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Des gens : Général Obroutcheff.

Par Jean Loufy.

L’alliance franco-russe signée au début des années 1890 entre la France, à l’époque du président Sadi-Carnot et la Russie du tsar Alexandre III met en place un accord de coopération pour contrecarrer la triple alliance de l’empire Allemand, Autriche-Hongrie et l’Italie.
Pour en arriver là, les nombreuses tractations pour le plan militaire ont été conduites par le général Raoul de Boisdeffre côté français et son homologue russe, le général Nikolaï Nikolaevitch Obroutcheff chef d’état-major général.
Certainement le plus français des généraux russes, bien connu en Dordogne où après avoir épousé une française à Paris, il résidait au château de Jaure, pendant ses vacances puis à sa retraite jusqu’à son décès en 1904.

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Le général OBROUTCHEFF, Nikolaï Nikolaevitch.
Né le 21 novembre 1830 (calendrier julien) à Varsovie où son père, colonel, est en poste et non Saint-Pétersbourg comme indiqué sur son acte de mariage.
Fils de Nicolas Obroutcheff, qu’il aura peu connu et de Marie Kolotova sa mère qui en 1862 est dite inspectrice de la communauté impériale des demoiselles nobles à Saint-Pétersbourg.
Il écrivit : Essai sur l’histoire de la littérature militaire puis Commentaire sur les sources documentaires d’histoire antérieures à 1725. Fut professeur à l’académie d’état-major.
Ce dernier avait été aide-de-camp général du tsar, chef d’état-major de l’armée russe en 1881, vainqueur des turcs dans les Balkans en 1877-1878 et nommé en 1893 au conseil de l’empire.
Chef d’état-major de l’armée russe, il avait pour habitude de passer tous les ans, ses vacances à Jaure. Grand-croix de la Légion d’Honneur.

Un instant envisagé comme ministre de la guerre russe, il prenait sa retraite en 1898 pour venir se retirer dans son château de Jaure.

Une légende raconte qu’Il a connu sa future épouse lors de son hospitalisation à Paris suite à une chute de cheval. On la dit son infirmière, mais plus vraisemblablement visiteuse de la Croix Rouge comme l’écrit Joelle et Michel Bernard, auteur du livre cité plus loin. Ce dernier, en voyage d’étude à Paris, était hébergé chez Monsieur Nicolas Millot dont la fille Marie-Léontine avait 18 ans. Le charme slave du colonel Obroutcheff a fait le reste !!!. je cite l’auteur du livre. A son mariage elle est dite sans profession. L’écart d’âge entre eux est de 14 ans.

Ils se sont mariés le 11 septembre 1862 à Paris dans le 6e arrondissement. On le dit né le 21 novembre 1830 à Saint Pétersbourg. Colonel de l’état-major de la cour impériale à Saint-Pétersbourg, son père Nicolas est décédé.
Marie est domiciliée 32 rue de Vaugirard. Ses parents sont dits rentiers.
Ils n’ont eu qu’un seul enfant : Illia Nikolaevitch en 1863 qui décèdera dans son jeune âge.

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La vie de château.
A l’issue de son mariage et pendant le temps de son activité, la vie se passe à Saint-Pétersbourg où Marie Léontine a été admise au nombre des dames de l’ordre de Sainte-Catherine de la deuxième classe. (réf Figaro du 10/08/1896).
C’est avec Pierre Elie son beau-frère que le général achètera le château en août 1866.
Tous les ans, il viendra y passer ses vacances, pour y finir ensuite sa vie.
Ses allées et venues en France, à Jaure et même en cure à Vichy sont souvent soulignées dans la presse nationale mais aucune mention dans « l’Avenir Illustré de la Dordogne » (dont les numéros commencent en 1900).

