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Chronique 1784 = La mongolfière .

Raconté par le curé Laborde de Bourrou.


Observations sur l’année 1784 : La mongolfière

Cette année sera fameuse dans nos fastes par l’invention ou la reproduction de ce vaisseau aérien appelé ballon aérostatique reproduit et fabriqué par M. De Mongolfier de Lyon que le roi a, dit-on, gratifié à cette occasion d’une pension de 2000 H et de lettres de noblesse. Les nouvelles publiques, parlons toutes les ordinaires, de quelque nouveau ballon fabriqué par les curieux oisifs à l’instar de celui fabriqué par M. De Mongolfier et qu’on a lancé dans l’air avec des succès différents mais qui tous finissent s’embraser dans leurs chutes, preuve évidente qu’on n’a pas encore trouvé la mesure de la matière inflammable propre à soutenir le vaisseau ni les moyens de le garantir de l’embrasement ; on a encore moins trouvé le point de le diriger contre le vent et de le conduire vers un lieu plutôt que vers l’autre ; en sorte que jusqu’ici c’est le ballon qui a conduit ceux qui s’y sont embarqués, plutôt que ceux-ci n’ont dirigé le ballon. Cette nouvelle invention sera donc encore fort informe et comme dans son berceau. Les têtes de toute espèce s’exercent à l’en sortir et à lui donner le degré de perfection dont elle me parait bien éloignée. Quoique il en soit, on parle diversement de cette machine, les uns très bons français saisissants avec enthousiasme tout ce qui est nouveau, en sont les apologistes et le nombre de ceux-ci est si grand qu’à peine le petit nombre des autres se permettent-ils de hasarder au milieu des cercles, les difficultés qu’ils trouvent à la réussite de cette invention. Les uns n’y voient que le grand, l’agréable et l’utile et la facilité qu’il y a de la perfectionner, les autres au contraire n’y voient que du vent comme dans la tête de ceux qui la préconisent, ils osent, quoique rarement, soutenir qu’il est impossible de diriger jamais cette machine d’une manière constante et solide et ajoutent que si jamais on venait à bout de la diriger parfaitement, elle serait plus nuisible qu’utile à la société. Les premiers fondent leurs sentiments sur ce que les plus belles inventions ont été informes dans leur commencement que les arts se perfectionnent que par degrés et que pour encourager ceux qui s’y appliquent, il faut leur prodiguer des éloges quelques fois mêmes anticipés et il ne fait point de doute que celui qui en a assez de génie pour faire cette découverte, n’en manquera pas pour la conduire à sa perfection et même que d’autres artistes pourront perfectionner ce que les premiers n’auraient qu’ébauché. Les autres ne fondent la leur que sur les réflexions qu’ils prétendent avoir fait sur cette invention et sur la connaissance qu’ils croient avoir des principes nécessaires pour la direction d’un corps qui parcourt l’immensité de l’air et des difficultés qu’ils trouvent à le fixer au milieu de ce fluide impalpable sans peine d’appui et continuellement imposé à l’inconstance et aux caprices des vents. Ils ajoutent qu’ils ont comparé les avantages de cette invention avec les risques qu’il y aurait de la voir jamais dans sa perfection ; ils prétendent que ceux-ci l’emportent de beaucoup.

S’il m’est permis de dire ici ce que j’en pense sans me déclarer d’aucun parti, j’en dirait seulement que si on vient à bout de diriger au milieu des airs cette machine aérostatique, cette invention à l’instar de celle du feu grégeois connu au 12 ème et 13 ème siècle et aujourd’hui ignoré de toute la terre, à l’instar de celle de la poudre à canon, faire un honneur infini et rendre célèbre celui qui en est l’auteur ou le restaurateur, elle illustrera le siècle qui l’a vu naître quoique pour le malheur du genre humain, l’orgueil de l’homme ne sera-t-il donc satisfait que quand il aura trouvé les moyens d’anéantir l’espèce humaine !

Juillet 1786

Les apologistes de l’aérostat ont perdu leur procès ; malgré les promesses authentiquement consignées dans les papiers publics, de la direction prochaine de ce vaisseau de nouvelle fabrique malgré les efforts et les expériences répétées, il a été jugé de la triste expérience de ceux qui lui ont fait les derniers essais et notamment du Sieur Pilatre du Rosier qui en voulant traverser la Manche et partir à Londres, des nouvelles dont on ne s’y embarassait jamais, tomba avec son ballon et se tua en se noyant ; depuis ce temps là dirai je tout le monde a convenu qu’il avait été bien jugé. On n’en parle plus dans les cercles que pour en rire ; tel le ….. Français qui prend feu pour tout, ce qui en définitif s’use le premier à rire de sa simplicité. Ceux qui auront la curiosité de voir de longs détails sur cette matière, n’auront qu’à consulter les mœurs des années 1784.85 et 86, ils y trouveront amplement de quoi se satisfaire.

LABORDE Curé de Bourrou  

voir la suite en suivant le lien Ad 24 BMS 1745/1792 Page 312/372 Voir

Transcription par Lily D.


           
Jean - Louis  Filet /  22/07/2014