
Au cours du mois de novembre, tous les jours sauf les dimanches,
sera publié un article.
Un article écrit chaque jour par une personne différente,
sur un ancêtre de Dordogne pendant la guerre 14-18.
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CHABEAUDIEpère et fils dans la Grande Guerre.Par Danielle LAGUILLON HENTATI. |
Le 28 juin 1914, des nationalistes serbes assassinent l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et son épouse Sophie, en visite officielle à Sarajevo (Bosnie). La machine qui va conduire à la Grande Guerre est lancée : les jours suivants, par le jeu des alliances, les autres puissances basculent à leur tour dans le conflit. Pour la première fois, une mobilisation générale est décrétée en France et concerne les hommes de 21 à 48 ans : citoyens français métropolitains, habitants de l'empire colonial (bien que dépourvus des droits civiques de citoyen) ou engagés volontaires d'origine étrangère. Cet ordre de mobilisation frappe de stupeur les Français dont une grande partie est occupée par les travaux agricoles, notamment en Dordogne où la plupart des familles sont touchées. Ainsi chez les Chabeaudie, deux générations partent à la guerre, ce qui est peu commun.
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CHABEAUDIE,
deux générations partent à la guerre, ce qui est peu commun.
François est le deuxième enfant entre Albine (1874- ?), Pierre (1880-1934) et Marie (1882-1884). Après le décès de sa mère, son père se remarie avec Anne Gaudout (1853- ?), ils ont deux enfants : Jean François (1891-1891) et son jumeau Jean (1891- Mort pour la France en 1916).
Tout comme ses parents et ses ancêtres, François est cultivateur. Étant illettré (degré d’instruction 0 pour l’armée), il ne signe pas lors de son mariage, le 24 juin 1897 à Miallet, avec Marguerite Meynard (1870- 1942), veuve avec une petite fille, Marie Garaboeuf. Il ne signe pas non plus lors de la déclaration de naissance de ses trois enfants : François, Louis (1901-1903) et Anna (1906-1987).
L'armée.
D’après sa fiche matricule, François est châtain clair aux yeux roux, il mesure 1m62 mais il est de constitution chétive ; il est donc ajourné à un an pour faiblesse en 1897, puis en 1898, enfin classé dans les services auxiliaires en 1899. Pourtant la commission de réforme à Limoges le juge apte au service armé le 25 novembre 1914. Mobilisé, il arrive au corps le 30 décembre 1914. Soldat de 2ème classe au 89ème Régiment d’infanterie territorial, il fait campagne du 29 mai 1915 au 24 juillet 1917 dans le nord-est de la France. De mai 1915 à décembre 1916, le régiment est dans l’Aisne, puis en Champagne jusqu’en mai 1917, enfin à Verdun. Le 13 juillet, les états-majors des trois bataillons sont réunis à Glorieux, faubourg de Verdun, où ils cantonnent ; le régiment est mis en entier au service des routes. C’est là que, le 24 juillet 1917, François est tué par un éclat d’obus au cours d’un violent bombardement.
Son décès est transcrit en date du 17 novembre 1917 dans les registres de l’état civil de Saint-Saud-Lacoussière.
Déclaré « Mort pour la France », il est inhumé dans la nécropole nationale de Verdun – Glorieux, tombe individuelle n°1491.
Il est cité au Journal officiel et décoré à titre posthume :
« CHABEAUDIE (François), matricule 2845, soldat brave et dévoué. Mort glorieusement pour la France,
le 24 juillet 1917, devant Verdun. Croix de guerre avec étoile de bronze. »
Son fils aîné, François, a également une fin tragique. Né le 9 mars 1898 à Mialet, il devient cultivateur tout jeune, victime du déterminisme social, mais possède tout de même un bagage scolaire évalué à 3. Beau garçon au visage rond, aux cheveux châtain foncé et aux yeux châtain, il n’a même pas le temps de connaître l’amour et de fonder un foyer, car il est mobilisé. Incorporé le 4 mai 1917 au 107ème régiment d’infanterie en tant que soldat de 2ème classe, matricule 2475, il arrive au corps le 9 mai 1917, puis passe au 163ème régiment d’infanterie le 13 avril 1918.
Ce régiment, surnommé « Le Régiment du Diable » (surnom donné par les Allemands après les combats du 25 mars 1915 sur l’Hartmannswillerkopf) et « les Diables Rouges », est dans le secteur de Champagne, célèbre dans les annales de la guerre pour ses combats sanglants : Tahure, Butte du Mesnil, Main de Massige, Maisons de Champagne.
Cette période marque une évolution dans la guerre de tranchées qui bientôt redeviendra la guerre de mouvement. L’attaque allemande du 15 juillet 1918 est un échec grâce à l’attitude plus agressive de l’armée française qui va passer de la défensive à l’offensive le 26 septembre.
« Nous passons cette nuit, notre veillée d'armes, dans les parallèles de départ et dans quelques cagnas où l'on s'entasse faute de place. Nous sommes énervés et impatients de sortir. Les conversations sont cependant assez gaies. Nous savons que c'est la grande offensive qui doit décider de la fin prochaine de la guerre et nous ne doutons pas du succès. »
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Mais François est grièvement blessé au cours des combats, il décède des suites de ses blessures le 1er octobre 1918 à l’ambulance 14/22 et 75 à Écury-sur-Coole (Marne). Mort pour la France à l’âge de 20 ans 6 mois et 23 jours. |
Ultime coup du destin : son décès est transcrit le 17 avril 1919 dans les registres d’état civil de Saint-Saud-Lacoussière au nom de CHABAUDIE ; sa famille devra faire rectifier par jugement le patronyme en CHABEAUDIE et une mention marginale sera apposée sur la transcription le 17 juin 1924.
Il est d’abord inhumé dans la Marne ; quelques années plus tard, sa dépouille est réinhumée dans la nécropole nationale de Fère-Champenoise qui, outre les soldats morts pour la France lors de la première bataille de la Marne (Septembre 1914) et lors de la campagne de France en juin 1940, accueille d’autres corps de soldats exhumés de cimetières militaires ou de tombes isolées de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Marne.
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Leurs deux noms sont inscrits dans le Livre d’or de Saint-Saud-Lacoussière.

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