Pour vous donner une idée, je cite l’article de Charles Daubige du 4 juillet 1891 paru dans le Figaro (Numéro 187):
Quand l’éminent soldat qui est à la tête de l’état-major général de l’armée russe peut dérober à ses absorbantes occupations quelques journées de loisirs, il prend le train et, après avoir fait plusieurs milliers de kilomètres arrive sans bruit à Jaure(s), en veston, les mains dans les poches, comme un bourgeois qui viendrait à sa campagne. Une demi-heure après, il est dans ses champs, au milieu de ses travailleurs, respirant à pleins poumons, admirant la jolie nature qui l’environne et trouvant dans cette contemplation un charme apaisant qui pénètre et repose.
D’une rare aménité, aux allures ouvertes et accueillantes, le général est très populaire dans le pays. Mme Obroutcheff (née Millot), qui est Française, a conquis, elle aussi, par son extrême bonté, les respectueuses sympathies de tous.
Hélas ! La bonne dame et son mari ne font pas un long séjour à Jaure (s). Quarante-huit heures au printemps, trois semaines à l’automne et c’est tout.
En septembre, Jaure(s) reçoit de nombreuses visites. C’est l’époque de la villégiature ; tout le monde est aux champs. C’est aussi la période des grandes manœuvres, et si d’aventure il arrive qu’un régiment passe de ces côtés, il est cordialement fêté par les châtelains. Il y a deux ans, le 108e qui regagnait Bergerac, sa garnison, s’arrêta à Jaure (s). Le général d’Obroutcheff ouvrit toutes grandes les portes de son château et insista pour avoir à sa table le corps entier des officiers. La musique du régiment qui jouait dans les jardins attaqua soudainement un air dont les premières notes allèrent droit au cœur du général. C’était la marche russe.
Chaque année, à la Saint-Firmin, vers la fin septembre, Jaure(s) célèbre sa fête patronale. A cette occasion, M et Mme Obroutcheff se mêlent aux groupes des paysans venus de toutes parts à la frairie.

Le soir, le château s’illumine et le général fait tirer un superbe feu d’artifice.
D’un autre côté, la terre périgourdine a séduit un autre russe, ami du général, le comte Pratazoff, propriétaire à la Beylie, non loin de Jaure(s) à Saint-Jean-d’Estissac.

A l’occasion de ces grandes réceptions, il est dit que les pauvres et mendiants y trouvaient toujours un accueil bienveillant.

La famille Millot.
Marie Léontine est la fille de Claude Nicolas Millot et Césarée ou Césarine Joséphine Lefèvre née le 25 février 1844 à Paris 16e.
Elle a un frère Eugène Pierre Elie né le 24 juin 1840 à Passy. Il sera maire de Jaure en 1907-1908 où il décèdera en 1909. Employé des lignes télégraphiques (1868) percepteur receveur des contributions directes de la quatrième division de Bordeaux, demeurant à Bordeaux puis en 1907 à Périgueux 27 rue de Metz, lequel a épousé Henriette Marie DUMOULIN (̊1843 à Périgueux, + juillet 1905). Ils auront deux filles jumelles nées à Tours le 30 janvier 1868 : Césarine Angélique Marie et Marie Henriette Lucille.
En 1867, le 28 août, on enregistre à Jaure le décès de Claude Nicolas Millot agè de 69 ans. Il est domicilié au château de Jaure et son épouse Césarine Lefèvre serait domiciliée 15 rue Madame à Paris. Il était né à Saint Dizier en Haute-Marne.
Le cimetière de Jaure regroupe l’ensemble de la famille Millot à l’exception du général dont la tombe est à Saint-Pétersbourg

Fin de vie.
Le vendredi 8 juillet 1904, deux officiers, le capitaine Aubertin et le lieutenant Burg se présentent à la mairie de Jaure pour déclarer le décès du général Nikolaï Obroutcheff. Les deux officiers du 15e régiment de Dragons sont ses neveux. Il était âgé de 74 ans, en retraite depuis 1897 qu’il passait dans sa propriété familiale de Jaure et il avait l’habitude de participer activement à la vie du lieu.

Les obsèques seront célébrées le 15 juillet 1904, en l’église russe de la rue Daru à Paris. Le corps étant arrivé la veille de Neuvic. Après la cérémonie, le corps a été replacé sur le corbillard, après un défilé militaire, nombreuses personnalités ont suivi le corps jusqu’à la gare du nord où ensuite il partit pour Saint-Pétersbourg.

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Une cérémonie religieuse devait avoir lieu dans l’après-midi à Jaure. Elle a été contremandée à la suite du refus fait par le curé de Grignols de réciter des prières sur le cercueil du général, qui n’est pas catholique romain, mais grec orthodoxe. Le vicaire général, consulté par dépêche n’a pas cru devoir forcer la résistance du curé.

Un an plus tard, son épouse décèdera à Paris 15, rue de Chateaubriand à l’âge de 62 ans, le 1er juin 1905.
Elle est inhumée dans le cimetière de Jaure avec sa famille.

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