricard, (+7niv17-66)
- Léonard Besse,
- Antoine Lanson,(+30/8/1792-36/x 25/1/1786 Marie Magardeau)
- Pierre Bonnefon,
- Pierre Fredou,
- Barthélémi Gros,
- Jean Marzac,
- Anne Queyroilveuve,( fille de Jean& Marguerite Gaumet/+29/6/1815-90ans- la Cavillarde/ x27/4/1756 Jean Biot de Jean&Marie Maziere)
- Jean Queyroil,
- François Cobras,(fils d’André&Marguerite Barri/x 28/11/1769autreAnne Queyroil de Jean& Léonarde Eybrard)
- Jean Cobras,
- André Lami,
- Léonard Laurent,
- Foi Eybrard veuve,(fille de Jean dit Quiquet & Catherine Guionie du coup de bâton/x 8/8/1769 Bernard Gros de Barthélémi & Marie Fauconneau +12/6/1782/+28/12/1808-Les Taules)
- Pierre Laurent,
- Elie Dudreuil
- Martial Dudreuil,(+9vent 5-90/x 1762 Jeanne Leonardet )
- Collas Billat,(fils de François &Jeanne Petit/x2/3/1767 Marcialle Villau)
- Pierre Olivier,(+18 pluv12-60)
- Etienne Olivier,
- Léonard Chapellet(+1/11/1792-71)
- Jean Eybrard,
- Henri Guillot,
- Pierre Gautier,(fils de Pierre & Marguerite Eybrard/+15/121830-71ans/xCatherine Demounens)
- Bonne Vigne,
- François Vilau,
- Guillaume Fredou,(+7mess7-60/x 24/1/1769 Marie Darche fille de Jean &Marie Eybrard )
tous nés françois ou naturalisés, âgés de 25 ans, compris dans les rôles d’impositions, habitans de cette paroisse composée de 62 feux ; lesquels pour obéir aux ordres de Sa Majesté portés par ses lettres données à Versailles le 24 janvier 1789 pour la convocation et tenue des Etats-Généraux de ce royaume et satisfaire aux dispositions du règlement y annexé ainsi qu’à l’ordonnance de Mr le Sénéchal de Libourne ou Mr son lieutenant général, dont ils nous ont déclaré avoir une parfaite connaissance, tant par la lecture et publication ci-devant faite au prône de la messe par Mr le Curé le premier du présent mois et par la lecture et publication et affiches faites le même jour à l’issue de laditte messe de paroisse au devant de la porte de l’église, nous ont déclaré qu’ils alloient d’abord s’occuper de la rédaction de leur Cahier de plaintes, doléances et remontrances…..(puis) ils ont remis en notre présence aux sieurs Jean Eybrard et Jean Cluseau, leurs députés, le cahier afin de le porter à l’assemblée qui se tiendra le onze mai prochain devant Mr le lieutenant général de laditte sénéchaussée et leur on donné tous pouvoirs requis et nécessaires à l’effet de les représenter en la dite assemblée…nous avons à tous les susdits comparants donné acte et avons signé avec ceux desdits habitans qui savent signer et avec lesdits députés notre présent procès-verbal ainsi que le duplicata que nous avons présentement remis aux dits députés pour constater leur pouvoir ; et le présent sera déposé aux archives de cette communauté lesdit jour sixième mars 1789
(ont signé) Jean Cluseau, Eybrard, Pierre Eybrard, Jean Faure, Besset, Jean Besset Lansson Sindic à la prière des habitants Aymard curé
Ref AD 24